Nino : Je suis allé à Bastille cet après-midi pour assister à un concert pour le droit de vote des étrangers. Malheureusement, le concert n’a pas commencé à l’heure et avec le mauvais temps, je n’ai pas pu assister jusqu’à la fin.
Francis : Le droit de vote des étrangers, c’est une problématique qui me concerne essentiellement pour apporter mon soutien à cette manifestation. Je suis étranger, ça se sent à mon accent. Je suis originaire du Burkina Faso, je vis en France depuis une dizaine d’années. Bien sûr j’ai demandé la naturalisation, mais ce n’est pas une raison. Le droit de vote des étrangers c’est une cause pour laquelle je milite et donc je serai de tous les combats.
Sandra : Donc aujourd’hui tu n’as pas la nationalité française ?
Francis : Pas encore. Je suis en voie de l’acquérir, mais quand bien même je l’aurais acquise, je continuerais de militer. Je suis loin de penser qu’à moi. Je suis militant associatif et puis tous les jours c’est des nouveaux étrangers qui arrivent, tous les jours les étrangers sont confrontés à des tas de problématiques. Il ne faut pas croiser les bras, il faut continuer de militer, il faut continuer de soutenir les primo arrivant afin de faciliter, du moins de les aider dans leur intégration.
En fait personnellement la politique ce n’est pas trop mon truc, mais dans le principe il n’y a pas de raison qu’un étranger puisse travailler, payer des impôts et qu’il n’ait pas de mots à dire. C’est aberrant.
Daniel : Alors pas du tout. Je ne suis pas étranger puisque je suis né à Paris et que j’ai des origines, mais des départements d’outre-mer. Donc je n’ai pas ce problème. Je n’ai d’ailleurs pas vraiment suivi le dossier depuis qu’on en parle, mais en revanche j’apporte mon soutien à ces gens puisque, comme le disait Francis, je trouve que c’est un petit peu dommage de ne pas pouvoir participer à l’effort d’un pays quand on y vit depuis un certain temps. Donner le droit de vote aux étrangers, c’est donner le droit de parole à ceux qui veulent bien l’utiliser. Toutes les personnes étrangères ne vont pas se mettre à voter, mais ceux qui vraiment se sentent concernés par ce droit.
Nino : Je me sens concerné parce que je suis étranger d’abord pour commencer. C’est une idée que j’ai soutenue du candidat Hollande lors de sa campagne. Moi je trouve qu’il a raison de faire voter les étrangers. Nous vivons en France presque à 80%. Notre vie est en France. Il est bien vrai que nous sommes étrangers avec nos familles. Nous travaillons en France, nous payons nos impôts et c’est normal que nous donnions aussi notre point de vue sur la vie politique. C’est tout ce que nous demandons et ça va aussi faciliter l’intégration de pas mal d’étrangers. C’est quelque chose que moi je soutiens à fond. Je passe tout mon temps en France, je vis en France, je travaille en France à 80% parce que je pars en Afrique peut-être pour 2 semaines, 3 semaines. Donc à 80% je passe tout mon temps en France.
Francis : Je vais en vacances en Afrique une fois tous les deux ou trois ans juste pour un mois, c’est tout. Tout le reste du temps, je vis et je travaille ici. Donc du coup les différentes questions, les différentes problématiques ici me concernent. Du coup, que la France offre ce droit oui, pourquoi pas. Moi je suis né en Afrique, mais s’il vous plaît, mon acte de naissance je suis né sur un territoire français en fait. Aujourd’hui je ne demande en réalité que ma réintégration. Mon pays a été indépendant dans les années 60, moi je suis né dans les années 50 et poussière. Donc bien avant l’indépendance. Sur mon acte de naissance, c’est mis territoire français. Je suis né en Afrique occidentale française. Donc du coup la France offre aux étrangers, aux étrangers, bon. Je pense qu’il faut relativiser la notion d’étrangers parce qu’au jour d’aujourd’hui il y a des Français qui vivent chez moi et qui ont la nationalité de mon pays et qui participent. Ce n’est qu’une question de réciprocité, ce n’est qu’une question de logique. Donc il faut relativiser et je crois à cette question des étrangers. Quelque part, on est tous plus ou moins étrangers.
Sandra : En avril 2012, un mois avant son élection François Hollande a dit ceci « Je considère que ces personnes qui sont sur notre territoire depuis longtemps qui payent des impôts locaux doivent pouvoir participer au scrutin municipal. Ça existe d’ailleurs dans la plupart des pays européens. Je soumettrai donc cette proposition au parlement.
En 2012, lors des élections présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre, a promis qu’il y aurait un projet de loi en 2013.
Daniel : Si j’étais Président, je pense que je serais très bas dans les sondages (rires). Ah oui ! J’aurais tellement pris de décisions en faveur du peuple qu’à un moment donné ça aurait forcément bloqué quelque part.
Il faut arrêter quand même avec les stéréotypes, toutes les idées des personnes immigrées, je pense que les Français restent beaucoup sur l’idée que, quelqu’un arrive de l’étranger pour profiter des aides qu’on peut donner en France etc. Mais si on s’intéresse vraiment à ces gens et qu’on voit comment ils vivent, on se rend compte très vite que ce n’est pas le cas puisque la plupart cherchent activement du travail, mais ont du mal à en trouver parce que justement, ils sont victimes de ces préjugés. Certains font des études assez longues et du coup se retrouvent surdiplômés, mais ne sont pas embauchés parce qu’ils sont étrangers. Donc finalement, si on regarde le bon côté de la question, c’est des gens qui participent réellement à l’effort du pays et qui méritent qu’on les considère comme tels. S’ils vivent en France depuis un certain temps, qu’ils participent, qu’ils sont directement concernés par les problèmes de l’endroit où ils vivent, forcément ils ont le droit de dire, de porter leur vote comme tout le monde, comme tous les Français.
Francis : Et puis, pour rebondir à ce que Daniel disait tout à l’heure, j’ai entendu quelqu’un dire cette belle phrase que je voudrai répéter. L’étranger en fait n’est pas un problème pour la France, l’étranger est plutôt une solution pour la France. A partir de ce moment-là, il n’est plus question de, aller chipoter, titiller sur droit aux municipales, droit aux locales, vote à la présidentielle, vote ceci. C’est comme ci on distillait un peu ces droits au lieu de donner ça un peu au compte-goutte et puis en fonction de ci, non ! Faut lui accorder tous les droits et puis point barre, qu’on n’en parle plus. Faut arrêter de voir l’étranger comme un problème. L’étranger, je pense est plutôt une solution.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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