Sandra : Je vais vous faire écouter un petit son, écoutez ça !
Diffusion d’un extrait du titre “Euroïna” de Colo2S
Sandra : Pourquoi je vous fais écouter ça ? Parce que j’ai eu l’occasion de le rencontrer lors d’une séance de témoignages de personnes vivant avec le VIH à Conflans. Son nom d’artiste c’est Colo2S. Son vrai prénom c’est Anthony. J’ai eu le plaisir de l’interviewer ensuite puisqu’il avait écouté les témoignages de Yann, Bruno et Nathalie, qui ont parlé de leur vie avec le VIH. Je vous propose d’écouter l’interview et on en discute après.
Début de l’enregistrement
Colo2S : Moi, c’est Anthony, mon nom d’artiste c’est Colo2S. J’ai commencé la musique assez jeune. J’ai essayé de faire mes marques, et voilà, je continue, en espérant un jour peut-être émerger.
Sandra : Tu as quel âge ?
Colo2S : J’ai 22 ans.
Sandra : Tout à l’heure, tu as chanté en créole, c’est ça ?
Colo2S : Oui.
Sandra : Créole martiniquais, guadeloupéen ?
Colo2S : Créole martiniquais, c’est un peu un mélange des deux. Parfois, quand on écrit, on mélange un peu les deux.
Sandra : Ok. Aujourd’hui tu as pu écouter 3 témoignages de personnes qui sont concernés par le VIH. Deux séropositives et une personne séronégative mais qui vit en couple avec une personne séropositive. As-tu appris des choses aujourd’hui sur le VIH ?
Colo2S : En fait, pas vraiment, parce que comme je viens des Antilles, c’est beaucoup répandu aux Antilles quand même, il y a beaucoup de gens qui sont atteints du sida, donc bon, ce n’était pas nouveau pour moi mais ça m’a quand même touché de voir qu’en France aussi ça, quand même, ça a de l’ampleur quoi.
Sandra : Aux Antilles, tu dis qu’il y a beaucoup de personnes qui sont touchées, est-ce que c’est facile d’en parler aux Antilles ?
Colo2S : Non, pas du tout. Justement, il y en a beaucoup qui camouflent ça. C’est comme une honte pour eux. Ils n’arrivent pas vraiment à en parler. Moi je pense que le mieux, c’est d’en parler quand même, pour se dépister et pour ne pas répandre la maladie.
Sandra : T’as déjà fait un test de dépistage ?
Colo2S : Non, jamais.
Sandra : Ah bah alors !? (rires)
Colo2S : C’est vrai que je suis mal placé. Je pense que je ne vais pas tarder, après les témoignages, je pense que je ne vais pas tarder.
Sandra : Ok. Est-ce que tu sais que des personnes séropositives peuvent avoir des enfants sans qu’ils soient infectés par le VIH ? Est-ce que tu le savais avant d’entendre les témoignages ?
Colo2S : Non, pas du tout. Je n’étais pas au courant.
Sandra : Bah voilà. C’est possible, grâce au traitement. C’est le traitement qui va protéger le bébé d’une contamination. Est-ce que tu as compris ce que c’est une charge virale indétectable ?
Colo2S : Non, pas du tout.
Sandra : Je t’explique. La personne séropositive prend son traitement. Du coup ça va diminuer le taux de virus qu’il y a dans le sang et du coup le virus va devenir indétectable. Ca veut dire qu’on ne peut pas le détecter et que lors d’une relation sexuelle par exemple, la personne séropositive ne va pas transmettre le VIH. Le traitement permet d’avoir des relations sexuelles sans préservatif. C’est une décision de couple, vous êtes en couple depuis longtemps, et donc on décide de ne plus mettre le préservatif, grâce aux traitements, on peut avoir des relations sexuelles sans préservatif, c’est pour ça aussi qu’on peut faire des bébés non infectés par le VIH.
Colo2S : D’accord. Donc, lorsqu’on a fait le traitement, là on peut plus être atteint par la maladie.
Sandra : Ce n’est pas qu’on n’est plus atteint. Le virus est toujours là, c’est juste qu’il dort dans le corps. Et donc, on n’est plus contaminant. Mais sinon, le virus est toujours là. Il suffit qu’on arrête de prendre le traitement, le virus va se réveiller et il va commencer à attaquer de nouveau le système immunitaire du corps. C’est pour ça que les personnes séropositives sont obligés de prendre le traitement à vie. Pour l’instant, c’est comme ça.
Colo2S : Ok. Bah, j’ai appris quelque chose ce soir, parce que je n’étais pas au courant.
Sandra : Peux-tu nous parler un peu de ta musique, ce que tu fais, le style ?
Colo2S : Moi, je suis plus dans le rap, tout ce qui touche à l’esclavage quand même, qui touche à l’injustice, ça me marque beaucoup. J’écris des textes surtout sur ça, sur les discriminations raciales et voilà. Comme j’écoute beaucoup du 2PAC, tout ça, leur textes sont ciblés sur ça, ça m’influence un peu.
Sandra : Aujourd’hui en plus c’est le 2 décembre, c’est la journée qui commémore l’abolition de l’esclavage. Tu as fait quelque chose en particulier ?
Colo2S : Ah oui, moi je suis toujours présent lorsqu’il y a des manifestations de ce genre. Je suis toujours présent.
Sandra : Ok. Est-ce qu’on peut écouter tes musiques en quelque part ?
Colo2S : Oui, vous pouvez aller sur Youtube. Taper Colo2S, vous allez trouver.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Colo2S au micro de l’émission Vivre avec le VIH, qui a assisté de loin je dirai, à la séance de témoignages de Yann, Bruno et Nathalie, puisque, je pense que comme il était en train de préparer sa musique, peut-être qu’il n’était pas très attentif aux témoignages. Et puis surtout il se disait peut-être, je connais le VIH, je n’ai pas besoin d’être attentif. Finalement, il a une vingtaine d’années, il a des choses à apprendre sur le VIH. Que pensez-vous des propos d’Anthony ?
Christian : Finalement, il s’est avéré qu’il n’en savait pas grand-chose. C’est vrai qu’à son âge, il est encore très jeune, c’est un gamin, quand j’étais aussi tout petit comme lui, c’est sûr, je n’avais pas encore entendu parlé du VIH. Je suis sûr qu’en ce temps-là, je n’aurais pas fait mon test. Mais je l’invite à faire son test, on ne sait jamais. C’est mieux de connaitre sa situation. C’est un très bon chanteur, j’écoute seulement le beat et les paroles, je crois qu’il chante bien, mais tu tardes à nous amener sur ce beau plateau Kerry James (rires).
Sandra : Merci pour le message (rires). Mohamed, quelque chose à rajouter ?
Mohamed : Non, je trouve ça très bien. Ca fait plaisir de voir ça. A la fois il a de belles paroles et une bonne mélodie. Je suis d’autant plus surpris, c’est qu’il s’intéresse au VIH et que malgré qu’il ait un manque de connaissances, il veut savoir, il veut comprendre, et comme ça au moins, il sait pourquoi il est là. S’il lui aussi il peut faire passer le message à ceux de cette tranche d’âge, ce sera toujours bénéfique, parce qu’on oublie de rappeler que, là il n’y a pas longtemps c’était le 1er décembre, il y avait toujours pas mal de monde infectés par le virus du VIH et qui ne le savaient pas. Donc c’est bien que la prévention continue.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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