Le site internet Scidevnet propose une interview à Armelle Nyobe, spécialiste en communication.
Pour Mme Nyobe, la question de la santé mentale a connu une actualité croissante avec l’émergence de la pandémie de la Covid-19. En effet, les confinements, les informations anxiogènes, la peur des interactions sociales ont généré d’énormes symptômes dépressifs (stress, anxiété, frustrations, colère, tristesse, solitude, etc.). Un peu de la même manière, il y a plus de 20 ans, l'annonce de la séropositivité à suivi le même chemin. Cette annonce était pour beaucoup de personnes comme une condamnation à mort qui venait « sanctionner une vie de dévergondage » dit la spécialiste en communication.
Mme Nyobe nous rappelle que l'ONG United for Global Mental Health a fait de la santé mentale en lien avec le VIH son cheval de bataille. Le slogan est : « there is no health without mental health » (il n’y a pas de santé sans santé mentale), avec le but que tous les projets financés par le Fonds mondial aient une composante « psychologique » dans l’accompagnement et la prise en charge des malades.
La réalité est différente. Selon un récent rapport publié le 6 octobre 2022 par l’OMS, « environ 11 personnes sur 100 000 se donnent la mort chaque année dans la région africaine, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de neuf cas de suicide pour 100 000 habitants ».
S’il est vrai que la situation s’est améliorée depuis 22 ans, il n’en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à faire.
Dit la spécialiste en communication : « Les avancées de la recherche ont permis de mettre au point des antirétroviraux, lesquels lorsqu’ils sont régulièrement pris permettent de réduire la charge virale. Ainsi réduit, le virus est indétectable dans le sang. Ce qui ne veut pas dire qu’on est guéri. Cela permet surtout de neutraliser ou d’enfermer le virus dans une cage, pour prendre une image ».
Pour terminer : « il importe d’entreprendre constamment un vaste processus de déconstruction des préjugés, fausses croyances, tabous, etc. Il faut adopter une démarche préventive exempte de jugements moraux. Ce d’autant plus que le patient est souvent déjà en proie à une autoflagellation par rapport à ce qui lui arrive. À ce sujet, la communication peut être d’un apport précieux et incontournable. En effet, c’est un défi pour les professionnels de la communication que de modifier la perception que l’on a du VIH/SIDA.20 ans plus tard, nous n’avons pas vraiment avancé sur ce front. Or comme nous l’avons montré, la perception hygiéniste et moraliste entraîne avec elle d’énormes problèmes de santé mentale. Un cercle vicieux et mortifère ».
Source : Scidevnet
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