Dépistage ciblé pour gagner contre le VIH

La confirmation arrive d'Espagne : quand le dépistage est ciblé, les diagnostics augmentent. L'analyse a été conduite sur les données de 34 services d’urgence en Espagne dans lesquels avait été mis en place un système de test ciblé. Résultat : le nombre de diagnostics du VIH a plus que triplé.

Le chercheur Dr Juan González del Castillo, chef du groupe des maladies infectieuses de la Société espagnole de médecine d’urgence (SEMES) :

Le diagnostic précoce est essentiel pour éviter la propagation de l’infection par le VIH et améliorer le pronostic des patients, mais les taux d’infections non diagnostiquées et diagnostiquées tardivement sont encore élevés. On estime que 20 % des personnes infectées dans le monde ne savent pas qu’elles vivent avec le VIH et les taux de diagnostic tardif sont proches de 50 % dans le monde développé. En Espagne, ce chiffre est de 48 %.

Le dépistage du VIH dans les services d’urgence des hôpitaux pourrait augmenter le nombre de diagnostics et permettre de détecter plus tôt plus de cas. 

Les personnes se rendant aux urgences pour une infection transmissible sexuellement (ITS), ou pour le syndrome mononucléosique (MN), ou le virus de l’herpès zoster (HZ), la pneumonie communautaire (PAC), la pratique du chemsex (CS) ou pour la prophylaxie post-exposition (PrEP), se voyaient proposer le dépistage du VIH.

Le nombre de tests de dépistage du VIH commandés aux urgences est passé de 7 080 à 13 436 et le nombre de diagnostics de VIH a plus que triplé, passant de 65 à 224. Il s'agit d'une augmentation de 220 % si l'on considère les chiffres de fréquentation des urgences. Le taux de tests positifs est passé de 0,92 % à 1,67 %.

Le Dr González del Castillo continue :

Nous espérons vraiment que ce programme inversera la tendance à la baisse des diagnostics de VIH en Espagne et réduira la propagation du VIH et les taux élevés de diagnostic tardif.

Les services d’urgence pourraient jouer un rôle crucial dans le diagnostic du VIH. Nous savons, grâce à des recherches antérieures, qu’une occasion manquée sur trois de diagnostiquer le VIH se produit aux services d’urgence et nous savons également que pour de nombreuses personnes, leur service d’urgence est leur seul point de contact avec le système de santé. L’augmentation des taux de diagnostic et de diagnostic précoce n’a pas seulement d’énormes implications pour la santé des individus et la santé publique, cela serait également rentable.

Ce point est confirmé dans une récente évaluation selon laquelle un dépistage systématique et un diagnostic précoce permettraient au système de santé de réaliser des économies potentielles de 4 411 millions d’euros en 20 ans.

Source : Ma Clinique