Prévention : les hommes, pas tous égaux face au VIH

Éloignés des grandes villes, précaires, peu informés… Certains hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) n’utilisent pas de moyens de prévention contre le VIH lors de leurs rapports sexuels, observe une nouvelle enquête française. 

Menée tous les deux ans par Santé Publique France, l’enquête "Rapport au sexe" s’intéresse aux comportements sexuels préventifs du VIH des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). La nouvelle enquête, publiée le 23 juin, observe que certains patients de cette communauté ne se protègent pas contre le VIH pour des raisons sociales, économiques et géographiques.

Près de 30% ne se protègent pas du VIH

L’étude compile les données d’une enquête menée en ligne entre février et mars 2019. Un questionnaire a été rempli par 24 308 hommes dont 19 565 HSH vivant en France ayant eu au moins un partenaire masculin au cours des six derniers mois. L’âge moyen était de 33 ans. 

Ainsi, 76,2 % se sont déclarés séronégatifs, 9,7 % étaient séropositifs et 14,1 % ignoraient leur statut sérologique. Par ailleurs, pour plus de la moitié d’entre eux, le dernier partenaire sexuel était occasionnel, et 7 303 ont eu des rapports anaux. 20,9% d’entre eux ont indiqué avoir un partenaire stable et 88,3% disent avoir eu plus d'un partenaire sexuel masculin au cours des six derniers mois.

Parmi les outils de prévention utilisés contre le VIH, les préservatifs étaient le plus couramment utilisés lors de rapports sexuels anaux. En revanche, 24,7 % des HSH déclarent ne pas utiliser d’outils de prévention contre le VIH. 

Des raisons socio-économiques et géographiques

Pour les chercheurs, les causes sont économiques et sociales. Parmi les participants séronégatifs, le manque d’éducation, des difficultés financières et/ou le fait de vivre dans une ville de moins de 100 000 habitants sont des freins à l’information et à la mise en place d’une bonne prévention contre le virus. “Un niveau élevé de vulnérabilité sociale était associé à des relations sexuelles anales non protégées chez les répondants séronégatifs et dont le statut VIH était inconnu”, lit-on sur Pubmed dont une partie de l’enquête est en accès libre.

En parallèle, parmi les volontaires séropositifs au VIH, le fait d’être chômeur ou en inactivité, d'avoir eu plus de 10 partenaires au cours des six derniers mois et de ne pas connaître le statut VIH de leur dernier partenaire sexuel, étaient des facteurs de non-utilisation de moyens de protection.

Enfin, concernant ceux dont le statut sérologique était ignoré, les facteurs étaient l’âge (30 ans ou plus), des difficultés financières comme l’endettement, un niveau d’éducation inférieur au diplôme universitaire, ou la consommation de drogues pendant les rapports sexuels.

Dans ce rapport, les auteurs mettent en avant le fait qu’une instabilité financière, un niveau d’éducation, une situation géographique isolée ou encore certaines addictions sont autant de freins à la mise en place d’une prévention contre le VIH. 

“Nos résultats soulignent l'existence de groupes vulnérables spécifiques à haut risque d'infection par le VIH”, soulignent-ils. Pour les experts, “les programmes de prévention doivent être adaptés à l'ensemble de la population HSH dans toute sa diversité en valorisant l'ensemble des outils de prévention actuels”.

Source : Velter A, Ousseine YM, Duchesne L, Lydie N. Non-use of combination HIV prevention tools and its determinants among men who have sex with men living in France. Infect Dis Now. 2022 Jun 23:S2666-9919(22)00118-X. doi: 10.1016/j.idnow.2022.06.002. Epub ahead of print. PMID: 35753627.