Sandra : De retour à l’émission Vivre avec le VIH, nous sommes avec Christian, Mohamed et moi-même Sandra. Et là maintenant, nous allons parler prévention auprès des jeunes futurs médecins. Souvenez-vous, nous avons un projet au Comité des familles qui s’appelle le projet Madeleine Amarouche. Qu’est-ce que c’est ? C’est en fait des personnes séropositives qui vont témoigner de leur vie avec le VIH devant des jeunes, des collégiens, des lycéens ou des étudiants en fac. Et figurez-vous que les futurs médecins ont besoin d’entendre ce que c’est vraiment la vie avec le VIH. Je vous propose d’écouter 2 jeunes étudiants de la fac de médecine de St Quentin-en-Yvelines et on discute après.
Début de l’enregistrement.
Alexandre : J’ai 21 ans, je suis étudiant en 2ème année de médecine à la fac de St Quentin-en-Yvelines.
Raresh : Moi c’est pareil, j’ai 20 ans et je suis aussi étudiant dans la même promo qu’Alexandre.
Sandra : Aujourd’hui, vous venez d’entendre trois beaux témoignages de personnes séropositives. Avant d’entendre ces témoignages, quelle était votre vision du VIH ?
Alexandre : J’avais une vision un peu comme les gens qu’on peut croiser au quotidien, le grand public. On est un peu informé, je m’étais aussi renseigné de mon côté et après c’est vrai qu’avoir le témoignage de quelqu’un qui vit au quotidien, c’est quelque chose qu’on n’a pas l’habitude d’entendre, c’est quelque chose d’enrichissant et ça permet d’humaniser un peu la maladie. On entend beaucoup dans les médias, on ne sait pas forcément à quoi ça correspond, on entend beaucoup d’horreur. Quand on a les personnes en face de soi, c’est vrai que ça change totalement je trouve. C’est vraiment enrichissant de les entendre parler, ça donne envie de les voir pour poser des questions, pour en apprendre plus, de mon côté de me renseigner encore plus pour ne pas véhiculer de fausse information.
Raresh : Je vais rejoindre ce que disait Alexandre. C’est vrai qu’on a une image qui nous est donnée par notre cursus ou alors par notre entourage, par ce que les autres gens pensent ou peuvent penser. Moi, j’avais écouté une émission, c’était à la radio, avec des témoignages mais c’était rapide, je crois que c’était une dizaine ou quinzaine de minutes. C’est vrai que ça m’a permis de découvrir en fait le quotidien, ce que vivent ces gens tous les jours, dédramatiser un peu en fait parce que je pensais que ces gens vivaient beaucoup plus difficilement en fait, même s’il reste cette ségrégation. Parfois, quand les gens ne sont pas informés, il y a cette peur en fait. On sait qu’on ne peut pas être contaminé mais il y a quand même cette peur que les gens peuvent avoir envers des gens qui peuvent être séropositif. Je pense que ce genre de conférence aide à prendre conscience de ce que c’est vraiment le VIH et comme dans nos pratiques futures, vu qu’on va être souvent confronté à ça, je pense que ça peut être très important et très enrichissant comme expérience. En tout cas, c’est ce que j’en ai retenu aujourd’hui.
Alexandre : C’est le manque d’information qui véhicule la peur des gens je pense. Les gens ne sont pas très bien informés, ils s’imaginent des choses, la plupart des temps fausses.
Sandra : Connaissez-vous les modes de transmission du VIH ?
Alexandre : Transmission sexuelle, après tout ce qui est transfusion sanguine, mais ça aujourd’hui normalement les poches de sang sont contrôlées je crois.
Sandra : Oui, en France en tout cas.
Alexandre : Ca n’a pas été le cas au début mais maintenant c’est le cas. Après, tout ce qui est toxicomanie.
Sandra : Les échanges de seringue.
Alexandre : Même si maintenant, comme disait Yann, il y a des mesures qui ont été prises pour justement essayer de limiter ça. Limiter cette prise de drogue un peu sale, si on peut dire ça comme ça, avec les salles de shoot et les kit. Mais après…
Sandra : Il en manque un.
