Politique de Confidentialité
continuer sans accepter X
Notre site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation.
En continuant à utiliser notre site, vous acceptez notre utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité.
TOUT ACCEPTER
PLUS DE DETAILS
TOUT REFUSER
21.12.2017

Atelier nutrition avec Ilaria et Lucia : « S’obliger à s’intégrer d’un point de vue culturel »

Sandra : Je vous propose d’écouter une interview que j’ai faite il y a un petit moment déjà, avec Lucia et Ilaria.

Début de l’enregistrement.

Lucia : Bonjour, je suis Lucia, je suis d’origine italienne et j’habite Paris depuis 27 ans.

Ilaria : Salut c’est Ilaria, comme d’habitude. Je suis à la coordination du programme d’éducation thérapeutique du patient au Comité des familles.

Sandra : Tu es venue au Comité des familles pour faire un atelier cuisine. Comment ça s’est passé ? C’était quoi le but de cet atelier avec les membres du Comité des familles ?

Lucia : L’atelier se déroule dans les locaux de l’association. Les gens vont venir ici. Ils ont été informés de l’atelier. Quand nous arrivons, d’habitude il y a des produits qui ont été donnés à l’association et la première étape c’est de demander aux participants qu’est-ce qu’ils connaissent parmi tous les ingrédients qui sont présents sur la table. Nous essayons d’expliquer ensuite comment chaque ingrédient est utilisé, comment on le prépare, comment on le cuisine. Et ensuite on fait la cuisine tous ensemble. En fonction ce qu’il y a, nous choisissons des recettes et les personnes s’activent, ensemble on prépare, on coupe, on fait cuire et à la fin on dîne tous ensemble.

Sandra : A l’association on reçoit pas mal de personnes qui viennent d’Afrique subsaharienne et puis il y a d’autres évidemment. Est-ce que, quand ils découvrent les légumes ici qu’on récupère du Monoprix grâce aux invendus, quelle est leur réaction ? Est-ce qu’ils connaissent ces fruits et légumes ? Est-ce qu’ils ont envie de les manger quand ils les voient ?

Lucia : Je dirai que les gens connaissent déjà les légumes à peu près à 50%. Il y a des légumes très saisonniers qui sont vraiment méconnus parce qu’étant liés aux saisons, ça n’existe pas dans certains pays qui n’ont pas le même climat. Les gens sont très curieux, vraiment ouvert. Une fois qu’ils ont goûté à ce que nous avons préparé, d’habitude ils sont très heureux et ils prennent des notes aussi. Parfois ils prennent aussi des photos et il y a même des personnes qui sont revenus pour faire d’autres ateliers parce que ce n’est pas uniquement la recette qu’on fait le soir même, mais c’est aussi un ensemble de technique justement pour essayer d’avoir le maximum de chaque ingrédient, de garder tout ce qui est vitamine, sels minéraux, etc, donc aussi la technique est importante. Il y a des gens qui se prennent bien au jeu et d’autres qui profitent bien du moment convivial parce que devant une table, c’est plus facile de parler, de se lier d’amitié et de passer un bon moment.

Sandra : Les plats que vous cuisinez, est-ce que vraiment vous les mangez ou est-ce que ça part à la poubelle ? (rires)

Lucia : Non, ça ne part pas à la poubelle (rires)

Sandra : Donc c’est bon ce que vous faites !

Lucia : Parce qu’on les fait tous ensemble donc les gens se sentent bien impliqués et aussi parce que c’est possible de les assaisonner avec les épices qu’on trouve. Chacun est libre aussi de modifier le goût. On peut ajouter du piment, du poivre, plus de sel, chacun à son goût.

Sandra : Tu fais cet atelier cuisine mais pourquoi ? Parce que tu aimes la cuisine ou parce que c’est ton métier ?

Lucia : Non, ce n’est pas mon métier, c’est ma passion. J’ai oeuvré dans le documentaire au début et ensuite toujours dans la culture numérique. La cuisine c’est ma passion et vu que j’ai connu Ilaria, c’est elle qui m’a proposée de participer et d’animer cet atelier avec elle. C’est vraiment avec un grand plaisir. Qui dit cuisine dit partage, le partage est très important.

Sandra : Pourquoi cet atelier cuisine ? Qu’est-ce que ça leur apporte dans leur vie ?

Ilaria : En fait, dans le cadre de l’éducation thérapeutique du patient, j’essaie de développer des ateliers qui aident la personne à améliorer ses connaissances et ses compétences, soit d’un point de vue médical, comme je le dis souvent, mais aussi d’un point de vue relationnel. Du coup, j’ai voulu présenter par la radio deux ateliers qui n’ont rien à voir directement avec le VIH. La dernière fois, on a parlé de la musicothérapie, avec Paul. Aujourd’hui j’ai voulu parler de l’atelier de cuisine avec Lucia, parce que ça donne l’idée de qu’est-ce que c’est l’éducation thérapeutique. Il y a des moments où on se retrouve en parlant du VIH et de la vie avec mais en fait la nourriture fait partie de la qualité de vie d’une personne vivant avec le VIH. Manger en partageant, manger avec joie, manger bien, ça fait du bien. Et du coup, voici l’intérêt d’organiser un atelier d’éducation thérapeutique du patient dans le cadre d’une bonne alimentation et d’une bonne nutrition avec Lucia qui connait très bien la cuisine en général. Elle est italienne donc on a quand même un partage de connaissance culturel qui nous amène à construire et déconstruire chaque fois l’atelier.

