La mortalité due aux conséquences du VIH, de la tuberculose et du paludisme se sont réduits de moitié ces dernières années. Cela est certainement aussi dû au financement que le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme a pu investir depuis sa fondation.
« En 2002, la situation était critique, et les moyens alloués à la solidarité internationale et la santé mondiale limités. D’où le choix de se concentrer sur les trois pandémies identifiées et de rechercher un impact mesurable » explique Laurent Vigier, président de l’Association des Amis du Fonds Mondial Europe.
Le Fond finance le 28% des programmes mondiaux de lutte contre le VIH dans les Pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires. Dans ces Pays, le nombre de décès a diminué de 72% entre 2002 et 2022. Celui des personnes bénéficiant de traitements a été multiplié par trois.
Selon Guido Schmidt-Traub, ancien directeur exécutif du Sustainable Development Solutions Network :
« Le processus d’attribution des subventions est à la fois très sélectif, objectif, et totalement apolitique. En 2002, la plupart des gens pensaient que le Sud ne parviendrait pas à absorber les financements nécessaires à la lutte contre les pandémies. Mais en réalité, les principes ont été intégrés rapidement, les nouvelles connaissances se sont propagées. Les pays ont commencé à présenter des stratégies nationales d’excellente qualité, inclusives et associant les populations à risque. Même la Chine et la Russie ont revu leur approche sur la question des drogues injectables, car elle était en contradiction avec le consensus scientifique. »
Pourtant, les progrès sont trop lents et l’élimination des trois grandes pandémies de sida, tuberculose et paludisme à l’horizon 2030 paraît compromis, aussi à cause de la crise du Covid-19. En plus, en 2020, le dépistage du VIH a diminué de 22% et le nombre de personnes traitées pour la tuberculose pharmaco-résistante a baissé de 19%.
Michel Kazatchkine, ancien Directeur du Fonds mondial, rappelle :
« En 2002, les planètes étaient alignées, de grands leaders comme Jacques Chirac, Kofi Annan, Lula, se sont engagés. Il y avait un sentiment d’urgence. Et la réponse a été à la hauteur de la situation. Aujourd’hui, cet élan semble avoir disparu. Aucun dirigeant européen n’a participé à la réunion extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur la préparation et la réponse aux pandémies, en septembre. Comme si aucune leçon n’avait été tirée de l’expérience du Covid-19. Et par ailleurs, les pays du Sud nourrissent un fort ressentiment face à la manière dont les pays riches ont monopolisé les vaccins lorsque ceux-ci ont été mis sur le marché.Ils sont devenus moins réceptifs aux discours et aux modèles qui viennent du Nord. Cela n’impacte heureusement pas encore les programmes du Fonds, mais cela doit être un sujet de vigilance. »
En plus, le « climat multi-crises » , du Proche-Orient au climat, fait qu’il est de plus en plus difficile de mobiliser les financements.
Source : L'Opinion
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :