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Santé sexulle
20.07.2016

Le jour où Cozette a appris sa séropositivité : « J’étais au travail»

Sandra : De retour à l’émission de radio Vivre avec le VIH, nous sommes avec Yann, Sylvie, Jean-Marc et Alexandre et moi-même. Nous allons maintenant écouter le témoignage de Cozette.

Début de l’enregistrement.

Cozette : Je m’appelle Cozette. Je suis donc Parisienne, enfin Courbevoisienne plus exactement. Et je suis séropositive depuis l’année 2007. Enfin en tout cas j’ai connu ma séropositivité depuis cette année-là.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Cozette que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques semaines. A la base, c’était pour participer aux émissions spéciales femmes et puis il y a eu tellement de témoignages pendant le mois de mars que je n’ai pas eu le temps de caser ce témoignage durant le mois de mars. On l’écoute aujourd’hui. Nous avons eu le plaisir d’échanger pendant 1 heure. Elle m’a raconté une bonne partie de sa vie. Je vous propose qu’on écoute aujourd’hui, alors pas tout aujourd’hui. On va l’écouter dans plusieurs émissions donc restez fidèle à l’émission pour découvrir à peu près tous les aspects de la vie de Cozette. Et puis, on aura le plaisir de l’entendre en direct à l’émission puisqu’elle viendra nous parler prochainement au mois de juin de la loi El Khomri, la loi travail, sur l’aspect médecine du travail. Il y a des choses à dire là-dessus aussi. Là, on écoute Cozette qui nous raconte le jour où elle a appris sa séropositivité.

Début de l’enregistrement.

Cozette : J’avais un compagnon depuis environ 3 ans à l’époque. Et ce compagnon m’appelle un jour pour me dire qu’il venait d’avoir une conversation téléphonique avec son ex compagne, qui lui avait annoncé qu’elle était séropositive, qu’elle venait d’apprendre qu’elle était séropositive et que par conséquent, c’était important pour lui, comme pour moi, de faire le test de la séropositivité. Je lui ai demandé s’il l’avait déjà fait. Il m’a répondu que non. Donc moi je suis allée voir mon médecin traitant. J’ai fait le test. Et il s’est avéré que ce test était positif. Bon, j’avoue que j’étais un peu préoccupée parce que je ne sais pas pourquoi mais… j’avais un peu l’intuition que je pouvais l’être dans la mesure où j’étais quand même avec ce compagnon depuis 3 ans. Donc bon, il y avait peut-être pas mal d’occasions de le devenir.

Ce jour-là, j’étais au travail et j’avais qu’une seule collègue avec moi, avec qui je m’entends très bien et qui est quelqu’un de très discret, qui peut garder la confidentialité et qui bon, je ne sais pas, elle a dû voir qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Elle m’a posée des questions. Et du coup, je lui ai dit que j’attendais un résultat qui ne serait peut-être pas très… positif si j’ose dire. Bref, je suis partie chercher le résultat. La responsable de laboratoire m’a fait venir dans un petit recoin du laboratoire pour me dire écoutez le test est positif, il faut absolument que vous voyez votre médecin traitant. Et je suis repartie au bureau avec le papier et là j’en ai parlé à cette collègue et c’était quand même pour moi une chance d’une certaine manière. Parce que je ne me suis pas retrouvée toute seule bien que bon, la directrice du laboratoire a quand même fait l’effort de me dire attention, allez voir votre médecin traitant. Mais en même temps, ce n’est pas non plus une relation chaleureuse. Donc voilà.