Sandra : Du coup, juste pour un côté pratique, l’atelier cuisine se déroule avec combien de personnes ?

Lucia : Entre 4 et 6 personnes à peu près parce qu’il y a une partie du groupe qui s’occupe avec la préparation, une partie où on fait le ménage ensemble ensuite. Vraiment, chacun à son rôle et le côté pratique c’est qu’en fonction des ingrédients que nous avons, nous décidons des recettes. C’est vraiment fait à la volée parce que la cuisine aussi c’est toujours comme ça, de voir ce qu’on a sous la main. C’est facile de faire la liste des ingrédients et pouvoir les acheter, c’est génial. Mais parfois on fait simplement avec ce qu’on a. Surtout on essaye de trouver des ingrédients de bonnes qualités pas cher, des pâtes par exemple, mais il faut savoir bien les cuisiner. Aussi des ingrédients entre guillemets pauvres comme la ricotta mais qui apportent un bon niveau de protéines et ce sont des choses qui sont à la portée de tout le monde.

Sandra : Au dernier atelier, qu’avez-vous fait comme recette ?

Lucia : Au dernier atelier nous avons eu beaucoup d’avocats et nous avons fait un guacamole, parce qu’il y avait suffisamment d’ingrédients pour en faire un. Ensuite nous avons fait cuire du chou vert parce que la plupart des gens ne le connaissaient pas. Deux techniques combinées, le faire bouillir, blanchir et ensuite revenir à la poêle avec de l’ail et des épices. Je dirai que tout le monde a bien apprécié.

Ilaria : Notre public, la plupart se trouve dans un contexte de précarité, d’où l’intérêt d’utiliser les invendus du Monoprix, dans plusieurs techniques. Quand je dis technique c’est en fait pouvoir cuire un aliment au four au micro-onde ou bien à la poêle. C’est justement pour essayer de répondre aux exigences des membres qui n’ont pas toujours quand même une cuisine, un four. Moi, je me souviens le premier ou deuxième atelier que nous avons animé avec Lucia, l’artichaut en fait c’était déjà un aliment pas connu par tout le monde, on a pu le préparer au micro-onde en 3 minutes et aussi à la poêle. Pouvoir apprendre à manger en se donnant la liberté de manger un aliment dans un contexte où on ne peut pas toujours choisir ce qu’on souhaite manger. Dans le même temps je vais rajouter, le dernier atelier, Lucia a parlé de l’avocat et du guacamole qui est une recette mexicaine. En fait, c’est un peu ça le but, c’est pouvoir quand même préparer des aliments de partout, pas seulement italiens. Nous utilisons quand même des produits qu’on connait, l’avocat est connu par un italien comme par un africain. Ca c’est pour s’obliger de s’intégrer, aussi d’un point de vue culturel, manger de la raclette alors que je suis Africain. En fait, le but de cet atelier c’est de réussir à trouver un équilibre entre le fait qu’ici je trouve que des épinards, je ne trouve pas toujours du pondu, un produit congolais, mais avec les épinards que je trouve facilement qui ne sont pas chers, je peux préparer quand même le saka saka qui est un plat congolais. Donc essayer de trouver la pratique et aussi le goût et le plaisir de la cuisine.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Lucia et Ilaria au micro de l’émission Vivre avec le VIH. Bon, moi tout ça m’a donné faim ! Je ne sais pas toi Mohamed…

Mohamed : Non, moi ça va.

Sandra : Moi, quand on parle cuisine, ça donne envie de tester. Tu connaissais la cuisson de l’artichaut au four à micro-onde ?

Mohamed : Oui, mais je n’ai pas eu l’occasion de tester…

Sandra : Bon, j’avoue que je ne mange pas. Tu sais à quoi ça ressemble ?

Mohamed : Oui, quand même, mais je n’ai jamais eu l’occasion de…

Sandra : Faut se lancer Mohamed !

Mohamed : A l’occasion, si ça se présente, pourquoi pas !

Sandra : Participe à un atelier ETP nutrition avec Ilaria et Lucia et tu verras, ça va te redonner envie de faire la cuisine pour toi, même si c’est pour toi seul mais au moins tu vas manger bien.

Mohamed : Pour moi ça va, je me débrouille.

Sandra : Oui mais manger des pâtes tous les jours et les plats surgelés, ce n’est pas bon.

Mohamed : Ca tient (rires)

Sandra : Oui, ça tient, mais bon.

Mohamed : On verra. Moi je veux préparer et manger.

Sandra : Ah oui ! Mais là, tu prépares et tu manges ce que tu as fait, donc c’est intéressant. Donc, si vous êtes intéressés, si vous avez la possibilité de venir, vous nous appelez au 01 40 40 90 25 et puis vous demandez Ilaria, elle se fera un plaisir de vous expliquer comment ça se passe.

Transcription : Sandra JEAN-PIERRE

Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :