Un article scientifique montre que les sécheresses en Afrique engendrées par le changement climatique impactent directement les personnes vivant avec le VIH.
En Afrique, il existe de nombreux freins à la prise en charge d’une infection par le VIH et à l’accès aux traitements antirétroviraux. Et parmi ces facteurs, on ne pense pas au changement climatique. Pourtant, un article scientifique montre que les sécheresses peuvent impacter l’adhésion aux traitements et entraîner des ruptures de stock.
Pour ce travail de recherche publié dans The Lancet Planetary Health, l’équipe du Dr Kingsley Stephen Orievulu de l'Institut africain de recherche en santé a examiné 111 études primaires. La plupart portait sur l'impact des sécheresses en Afrique sur la santé de manière générale. Peu d’études s'intéressent spécifiquement à l’impact de la sécheresse sur l'adhésion aux médicaments anti-VIH. Celles-ci ont été publiées à partir de 2003, l’année où le déploiement du traitement antirétroviral en Afrique s’est mis en place.
Selon leurs observations, quatre thèmes mettent en évidence l'impact des sécheresses sur les facteurs associés à l'adhésion aux médicaments.
Les sécheresses engendrent une perte de production de cultures et de bétail, une perte d'emplois, une augmentation des prix des denrées alimentaires, un manque d'accès à l'eau potable et l'exclusion numérique. Ces facteurs sociaux-économiques ont un impact négatif sur l’adhésion aux antirétroviraux qui permettent de contrôler l'infection par le VIH. En effet, le manque de nourriture et d'eau ne permet pas à une personne vivant avec le VIH de prendre son traitement correctement et sans effets secondaires.
Les sécheresses, le manque d’accès à l’eau, l’impact économique sont des facteurs de stress. Face à ce dernier, de nombreuses personnes peuvent se tourner vers la consommation d'alcool et de substances, associées à de nombreux problèmes de santé. Prendre un traitement antirétroviral en parallèle de traitements contre les troubles de santé causés par les addictions favorise l’interaction médicamenteuse. En parallèle, l’impact économique de la sécheresse peut mener à des ruptures de stocks de médicaments dont les anti-VIH.
Ne pouvant plus vivre des conditions climatiques extrêmes, de nombreuses populations doivent migrer vers d’autres pays. Ces parcours migratoires rendent la bonne prise d’un traitement compliquée. Les personnes suivies dans un centre médical de référence, quittent celui-ci du jour au lendemain. La prise en charge est bouleversée.
L’appartenance à une communauté est favorable à l’observance. Sans elle, l’adhésion au traitement est fragilisée. Plus globalement, la vulnérabilité des personnes est beaucoup plus forte.
Cette étude montre que le réchauffement climatique est un très grand défi mais nécessaire si l’on veut éviter que toutes ces répercussions ne s'accrurent. Pour les auteurs, il est aussi nécessaire de mener d’autres travaux sur ce thème pour mieux comprendre les combats de demain.
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