A partir de là, je suis allée voir mon médecin traitant. J’ai remarqué qu’il était presque plus affecté que moi. Il n’osait pas me regarder alors que c’est quelqu’un avec qui je m’entends bien, que je connaissais depuis quelques années, depuis que j’étais arrivée à Courbevoie en fait, depuis 2002. Oui, ça faisait 5 ans que je le connaissais. Et avec qui je plaisantais beaucoup comme bon, j’étais assistante sociale, parfois on parlait travail etc. Et là, il avait vraiment une attitude très différente des consultations précédentes et je voyais qu’il n’osait pas me regarder. Donc moi, je n’étais pas non plus en pleine forme mais enfin, je me suis dit il faut que je fasse quelque chose pour le décontracter parce qu’il a vraiment… il ne va vraiment pas bien. Donc je ne sais plus ce que je lui ai dit mais enfin bon, bref, la situation s’est détendue. Et là, il a pu me dire qu’il avait 2 patients séropositifs qu’il avait envoyé à l’hôpital Bichat parce qu’il avait fait une formation avec une excellente professeur d’infectiologie et qu’il avait une pleine confiance en elle et qu’il travaillait très bien avec elle, qui lui envoyait les comptes-rendus, enfin bon, bref. Du coup il m’a adressée à l’hôpital Bichat.

Je suis allée à l’hôpital Bichat et là j’ai donc rencontré ce professeur qui m’a dit écoutez vous avez vraiment une charge virale… alors je ne connaissais rien. Les mots charge virale, CD4, etc… j’avoue que je n’avais pas du tout pris le temps d’aller sur Internet. Je n’avais pas la tête à ça en fait. Et du coup, bon, j’ai quand même compris qu’il fallait que je prenne un traitement rapidement et comme moi je n’ai jamais été malade de ma vie et quasiment jamais pris de traitement à part peut-être quelquefois des antibiotiques, je suis vraiment défavorable aux traitements. J’essaie de m’en passer au maximum. Donc là, ça m’a vraiment fichu un coup. Quand elle a vu ma tête dépitée, elle m’a dit écoutez, vous avez quand même quelques mois pour réfléchir. Prenez le temps de réfléchir, on va se revoir. Elle a dû me donner un rendez-vous prochain et voilà.

Entre temps, j’avais une très bonne amie qui m’a dit écoute je vais me renseigner pour savoir ce que tu peux faire parce que moi non plus je n’y connais rien dans cette maladie. Donc elle s’est renseignée et elle m’a dit tu peux aller voir l’association AIDES. Bon, elle m’a tannée, tannée, tannée. Parce que je n’avais pas envie d’y aller. Et finalement à force de persévérance de sa part, j’y suis allée. Et alors là, vraiment, j’étais extrêmement contente parce qu’en fait, il s’était passé trois mois d’angoisse tous les soirs. Quand je rentrais chez moi, j’étais angoissée. Donc j’avais trouvé l’alternative en fait de me plonger dans Internet sur les médecines alternatives. Donc c’était le SIDA n’existe pas, on peut se passer des médicaments… j’étais très contente, c’était exactement ce qu’il me fallait. Mais ça m’a permis de digérer l’information, je pense. Du coup, de gérer mon angoisse du mieux que je pouvais et au bout des 3 mois j’ai eu cette chance d’arriver à AIDES, d’être reçu par une charmante bénévole qui avait un stagiaire même. Et qui m’ont expliqué en fait que la séropositivité ce n’était pas le SIDA, qu’on pouvait s’en sortir en prenant des médicaments, qu’on pouvait mener une vie tout à fait honorable et sans forcément des désagréments impossibles à vivre. Et du coup, je me suis sentie soulagée. Quand je suis sortie de là, j’étais comme sur un petit nuage. Alors elle m’a expliqué toutes les activités qui étaient proposées par AIDES, les groupes de paroles pour s’informer, même les activités agréables comme les randonnées, le théâtre, etc. Il y avait tellement de choses. Et là du coup, j’ai eu l’impression qu’une autre porte de ma vie s’ouvrait en fait. Une autre manière de vivre peut-être. Je ne savais pas exactement mais je pressentais ça.

Enfin voilà, j’ai eu cette chance. Cette chance d’avoir été poussée par cette amie. Je crois que si elle ne m’avait pas poussée je n’y serai… et je considère que j’ai gagné 10 ans de ma vie grâce à l’association AIDES et à tout ce qu’ils proposent. J’ai d’ailleurs demandé à être reçue par quelqu’un de chez eux par rapport à ma décision de prendre des médicaments. Et ce monsieur m’a dit, on a dû passer quelques minutes ensemble, il m’a dit une chose. Vous n’êtes pas obligé de prendre des médicaments, vous pouvez tout à fait attendre de tomber malade. Alors là ça m’a… ça m’a vraiment fait une douche froide. Et j’ai compris en fait effectivement les enjeux.

