Trop peu des personnes éligibles à la prophylaxie pré-exposition la prennent pour éviter les contaminations au VIH. C’est en tous cas ce que montre le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, publié le 25 janvier.
Malgré le fait que les populations éligibles à la PrEP ont connaissance de l’existence de ce traitement et qu’elles savent qu’il est efficace, seulement une minorité de ces personnes y adhèrent. Voilà le constat que fait le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France, publié le 25 janvier.
Introduite en France en 2016, la prophylaxie pré-exposition ou PrEP est un traitement médicamenteux. Il permet de diminuer de plus de 90 % le risque d’infection par le VIH. Il convient aux personnes les plus exposées par le virus et qui sont séronégatives. C’est le cas des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et des personnes transgenres.
Pour leur enquête, les auteurs ont cherché à savoir ce qui permet d’adhérer à la PrEP et ce qui ne le permet pas. Ils ont regardé cela parmi les participants au Net Gay Baromètre (NGB) 2018. Ce baromètre s’intéresse à la santé et les modes de vie des hommes gays, bisexuels et des personnes transgenres.
L’édition de 2018 a réuni 10 853 répondants. Près de 39% étaient éligibles à la PrEP en France en 2018. Parmi eux, 445 “PrEPeurs” et 1 327 “non-PrEPeurs” ayant une vision positive de l’efficacité de la PrEP. Et 1 479 “non-PrEPeurs”, moins informés ou dubitatifs.
Résultat : 86,3% des répondants du NGB 2018 qui lui étaient éligibles ne la prenaient pas. Pour les auteurs, “les utilisateurs de la PrEP ne représentent que 13,7% des participants rencontrant l’ensemble des critères d’éligibilité au traitement en 2018, et cette proportion, proche de celle rapportée par d’autres études est loin d’être satisfaisante au regard des objectifs visés par la Haute Autorité de Santé”.
Mais alors pourquoi sont-ils si peu à prendre ce traitement préventif ? Selon Santé publique France, il pourrait y avoir une raison sociodémographique. Les “PrEPeurs” et ceux qui ne prennent pas le traitement mais savent qu’il est efficace sont généralement des Parisiens, se considérant comme homosexuels et avec un fort sentiment d’appartenance à la communauté LGBTQI. Ils décrivent une sexualité plus abondante mais celle-ci “s’adosse à une meilleure connaissance des stratégies comportementales de réduction des risques et à une plus forte préoccupation en matière de santé sexuelle à propos de leurs comportements sexuels à risque”.
Au contraire, les “non-PrEPeurs” dubitatifs sont souvent bisexuels, éloignés des centres-villes et de la communauté LBGTQI. Ils sont peu ou pas informés sur les outils de réduction des risques.
Cette enquête vise donc à repenser les campagnes de communication et de promotion de la PrEP, notamment envers cette dernière population. Enfin, les auteurs espèrent “que l’autorisation de la primo-prescription par les médecins généralistes et l’élargissement des indications de la PrEP permettront de promouvoir le traitement auprès de ce public”.
Source :
Léobon A, Samson-Daoust E. Prédicteurs associés à l’utilisation et à la perception d’efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et chez les personnes transgenres éligibles à la PrEP en 2018 selon le Net Gay Baromètre. Bull Epidémiol Hebd. 2022;(2):26-35. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2022/2/2022_2_1.html
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