Une étude conjointe des chercheurs de l’université de Louvain en Belgique et de l’institut de médecine tropical Pedro Kouri, de La Havane, a révélé la découverte d’une nouvelle souche mutante du VIH très agressive à Cuba, appelée CRF19. L’étude publiée dans la revue de médecine, EBiomedecine, a été repérée par le Miami Herald.
L’étude porte sur 95 patients. Les chercheurs ont analysé le sang de 73 patients récemment infectés par le VIH. Ils ont ensuite comparé avec les échantillons provenant de 22 patients ayant déclaré la maladie plus de 3 ans après leur contamination au VIH.
Il est ressorti que tous les patients touchés par cette nouvelle souche ont déclaré le Sida moins de 3 ans après avoir contracté le virus alors que les autres patients l’ont contracté au bout de 6 à 10 ans.
«La progression étonnamment rapide de cette variante du VIH augmente le risque que les patients deviennent très malades avant même se rendre compte qu’ils sont infectés» expliquent les auteurs de l’étude. Cette nouvelle variante, liée à une recombinaison de souches courantes, toucherait de 17 à 19 % des patients cubains infectés par le VIH selon l’étude.
De plus, ces souches mutantes mettent encore en cause les chances de parvenir à l’élaboration d’un vaccin, par leur forte résistance aux traitements.
Mais le Dr Hector Bolivar, spécialiste des maladies infectieuses à l’Ecole de médecine Miller de Miami reste prudent sur les conclusions à donner après ces résultats car le nombre de patients étudiés serait trop faible pour permettre des conclusions générales.
Le Dr Christine Rouzioux, chef du service virologie de l’hôpital Necker, remet également en cause le caractère nouveau de cette découverte. «Cette souche n’est pas nouvelle, elle existe depuis 1980 à Cuba», explique-t-elle. Pour elle, il ne «s’agit pas d’une nouvelle épidémie ni d’un nouveau virus» mais les conditions de vie et la situation particulière de Cuba seraient en grande partie responsable de l’importance des nouveaux cas de contamination sur l’Ile.
Cette découverte coïncide avec une recrudescence des cas de contamination au VIH à Cuba. Cependant d’autres facteurs pourraient contribuer à la progression du virus sur cette île : en effet, Cuba connaît par ailleurs une pénurie de préservatifs dans les pharmacies et la présence de maladies opportunistes du fait de la présence du Sida.
Pour d’autres scientifiques, le risque de propagation de cette variante du VIH est réel. « C’est sûr qu’il y a un risque que la souche quitte les Caraïbes et se propage en Amérique. Les gens doivent être conscients que le risque existe à Cuba, mais il existe aussi à Montréal, Haïti ou ailleurs. En fait, c’est le comportement qui est à risque. » Estime le DR Routy, virologue et spécialiste du VIH à l’université Mc Gill, au Québec.
Mais selon Christine Rouzioux, à nouveau, « Il n’y a aucune raison d’alerter sur des données relativement fragiles» explique-t-elle lors d’une interview au journal La Dépêche. «Il faut savoir qu’il n’y a pas ou très peu de ces souches ailleurs. Ces virus sont en effet localisés quasi uniquement à Cuba et ont peu de risque de s’étendre rapidement. Le risque très élevé de propagation est incertain».
En novembre 2013, une autre souche agressive avait été découverte en 2013 en Guinée-Bissau. Il s’agissait d’une souche recombinante provoquant un développement plus rapide de la maladie découverte par des chercheurs suédois de l’université de Lund. Il existe plus de 60 souches épidémiques de VIH-1 dans le monde. Les services de santé guinéens, tirent leçon de cette étude que les résultats de cette recherche signifient un besoin de prise de conscience sur la virulence de certaines formes du virus par rapport aux autres.
Article écrit par Joëlle Hist
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