Alexandre : La transmission mère-enfant.
Sandra : Voilà, c’est ça.
Raresh : J’avais appris que par la salive ce n’est pas possible, je crois que c’est plusieurs litres, ce n’est pas quelque chose qui est possible et qu’il ne faut pas avoir peur….
Sandra : Non, par la salive ce n’est pas du tout possible.
Raresh : Voilà, c’est juste sexuel et par le sang…
Alexandre : La population générale n’est pas forcément au courant de ça.
Sandra : Savez-vous qu’une personne séropositive bien traitée, qui prend son traitement et donc qui a une charge virale indétectable depuis plus de 6 mois ne transmet pas le VIH ?
Alexandre : Ca, je ne le savais pas du tout. Je l’ai appris aujourd’hui.
Raresh : Sexuellement…
Sandra : Oui donc, une personne séropositive qui prend son traitement, du coup sa charge virale devient indétectable et si cette charge virale est indétectable depuis plus de 6 mois, la personne, lors de rapports sexuels ne va pas transmettre. En fait, c’est un rapport sexuel protégé par les traitements.
Alexandre : Ca, je ne savais pas du tout. Je pensais qu’une fois qu’on était infecté et qu’on avait la charge virale justement, que VIH dans notre corps, la transmission était possible quelque soit la prise de traitement ou pas. Là c’est vrai de savoir que dès lors que la charge virale devient indétectable, on n’est plus transmetteur, c’est… ouais.
Sandra : Il faut aussi qu’il y ait une autre condition, c’est qu’il faut que la personne séronégative n’ait pas d’autre infection sexuellement transmissible, type herpès, chlamydia, chose comme ça.
Vous avez des frères et soeurs ou pas ?
Alexandre : Un petit frère de 16 ans.
Raresh : Je n’ai pas de frère et soeur.
Sandra : Bah… tu as des amis en tout cas ou des cousins, cousines, je ne sais pas.
Raresh : Oui, bien sûr.
Sandra : Si jamais ton frère t’annonce sa séropositivité, quelle serait ta première réaction ?
Alexandre : Déjà, une surprise. Forcément, ce n’est pas une annonce anodine. Peut-être un petit choc quand même. On sait qu’ils ne sont pas condamnés, loin de là, mais c’est vrai que ça implique un traitement à vie, avec des contrôles médicaux, une certaine rigueur par rapport à sa santé. Donc c’est vrai que la première réaction, ce serait un étonnement mais après une volonté d’accompagnement, montrer que ce n’est pas une condamnation en soi, qu’on est là pour lui. En tant que futurs médecins, on se doit d’être informés, de montrer que la vie continue, garder le sourire et qu’avoir une vie normale, c’est possible, avoir des enfants, une vie affective et tout. Même si sur le moment ce n’est pas évident du tout, il faut essayer de rebondir pour le futur.
Raresh : Je serai bien sûr étonné. Dans mon entourage, je ne connais pas personnellement de gens séropositif. Je serai premièrement étonné. Je pense que la première chose que j’essaierai de faire c’est d’écouter ce qu’elle a dire, ses craintes, ce qu’elle ressent. Je pense que si elle vient de recevoir le diagnostic, elle est forcément dans un état de choc ou elle ne sait pas ce qui va lui arriver. Essayer d’informer par rapport à ce que je sais moi. Voir ce qu’elle sait, pour justement essayer de corriger des informations qui sont erronées, qui sont fausses, etc. Après, sur la longue durée, essayer de l’accompagner dans sa maladie et lui expliquer, comme disait Alexandre, ce n’est pas une fin en soi. Il y a 30 ans, il n’y avait pas de traitement à ça. Maintenant aujourd’hui, on est sur la bonne voie pour trouver quelque chose, là, on a la trithérapie, je pense que peut-être dans les années à venir, on va trouver quelque chose d’encore plus efficace qui va permettre à ces gens-là de vivre plus ou moins normalement, comme le reste de la population.
