Bruno Campion : Je suis ici pour présenter ce qui n’est plus un projet maintenant, c’est une action, un établissement qui existe depuis une bonne quinzaine d’années. J’hésite parce que je n’étais pas là au début en fait. Et moi en fait je suis éducateur à la Maison Marie-Louise qui est appartement de coordination thérapeutique qui est chargé de proposer des hébergements à des personnes souffrant du VIH.
Yann : Vous avez combien d’appartements thérapeutiques ? Est-ce qu’ils sont tous situés sur la capitale, en banlieue ?
Bruno Campion : Ce sont des logements éclatés. Il y en a 26 qui sont à Paris. Il y en a 2 ou 3 en proche banlieue.
Yann : Ca a été un événement important sur plusieurs associations mais ça se perd, il y a des moins en moins d’appartements pour les personnes séropositives ou les personnes atteintes du sida.
Bruno Campion : En fait il y a plusieurs types d’appartements. Justement en ce qui concerne la Maison Marie-Louise et mon cas particulier, j’ai connu cette association en commençant par ce qu’on appelle les appartements relais. Les appartements relais qui eux effectivement existaient pour des personnes malades, séropositives et qui existent de moins en moins. Les appartements relais dépendaient des affaires sociales. Ils ont eu tendance à disparaitre de plus en plus, c’était en l’occurrence une association qui s’appelait «Abris toit» et qui était jumelée en fait avec la Maison Marie-Louise. La Maison Marie-Louise avait 5 logements. «Abris toit» en avait une trentaine.
Yann : C’est une fusion qui s’est passée entre les deux associations parce qu’«Abris toit» n’existe plus ?
Bruno Campion : «Abris toit» n’existe plus faute de financement. On a eu l’énorme chance de pouvoir transférer une bonne partie des logements d’«Abris toit» à la Maison Marie-Louise avec la grosse différence, c’est que les appartements de coordination thérapeutique dépendent de la santé, des financements de l’ARS et donc au sein de l’équipe, ce qui n’y avait pas dans les appartements relais au sein de l’équipe, il y a une équipe médicale.
Sandra : Là en ce moment, est-ce qu’il y a encore de la place ?
Bruno Campion : Bien sûr, on a beaucoup plus de demandes que de places disponibles. Et on ne peut jamais prévoir quand on pourra avoir de la place. Dans le sens où ce qu’on veut c’est que les personnes qui partent de l’association partent pour mieux. Mieux, c’est-à-dire…
Yann : Prendre de l’indépendance, un envol…
Bruno Campion : Avoir leur propre logement.
Sandra : On ne reste pas à vie dans ces appartements thérapeutiques. L’idée c’est de rester combien de temps ? 1 an, 2 ans ?
Bruno Campion : La moyenne depuis quelques années maintenant c’est entre 2 ans, 2 ans et demi.
Yann : Oui parce qu’on voit la difficulté déjà pour accéder à un HLM en type classique donc…
Bruno Campion : Bien sûr, une partie du travail consiste à faire un suivi des demandes de logement et puis on est hélas entièrement dépendant de la crise du logement qui touche la région parisienne actuellement.
Yann : Vous aviez même été déjà partenaires avec nous pour quelques personnes de l’association du Comité des familles que vous avez pu héberger et on vous en remercie grandement.
Bruno Campion : Exactement.
Sandra : Et donc pour ces personnes qui sont dans ces appartements, vous faites quoi ? Est-ce que vous les aidez dans leur vie de tous les jours ? Est-ce que vraiment vous les suivez ou est-ce qu’ils ont leur appartement et puis après à eux de gérer ? Comment ça se passe ?
Bruno Campion : Alors en fait, effectivement c’est une équipe pluridisciplinaire. Les personnes qui viennent chez nous souffrent de problèmes de santé. On part du VIH à l’origine et effectivement on hébergeait des personnes atteintes du VIH exclusivement. Maintenant en fait on s’ouvre à d’autre pathologies, d’autres infections longue durée. Même si l’énorme majorité des personnes toujours qui sont orientées souffrent du VIH.
Yann : Ou d’une co-infection.
