La conclusion d'une simulation indique le grave impact que l'arrêt ou la cessation du programme américain PEPFAR aura sur l'épidémie de VIH en Afrique de l'Ouest. C'est ce qui a été présenté lors des journées scientifiques de l'ANRS-MIE, avec des résultats préliminaires. Les résultats sont particulièrement préoccupants pour le Sénégal et la Côte d'Ivoire.
L'épidémie de VIH/Sida va reprendre, que l'assistance américaine fournie par le PEPFAR soit mise en pause pour trois mois ou arrêtée de manière définitive. Les graphiques exposés par Romain Silhol, épidémiologiste à l’Imperial College de Londres, montrent une montée en Côte d'Ivoire et au Sénégal, tandis qu'au Mali, la baisse de l'épidémie est interrompue. Différents modèles mathématiques sont utilisés pour évaluer les impacts de l'arrêt ou du gel des financements américains sur ces trois pays de l'Afrique de l'Ouest.
D'après les conclusions provisoires de cette recherche, c'est la Côte d'Ivoire qui subit le plus grand impact. En tant que premier pays francophone à bénéficier du PEPFAR, il reste fortement tributaire des financements américains (qui représentent approximativement 60% du budget national de lutte contre le VIH) : si l'on venait à se retirer complètement du bailleur étatsunien, les prévisions estiment à 140 000 le nombre de nouvelles infections (+126 %) et 50 000 (+50 %) les décès additionnels d'ici 2034, comparé à ce qui se produirait avec la continuité du programme d'assistance.
« Si on baisse, même provisoirement, les actions de prévention, de diagnostic et même un peu les traitements, cela entraîne des transmissions qui elles même vont en entraîner d’autres, surtout que si l’arrêt peut être immédiat, la reprise elle prend du temps », explique Romain Silhol.
D'après les simulations, l'épidémie au Sénégal pourrait reprendre rapidement si le PEPFAR se retire, entraînant plus de 10 000 nouvelles contaminations (+56 %) et environ +3 000 morts supplémentaires (+31 %), toujours pour la période 2025-2034. Une interruption d'un trimestre, suivie d'une reprise en douceur, entraînerait environ mille infections et trois cents décès.
Dans le cadre de l'étude menée sur le Mali, troisième pays d'Afrique de l'Ouest, il apparaîtrait que le départ du bailleur conduirait à la cessation de la baisse du VIH (+6000 nouvelles infections, +3.000 décès).
Dans ces trois pays, qui ne sont pourtant pas les plus affectés par le VIH en Afrique, 56 000 personnes supplémentaires risquent de perdre la vie. Comme si des villes telles que Bayonne ou Vannes avaient disparu de la carte en l'espace d'une décennie.
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