Sandra : Pourquoi vous êtes venu ici écouter les témoignages ? Est-ce que c’était pour… peut-être pas rater des cours parce que bon, à la fac, ce n’est pas comme ça, mais pourquoi vous vous êtes dit, je vais y aller ?
Alexandre : Personnellement, je suis un grand fan de Freddie Mercury. Je pense que la plupart des gens savent qu’il est décédé à cause de son sida. Du coup, je me suis pas mal renseigné sur sa vie et sur le sida en parallèle. Et quand au début de l’année, quand on a eu l’occasion de devenir chef de projet de ce Sidaction d’événement à la fac, avec Antoine que vous avez vu tout à l’heure, je me suis dit, on va faire ça, pourquoi pas. J’étais vraiment motivé, un peu dans ma tête pour Freddie Mercury même s’il n’est plus là et je trouvais ça super intéressant de me renseigner parce qu’on n’est jamais au courant de tout ce qui se passe. Vraiment avoir un témoignage de personne, c’est différent de lire des articles sur Internet, c’est vraiment top et je ne regrette pas du tout d’être venu.
Raresh : Moi, j’ai su il n’y a pas si longtemps qu’il y avait une réunion et je me suis dit qu’au lieu de faire autre chose, réviser ou je ne sais pas ce que j’aurai pu faire, je me suis dit que c’était quand même un moment où des gens peuvent venir nous raconter leur vraie vie, quelque chose auquel où on n’est pas confronté tous les jours. C’est-à-dire que dans notre cursus, on va bien apprendre des choses sur le VIH, des choses sur le déroulement biologique, etc. Mais, être confronté à des gens et qui nous partagent leurs expériences avec leur vécu, c’est quelque chose qui n’a pas vraiment de valeur et qui ne peut pas être mesuré en fait. Peu importe combien de temps de ça dure, c’est quelque chose qui va nous enrichir en fait personnellement et dans notre pratique. Comme disait Alexandre, je ne regrette pas du tout. C’était un moment très agréable et très enrichissant.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Mohamed et Christian, que pensez-vous des propos de ces jeunes futurs médecins ?
Mohamed : Je trouve que c’est bien, il y a de l’amélioration. Ces étudiants sont assez consciencieux. Assez conscients que la maladie est un fléau assez lourd et que malgré les progrès, il faut toujours rester vigilants. Je leur tire mon chapeau. Ils sont attentionnés à la prévention et aux conséquences. Je trouve que c’est très bien ce qu’ils font et qu’ils passent le message à leur camarade.
Christian : Moi, j’admire vraiment l’esprit avide et l’humilité. On comprend le souci que ces différentes personnes ont, de comprendre, de savoir, un certain nombre de chose concernant le VIH. L’auditeur lambda et beaucoup d’entre nous encore, on ne peut pas s’imaginer que dans le corps médical, il y ait encore des personnes qui lorsqu’ils voient une personne vivante séropositive ne connaissent rien. C’est impossible de le croire et pourtant c’est vrai. Et voilà des jeunes qui vont devenir des médecins, des infirmiers et autres, qui sont à la recherche, qui vont au contact. Ici en Europe, j’aurai vraiment beaucoup vu de choses. Les gens veulent connaitre, ils ne veulent pas rester dans un mutisme que non voilà, je suis à l’école, je suis médecin, je vais sortir docteur et je connais tout, je maîtrise. Non. Ceux-là, ils vous disent qu’ils ne savaient pas, ils sont beaucoup comme ça avec beaucoup d’humilité, ils sont à la recherche, ils vont voir, écouter des témoignages. Quand tu as posé la question par rapport à la charge virale, eux ils ne savaient même pas qu’une personne infectée ayant une charge virale indétectable depuis 6 mois ne peut pas contaminer. Eux, ils savaient, comme beaucoup d’autres, qu’une fois séropositif, c’est la mort assurée, tu peux propager le mal partout. Vraiment, ça c’est bien. Je suis content d’écouter des témoignages comme ça.
Sandra : Et nous arrivons à la fin de notre émission, merci de nous avoir suivi chers auditeurs et auditrices.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :