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15.10.2014

Conférence presse de Marisol Touraine : changer le quotidien des patients et des professionnels de santé

Marisol Touraine

Question : Sur le tiers payant, quel est l’objectif ? Est-ce que ça ne va pas provoquer des crispations de la part des médecins ?

Pourquoi cette question ? Dans le projet de loi, la mesure 7 indique que le tiers-payant (l’assurance maladie et complémentaire santé s’il y a) sera généralisé pour simplifier l’accès de tous à des soins de premier recours. Plus aucun assuré n’aura besoin d’avancer des frais de santé. Le tiers-payant sera étendu à tous les assurés d’ici 2017

Marisol Touraine : Le projet de loi de santé que je présente est un projet de loi pour les Français qui part des préoccupations qu’expriment au quotidien les Français, avec la volonté de faire vivre ce système extraordinaire que nous avons, qui est un système emblématique de la justice sociale et de notre pacte social. Ce n’est pas pour rien que les Français disent massivement leur attachement à notre système de santé. Mais ce système, il doit être adapté parce qu’il y a des défis qui aujourd’hui apparaissent, à commencer le vieillissement de la population. Et donc moi je veux mettre en place des moyens concrets de garantir la meilleure santé possible à nos concitoyens, en tout cas le meilleur accès possible aux soins, à travers des actions de prévention, des actions d’organisation et des actions d’innovation. Les mesures de prévention, il y en a beaucoup qui ont été évoquées notamment sur le tabac. Je veux dire que les enfants, parce qu’il faut commencer tôt, les enfants pourront avoir un médecin traitant, qu’il s’agisse d’un pédiatre ou d’un généraliste, si leurs parents le souhaitent. Mais encore faut-il pouvoir accéder concrètement aux professionnels de santé. Et c’est là que je porte avec conviction cette mesure de la généralisation du tiers payant. Je sais, j’entends les inquiétudes, notamment matériels qu’expriment les médecins. Les Français plébiscitent cette démarche-là parce qu’il s’agit de faire en sorte tout simplement que l’argent ne soit pas un obstacle pour aller se faire soigner à un moment où on explique aux Français qu’il ne faut pas aller systématiquement dans les hôpitaux ou aux systèmes d’urgence. Moi, je souhaite que cette mesure de justice soit largement portée et largement soutenue. Et puis il y a dans ce texte des mesures d’organisation, avec la réhabilitation du service public au service hospitalier qui dans notre pays doit être reconnu pour sa force et son rayonnement et puis la valorisation de la médecine de proximité avec l’organisation dans les territoires de l’offre de soins parce que l’objectif c’est bien ça, c’est que les gens puissent aller voir un professionnel de santé, un médecin ou un autre professionnel près de chez eux, dans leur territoire et pas forcément à l’hôpital. C’est donc une loi d’efficacité pour notre système de santé, une loi de justice. C’est en tout cas une loi pour les Français, pour la vie quotidienne des Français, c’est une loi de progrès et qui veut changer, qui doit changer les choses concrètement dans la vie quotidienne des Français.

Question : Pour l’offre médicale partagée, qu’est-ce qui fait que ça va marcher cette fois ? Parce que jusqu’à présent ce n’est pas une grande réussite.

Marisol Touraine : Si on parle de coordination et de coopération, entre l’hôpital, la ville les médecins entre eux, il est évident qu’il faut pouvoir accéder aux informations qui concernent le patient. Si on veut éviter de refaire des radios, des examens, savoir qu’elles sont les antécédents médicaux du patient, ce dossier médical partagé il a tout son sens. Les erreurs qui ont été faites, ont été de concevoir d’en haut sans se préoccuper justement de la manière dont les médecins allaient s’en servir et de façon uniforme et généralisée tout de suite. Ce dossier médical partagé, il va être relancé, concentré sur les malades qui ont des maladies chroniques, qui voient souvent des professionnels de santé. Il sera matériellement plus simple, conçu à partir des demandes des professionnels de santé, mais bien sûr, les droits des patients, droit à ce que l’information ne circule pas, à ce que l’information ne soit pas donnée, ces droits des patients seront toujours conservés et réaffirmés. C’est une liberté essentielle dans notre pays.

Question : Les mesures sur l’ivresse, est-ce que ça concerne seulement les mineurs, les majeures ?

Marisol Touraine : Il y a parmi les mesures de prévention, il y a la volonté de donner un coup d’arrêt à cette pratique qu’on appelle maintenant communément le binge drinking, c’est-à-dire les séances d’alcoolisation rapides. On boit beaucoup en très peu de temps et c’est évidemment très nocif pour la santé. Donc toute une série de mesures est proposée. D’abord interdire pour les mineurs la vente d’objet qui sont des objets qui rendent ludique l’alcoolisation, par exemple certaines coques de portable, ou des tee-shirts qui donnent le sentiment que l’ivresse c’est le bonheur, la joie, l’enthousiasme. Et puis des mesures qui ne s’appliquent pas uniquement aux mineures, qui pénaliseront notamment dans les cadres universitaires, ceux qui incitent à l’alcoolisation, exactement de la même façon que l’ont pénalisent ceux qui permettent des actions de bizutage sur les campus universitaires. C’est une démarche à destination des jeunes qui ciblent en particulier les mineurs, mais qui ciblent aussi ceux qui, mineurs ou pas, encouragent l’alcoolisation, que ce soit sur Internet ou que ce soit dans les lieux de fête collectives.

Question : Est-ce que vous avez prévu de taper un peu plus haut justement et d’aller éventuellement sanctionner ceux qui produisent des boissons très attractives pour les jeunes avec des packagings attrayants, etc. . Sanctionner le public c’est bien, mais au-dessus ?

Marisol Touraine : Aujourd’hui, nous sommes dans l’encadrement du rapport à la pratique de consommation de l’alcool. Il ne s’agit pas d’avoir des taxes comportementales ou des démarches de ce type-là, mais de dire on ne doit pas faire la publicité au sens large de l’alcool. Personne ne fait de publicité maintenant sur une affiche publicitaire puisque c’est interdit. Mais pourquoi faire de la publicité autrement, de l’incitation par des jeux sur Internet, par des produits à destination des jeunes qui introduisent le doute ? C’est cela la démarche de ce projet de loi. Les sanctions sont celles qui sont d’ores et déjà prévues dans la loi notamment pour le bizutage.

Question : Pourquoi le logo nutritionnel est falcutatif et non pas obligatoire ?

Marisol Touraine : Le logo nutritionnel, au fond, il a comme objectif de donner une information aux consommateurs, aux acheteurs. Aujourd’hui vous prenez un paquet ou une boite de conserve, vous avez beaucoup d’informations. Vous en avez presque trop. Et on ne sait pas comment les pondérer les unes avec les autres. Un peu plus de sucre, un peu moins de sel, du gras et des fibres, ça fait quoi à l’arrivée ? On ne sait pas très bien. Et les études scientifiques ont montrées que si on prend un produit qui apparemment n’apparait pas un produit forcément, comment dire, régime ou en tout cas, valorisé. Des lasagnes, c’est excellent les lasagnes. Et bien on trouve sur le marché des lasagnes qui ont des qualités nutritionnelles tout à fait satisfaisantes. C’est cela qu’il faut pouvoir valoriser, comparer un produit avec un autre sans prétendre tout régenter. Donc les industrielles qui voudront s’engager dans cette démarche le pourront, les autres non, mais je fais le pari que très vite, tous y viendront.

Question : Comment faire pour lutter contre les déserts médicaux ?

Marisol Touraine : La médecine de proximité suppose qu’il y ait des professionnels de santé en proximité. Je n’ai pas attendu ce texte de loi pour engager des mesures dans le cadre d’un pacte territoire santé qui a développé toute une série d’actions pour attirer des professionnels dans des hôpitaux ou des cabinets libéraux, dans des territoires qui sont un peu délaissés. Parmi ces mesures, il y a l’encouragement, le soutien à des maisons pluriprofessionnelles de santé parce que l’on sait que les jeunes professionnels ne veulent plus travailler de manière isolée. Ils souhaitent travailler en coopération avec des infirmières, des kinés, parfois des dentistes, des pharmaciens. Être ensemble, échanger, discuter. Mettre en place justement la coordination que cette loi mette en avant. C’est en développant ces pratiques que nous pourrons aller plus loin dans la lutte contre les déserts médicaux. D’autres mesures ont été prises, certaines vont être renforcées à l’occasion du projet de loi sur la sécurité sociale. Par exemple, nous allons permettre aux jeunes femmes spécialistes et pas seulement généralistes, qui s’installent dans ces territoires, d’avoir des aides financières à l’occasion d’une maternité alors que les médecins libéraux n’ont pas de congé maternité pris en charge par la collectivité. C’est une démarche concrète qui déjà a permis d’attirer près de 400 nouveaux professionnels dans nos territoires délaissés.

Sandra : Vous parlez de lutter contre le refus des soins, en quoi consiste cette mesure concrètement ?

Marisol Touraine : Garantir l’accès de tous aux soins c’est aussi s’assurer qu’il n’y a pas des hommes, des femmes qui n’arrivent pas à avoir des rendez-vous avec un professionnel parce qu’ils ont la CMU, parce qu’ils ont l’aide à la complémentaire santé. J’ai donc souhaité que ce soit l’Ordre des médecins qui porte une dynamique permettant de vérifier, de faire des évaluations, d’identifier le problème et de proposer des mesures pour y faire face. Je ne suis pas dans une logique de stigmatisation, mais je dis fortement que la justice, l’accès aux soins de tous, c’est ce que ceux qui précisément sont dans les situations financières, sociales les plus difficiles, puissent concrètement accéder à des professionnels libéraux et pas seulement à l’hôpital parce que l’hôpital doit aussi pouvoir assumer la totalité de ses responsabilités, mais ne doit pas être le seul lieu où les gens en difficulté peuvent se faire soigner.

Question : Les salles de shoot, l’UMP vent debout contre votre proposition de légaliser les salles de shoot. Il y a une proposition de loi défendue par une centaine de députés UMP qui est déposée aujourd’hui. Ils expliquent notamment qu’il n’y aurait pas de diminution des overdoses ou même des infections. Qu’est-ce que vous répondez à l’UMP ?

Marisol Touraine : Ce projet de loi est un projet de loi globale qui porte sur la santé, qui porte sur la prévention, la réduction des risques et la plupart des mesures sont des mesures qui concernent la totalité de nos concitoyens. Il y a un enjeu autour de la réduction des risques et la mise en place d’expérimentation de salles à consommation contrôlée encadrée est une proposition qui a déjà été faite il y a un certain temps. Nous avons besoin de passer par la loi. Ce sont des expérimentations qui seront portées par les villes qui le souhaitent. Celles qui ne le souhaitent pas ne le feront pas. Nous avons d’ores et déjà une ville candidate qui est Paris et c’est pour que l’expérimentation à Paris puisse se faire que le passage par la loi, que l’inscription dans la loi de cette mesure est faite. Je dis à la droite de raison garder, nous sommes face à une mesure très petite dans l’ensemble de ce texte. Nous sommes face à une mesure de santé publique et de sécurité sur la voie publique. Nous sommes face à des gens qui sont très éloignés des parcours de soins et il s’agit précisément de les prendre en charge pour éviter d’avoir à les retrouver ou d’avoir à retrouver leurs seringues dans les bacs à sable où jouent nos enfants et il s’agit de soigner. Et moi, je ne souhaite pas que le débat sur la loi de santé se polarise sur cette question-là qui n’est pas représentative de la loi, mais je le dis, notre responsabilité c’est de soigner.

Question : Comment doit se passer la deuxième phase de généralisation du tiers payant ?

Marisol Touraine : Nous avons défini le calendrier de la mise en oeuvre. Les modalités de la mise oeuvre pour la première phase ont été décidées. Nous discutons actuellement des modalités de mise en oeuvre pour la deuxième phase, pour la généralisation et l’ensemble des professionnels sont évidemment associés à ces discussions. Je ne peux pas vous dire ce que sera le point d’arrivée puisque nous sommes en train de construire le système technique à partir duquel se réalisera le tiers payant.

Question : Que répondez-vous à ceux qui vous disent que toutes ces mesures sur le tabac produiront leurs effets d’ici 20 ans ?

La mesure 4 indique que la lutte contre le tabagisme fait l’objet d’un plan ambitieux : protéger les jeunes et éviter l’entrée dans le tabagisme (paquets de cigarettes neutres, interdiction de fumer en voiture en présence d’enfants, rendre non fumeurs espaces publics de jeux et encadrer les publicités pour les cigarettes électroniques), aider les fumeurs à arrêter de fumer (campagne d’information choc, impliquer les médecins traitants et améliorer le remboursement du sevrage tabagique) et agir sur l’économie du tabac (fonds dédié aux actions de lutte contre le tabagisme, transparence sur les activités de lobbying, lutte contre le commerce illicite)

Marisol Touraine : D’ici 20 ans, il s’agit évidemment de faire en sorte que la consommation de tabac diminue progressivement et que les jeunes générations n’entrent pas dans le tabac. Donc oui, il y a la volonté que les jeunes générations ne sombrent pas dans le tabagisme comme les personnes plus âgées ou déjà adultes et donc d’avoir des générations sans tabac à l’avenir. Mais dès aujourd’hui il s’agit de faire en sorte qu’il y ait moins de gens qui fument. En Angleterre, en Irlande, au Canada, en Australie, on a vu le nombre de fumeurs diminuer et pas au bout de 20 ans. Depuis quelques années le nombre de fumeurs en France il augmente. Ce n’est pas qu’il ne diminue pas assez vite, c’est qu’il augmente. Est-ce qu’on peut se résoudre à ce que la France soit le pays dans lequel le nombre de femmes enceintes qui fument soit le plus nombreux ? Ma réponse à moi en tout cas, elle est non. Ce n’est pas pour demain, c’est pour la santé d’aujourd’hui. Les femmes enceintes mettent au monde des enfants en ce moment et c’est aussi à elles que je m’adresse, à ceux qui veulent arrêter de fumer que je m’adresse. C’est un plan global et qui est un plan de santé publique.

Question : Juste un mot sur les sages-femmes, puisqu’il y a une mesure qui les concernent dans le projet de loi. Elles sont en grève depuis un an. Est-ce que pour vous c’est un malentendu ?

Marisol Touraine : Les sages-femmes se sont engagées dans un mouvement qui a abouti à une identification d’un statut, à la reconnaissance d’un statut propre à l’hôpital avec une revalorisation de leur rémunération qui accompagne ce statut et leur place dans le parcours de soins de premiers recours est identifié et donc les sages-femmes sont pleinement inscrites dans le parcours de soins français.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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