Dans cet épisode de SOUS/CONDITION, une série de podcast traitant d’inégalités sociales, où France Lert revient notamment sur les résultats de l’étude VESPA nous allons tenter de mieux comprendre ce qu’est l’intersectionnalité dans la lutte contre les inégalités.
France Lert est sociologue, économiste et épidémiologiste. Elle est actuellement présidente de l’association Vers Paris sans sida, une association de lutte contre le VIH. Sa contribution dans l’enquête Vespa permet de comprendre le parcours et le quotidien des personnes vivant avec le VIH.
Quand on parle d’inégalités sociales de santé, on reconnaît que l’accès aux soins est inégal en fonction du statut social. En fonction de son origine ethnique et/ou sociale, un individu peut-être confronté à des inégalités. Notamment dans le domaine de la santé.
Pour France Lert, les personnes vivant avec le VIH constituent une population intéressante pour comprendre l’intersectionnalité.
En effet, parmi les personnes vivant avec le VIH, beaucoup appartiennent à différents groupes dit « minoritaires » de la population comme par exemple les travailleurs du sexe, les personnes migrantes, ou encore la communauté LGBTQI.
Pour la première fois depuis 2003, cette enquête permet de dresser un tableau détaillé des conditions de vie des personnes qui vivent avec le VIH en France.
Les principaux enseignements de cette étude sont les conditions de vie pour l’enquête de 2003. La seconde enquête, plus récente, de 2011, traitait des relations sociales et la question d’isolement pour les PPVIH.
La question de l’insertion sociale est importante dans la recherche contre les inégalités sociales de santé. Les personnes qui vivent avec le VIH ont d’ailleurs des conditions de vie plus difficiles que la population générale et plus particulièrement pour les personnes issues de l’immigration pour qui le rapport à l’emploi est de l’ordre de la survie ce qui leur laisse peu de chance d’évolution professionnelle et donc d’ascension sociale.
Toujours dans l’étude Vespa, on nous montre que ce sont les femmes qui sont les plus discriminées.
Les personnes vivant avec le VIH sont victimes d’une discrimination due à leur situation : la sérophobie qui est le fait de rejeter une personne pour son statut sérologique. Comme l’explique France Lert, la discrimination sérophobe est au même titre que la discrimination ethno-raciale sauf qu’elle s’inscrit dans les phénomènes de domination, elle a une existence indépendante et autonome.
L’étude Vespa de 2011 met en lumière la question du soutien et du réseau social pour les malades chroniques. Quand une personne est touchée par une maladie chronique, la question du réseau social et du soutien matériel et psychologique est très importante.
Ainsi, les individus avec un réseau le plus dense sont les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH). À contrario, les femmes et les couples hétérosexuels issus de l’immigration sont les plus isolés.
Les raisons de cet isolement sont la peur de divulguer leur séropositivité à leur entourage, ou par simple tabou.
Grâce à cette étude, nous pouvons aborder des questions importantes pour les personnes qui vivent avec le VIH. Dans la question de l’isolement, les associations jouent un rôle crucial. Elles apportent en effet un soutien en créant un réseau autour des personnes le plus isolées, en particulier les femmes. C’est d’ailleurs ce que nous pouvons constater au travers des personnes que nous accompagnons au Comité des Familes.
On y apprend que les femmes d’origines africaines représentent 2/3 des femmes atteintes par le VIH. Pour France Lert, cette situation s’explique par les difficultés que traversent les femmes en arrivant en France. Les difficultés d’accès au logement, l’isolement et le fait de trouver un emploi sont des facteurs les poussant à se retrouver dans une situation de précarité.
Alors, que faut-il faire pour lutter contre les inégalités sociales de santé ? Pour France Lert, la politique est la seule solution pour lutter contre les inégalités. Une politique où les populations des différents groupes sociaux participent activement. Cette mobilisation de masse permettra une mise en valeur de la diversité dont la société française fait aujourd’hui preuve et qui est d’ailleurs nié.
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