Fin de l’émission.

Sandra : Voilà, la première partie du témoignage de Cozette au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH que je remercie de s’être livrée comme ça. Est-ce qu’il y a quelques réactions par rapport à ce que vous avez entendu ?

Yann : Ce qui ressort de ce moment très court c’est que, encore une personne qui a quand même repris confiance grâce au monde associatif. Donc que ce soit AIDES, le Comité des familles, l’important c’est qu’à ce moment-là, elle a pu rencontrer une association qui lui a ouvert l’esprit et qui lui a dit tu vas voir, tu vas pouvoir continuer à vivre. Sur la question du conseil “tu peux attendre de prendre des médicaments”, ce ne sera pas l’avis je pense des médecins où en plus on est amené à traiter de plus en plus rapidement…

Sandra : De plus en plus tôt oui parce que les médecins se rendent compte qu’il y a des effets bénéfiques à traiter tôt.

Yann : Après je respecte tout à fait, en plus c’est une personne réfractaire au système médicamenteux donc, voilà, je ne sais pas les risques aussi, parce qu’on sait qu’il peut avoir des maladies opportunistes gravissimes, donc je respecte, c’est un choix qu’elle ne peut prendre que seule. Je le respecte.

Sandra : C’était en 2007 aussi.

Alexandre : Elle prend des traitements depuis ?

Sandra : Oui, après que la personne à l’association lui a dit oui, tu peux attendre d’être malade…

Alexandre : Ca, je trouve ça intéressant comme phrase, c’est une femme qui comme tu l’as dit était réfractaire aux médicaments, elle avait regardé pendant quelques mois des sites Internet expliquant comme quoi le SIDA n’existe pas. Ces sites existent. Je pense qu’on est toujours rassuré quand on se met une idée dans la tête, qu’on n’a pas envie de faire quelque chose et qu’on voit des sites qui nous expliquent par A + B + C qu’apparemment on a raison ou je ne sais pas quoi. Bon. Si dans sa tête elle n’était pas prête à prendre des traitements, je pense que toute manière… son médecin qui lui a dit réfléchissez bien et revenez me voir ensuite. Et ensuite cette personne qui lui a dit vous êtes totalement libre, après tout c’est votre santé, vous pouvez attendre de tomber malade. Je pense que du coup ça a été la bonne démarche pour elle parce que ça lui a permis de prendre le temps de prendre conscience de sa maladie.

Yann : Ce qui est aussi un peu triste mais bon on l’aura peut-être dans la continuité de l’interview, c’est qu’on ne sait pas si justement ça a renforcé son couple, parce que ça peut exister aussi, où d’un seul coup on devient solidaire. C’est tout ce que je souhaite à ce couple.

Sandra : Eh oui, ce sera dans le prochain épisode !

Jean-Marc : Ce que je trouve formidable c’est que, moi faisant partie d’un milieu associatif, et comme tu disais Yann, je trouve ça fabuleux l’efficacité du bénévolat en fin de compte par rapport encore une fois au pouvoir de l’argent. Ca me tranquillise dans la démarche. Je me dis ça c’est au moins quelque chose qui se passe dans les milieux dans lesquels on n’attache pas forcément d’importance quoi.

Yann : Oui et on le répète jamais assez mais le bénévolat faut pas rêver, moi j’en fais parce que je reçois. On donne mais on reçoit.

Sandra : D’autres réactions ?

Sylvie : Moi, je ne fais pas partie d’associations, enfin si professionnelle, mais je travaille avec beaucoup d’associations avec la librairie. Je pense que c’est fondamentale, c’est les alternatives de toute façon. L’information par les amis c’est-à-dire des relais qui font le lien, entre l’amitié très importante, c’est ce qui fait le lien aussi. Quand on a un ami ou quelqu’un dans notre famille qui est touché, c’est surtout arrêter l’ignorance et fabriquer le relais pour que les personnes aillent là où il faut aller.

Sandra : N’hésitez pas à réagir sur le site comitedesfamilles.net

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

La suite de l’histoire de Cozette =>

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