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17.12.2021

Variant Omicron du Covid-19 et VIH : y a-t-il un lien ?

Plusieurs médias français parlent d’une «collision» du virus SARS-CoV-2 avec le VIH. Elle serait à l’origine de l’émergence du variant Omicron. Ils expliquent que selon le chercheur Tulio De Oliveira, la variant pu se développer chez des patients vivant avec le VIH. Est-ce vrai ? Nous avons fait le point avec le Dr Hugues Cordel qui travaille avec la Société Française de Lutte contre le Sida (SFLS) et le Dr Tan Darell, infectiologue au Canada. 

Attention aux raccourcis. Plusieurs quotidiens et magazines en ligne ont publié des articles sur un potentiel lien entre le virus du Covid-19 et le VIH. Dans le détail, ils reprennent l’hypothèse du chercheur qui a découvert Omicron, Tulio De Oliveira comme quoi le variant a pu se développer chez des patients vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). 

Une question d’immunodépression

La presse a établi un lien trop direct entre les deux virus. En réalité, “toutes les immunodépressions sont potentiellement créatrices de variants”, nous informe le Dr Hugues Cordel. Praticien hospitalier au Service des Maladies Infectieuses et Tropicales à l’Hôpital Avicenne de Bobigny, il a piloté le groupe de travail de la SFLS sur la vaccination contre le Covid-19. 

En effet, c’est l’immunodépression qui pourrait être responsable de l’émergence de variants du Covid-19. Et ce, que cette immunodépression soit causée par une infection au VIH mal traitée ou par un autre facteur. Ce qu’a confirmé le Dr Tan Darell, médecin infectiologue à l’hôpital Saint-Michel à Montréal au Canada, leader de la lutte contre le VIH dans le pays. Présent lors d’une webconférence organisée par Catie, la source canadienne de renseignements sur le VIH et l’hépatite C, il a rappelé que les mutations sont le résultat d’un virus intelligent qui s’adapte à son environnement. 

Aussi, comme l’explique le Dr Cordel, “les personnes immunodéprimées gardent le virus longtemps dans leur corps. Le virus est mal éliminé dû à une réponse immunitaire plus faible. Il reste longtemps dans l’arbre respiratoire. Il peut ainsi subir quelques mutations, c’est l’hypothèse.” Le médecin ajoute : “On rapporte des cas cliniques qui, 100 jours après le début de l’infection, présentaient un PCR positif. Ca ne veut pas forcément dire qu’elles étaient encore contagieuses ou malades” mais que le virus était encore présent dans leur organisme. 

L’accès aux traitements est primordial

Dans les faits, le chercheur Tulio De Oliveira et son équipe ont suivi une femme vivant avec le VIH et infectée par le virus du Covid-19. Elle n’était pas bien suivie pour son infection au VIH et était donc immunodéprimée. D’après les chercheurs, elle est restée positive pendant 216 jours. Ils ont observé treize mutations uniques et une trentaine d’altérations génétiques. Son immunodépression pourrait expliquer cela.

Premièrement, “il s’agit d’une hypothèse et non de certitudes”. Ensuite, “il s’agit là d’une personne vivant avec le VIH en Afrique du Sud. On parle d’une personne dont l’infection n’est pas contrôlée. Les personnes sous traitement et avec une charge virale indétectable éliminent rapidement le virus du Covid-19”, précise-t-il. 

Ainsi, plutôt que de mettre en avant le fait que cette femme est séropositive au VIH, il faudrait souligner un autre fait. Aujourd’hui encore, dans certains pays, des personnes vivant avec le VIH n’ont pas accès aux antirétroviraux. Ces traitements permettent d’avoir une charge virale contrôlée et donc une bonne immunité. Mais pas que. Ils empêchent la transmission du virus et offrent une espérance de vie de vie similaire aux personnes séronégatives. 

Ne stigmatisons pas les personnes vivant avec le VIH

Selon le Dr Cordel, les médias n’auraient pas autant de remue-ménage si l’immunodépression avait été expliquée par un autre virus ou un autre facteur tel que des médicaments immunodépresseurs ou une chimiothérapie. “Si le variant s’était développé chez des personnes sous chimiothérapie, elles auraient peut-être été moins stigmatisées. En tout cas, c’est mon interprétation”, déplore-t-il. De son côté, le Dr Tan Darell demande lui aussi à “ne pas pointer du doigt ou trouver un responsable à l’émergence du variant Omicron” et d’éviter les stigmatisations.

Pour le médecin français, les messages à faire passer sont les suivants : il faut vacciner tout le monde pour éviter l’émergence de variants et il faut garantir un accès aux traitements antirétroviraux partout dans le monde. Enfin, il faut “relativiser”, dit-il. “Quand on n’a pas de recul sur les informations, cela peut être dangereux. »

Sources : 

  • Interview du Dr Hugues Cordel, praticien hospitalier au Service des Maladies Infectieuses et Tropicales à l’Hôpital Avicenne à Bobigny. 
  • Webconférence de Catie “The omicron variant of COVID-19: How to keep our communities safe” organisée le 16 décembre 2021. 
  • Questions-réponses avec le Dr Tan Darell, médecin infectiologue à l’hôpital Saint-Michel à Montréal au Canada.

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