Bruno Campion : Ou d’une co-infection. Très souvent, la santé qui est primordiale, qui est le problème majeur est hélas jamais le seul problème. Mais d’abord on s’adresse à des personnes qui sont en recherche de logement, d’hébergement. Tout ça est lié en fait par rapport à la maladie. On estime que le plus important c’est de pouvoir être tranquille chez soi pour pouvoir avoir une bonne observance. On parlait d’observance tout à l’heure. Des personnes qui sont plus ou moins aidées par les proches, par la communauté, qui sont plus ou moins hébergés, c’est une aide inestimable mais pas encore suffisante dans le sens où des personnes justement prennent mal leur traitement quand elles sont chez des amies. Il y a toujours la peur de dévoiler sa pathologie. C’est encore plus vrai aujourd’hui chez nous dans l’association qu’il y a 15 ans où maintenant la grande majorité, la quasi-totalité des personnes hébergées sont des personnes d’origine étrangère pour lesquelles la pathologie, le VIH, a un autre sens encore que les personnes qu’on hébergeait au début et qui avaient moins de mal à cacher leur pathologie. Maintenant c’est pour certains vital justement de ne pas le dévoiler puisque c’est se couper de la famille, de la communauté et donc c’est primordial de pouvoir leur proposer cette aide. Maintenant pour revenir plus précisément à votre question, donc c’est d’abord l’hébergement. Ensuite je disais qu’on a une équipe médicale qui n’est pas là pour soigner mais pour s’assurer que le traitement est pris, qui fait le lien avec les médecins, infectiologues. Il y a également toute une aide autour de ça.
Yann : Juridique, social…
Bruno Campion : Social, administrative. Une écoute tout simplement. C’est toujours important de pouvoir parler d’autres choses. Au niveau de l’emploi aussi, aider aussi, à régler tous les autres problèmes qui gravitent autour.
Yann : Et donc nous, on s’était rencontré parce que j’avais fait une forme de bénévolat qui en même temps était avec une petite rémunération, ça existe, oui oui. Et ça s’appelait Août Secours Alimentaire. Tu peux nous en parler un petit peu ?
Bruno Campion : Oui, Août Secours Alimentaire fête ses 20 ans aujourd’hui et c’est une association qui, comme son nom l’indique, fonctionne au mois d’août ou presque, dans le sens où maintenant depuis 3 ans on fonctionne 15 jours en juillet, qui consiste à organiser des distributions de colis repas aux personnes démunies. En gros, l’idée c’était de remplacer les autres grosses associations spécialisées qui font ça très bien, qui fonctionnent tout au long de l’année. Et on avait été sollicité par des sans domicile fixe, il y a 20 ans, qui nous avaient dit combien il était difficile pour eux de manger l’été. Et c’est vrai que c’est tout bête mais surtout il y a 20 ans, il n’y avait rien. Heureusement aujourd’hui il y a un peu plus d’action. Mais nous, depuis 20 ans, une année sur l’autre, on distribue de plus en plus de colis repas sur Paris et en banlieue. Comme tu le disais Yann, pour pouvoir fonctionner, on a besoin de beaucoup de monde, d’avoir des équipes, essentiellement des bénévoles sur les centres tous les jours de la semaine sauf le dimanche, pour pouvoir fonctionner. Et en plus de bénévole, on avait estimé qu’on pouvait faire appel également à des personnes, dont justement dont on s’occupait dans le cadre de notre association d’appartements relais, personnes séropositives et on a fait appel à d’autres associations qui nous ont orienté du monde pour s’engager à venir travailler tous les jours en plus des bénévoles.
Sandra : Le contact, comment fait-on si on est intéressé par les appartements de coordination thérapeutiques et puis par cette action de bénévolat ?
Bruno Campion : Pour les appartements de coordination thérapeutique, c’est un dossier, une demande d’hébergement type dont tous les services sociaux en particulier dans les hôpitaux, toutes les assistances sociales ont ce dossier qui nécessite une demande classique avec un rapport social complet, un rapport médical. De toute façon maintenant, quasiment pratiquement toutes les demandes qui nous arrivent nous proviennent des hôpitaux de la région parisienne. Et en ce qui concerne Août Secours Alimentaire, si on veut participer, tout simplement téléphoner au siège de l’association pour participer soit en tant que bénévole, soit pour être ce qu’on appelle les volontaires. C’est le 01 40 31 02 02.
Transcription : Sandra JEAN-PIERRE
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