Momo ne répond pas à mon premier appel, comme son habitude. Je laisse un bref répondeur qu’il n’écoutera pas pour me rappeler trente secondes après. Il n’a pas mon contact enregistré : « Bonjour, c’est qui ? ». Il ne cache pas sa joie quand il entend ma voix, qu’il connaît bien et qu’il écoute tous les mardis depuis deux ans, lors de notre émission Vivre avec le VIH. « Je ne t’avais pas reconnu, Cristina, je reçois énormément d’appels ces jours-ci… ». Je lui dis que je suis contente qu’il soit entouré. Il me dit qu’il reçoit beaucoup d’appels des membres du Comité des familles et que ça lui fait chaud au cœur, mais aussi de sa famille et de ses amis proches.
Il a l’air de garder son moral, comme toujours. Il me confie de sortir un peu le matin et un peu l’après-midi, mais que depuis les dernières consignes il essaye de limiter ses déplacements, « je n’ai pas envie de prendre une amende ! ». Il continue, plus sérieux : « De toute façon ça ne donne même pas envie de sortir, il n’y a personne, les bars sont fermés, même pas une épaule sur laquelle taper… ». Une image surgie dans mes souvenirs, la main de Momo qui tapote mon épaule après m’avoir salué avec la bise chaque mardi lors de notre émission de radio. C’est sa manière de saluer, toujours.
Momo n’a pas de soucis pour la prise de son traitement : la pharmacienne le connaît et lui donne les médicaments même s’il a oublié l’ordonnance ou si elle est expirée. Au commencement de la diffusion du coronavirus Momo a repensé aux premières années du VIH, mais cette fois « ce n’est pas un préservatif qui va te protéger ».
Après il essaye de me réconforter, il a sûrement capté dans le ton de ma voix une pointe de découragement : « Tout va s’arranger, ils vont trouver une solution, comme toujours ! ». Notre conversation tourne à la rigolade quand il commence à me raconter qu’il finira par « s’engueuler » tout seul pour passer le temps. Notre Momo garde bien son moral en ce temps de confinement.
Nous espérons vous retrouver vite à l’antenne de notre émission pour entendre encore Momo vous saluer « bienvenue dans la radio des sans voix ! ».
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