La population vieillissante avec le VIH ne cesse d'augmenter grâce à la diffusion du traitement à l'échelle mondiale. Pour cette raison, en Afrique sub-saharienne cette population devrait tripler sur les prochains 10 ans et attendre les 10 millions de personnes.
Au Sénégal les traitements (ARV) sont accessibles depuis 1998 et aujourd'hui les personnes âgées de plus de 50 ans vivant avec le VIH représentent plus du tiers des 31 637 personnes traitées.
Nous vous partageons les premiers résultats d'une étude anthropologique menée à Dakar sur cette population, avec l'objectif d’enquêter sur comment vivent ces personnes vieillissantes.
« On vit avec ça, cela ne nous pose plus de problème, on s’est habitué, on oublie presque que l’on est malade », dit une dame, âgée de 70 ans, qui reçoit un traitement antirétroviral depuis 21 ans.
Ce qui pose problème à cet âge, au but de 20 ans d'ARV, ce sont les comorbidités, comme l’hypertension artérielle, le diabète et leurs complications (maladies cardiaques, oculaires, AVC, etc.) Cela est cause de souci car le suivies médical se complique et les personnes sont suivies dans des structures différentes. En plus, pour certaines maladies, les médicaments sont coûteux.
Sur le plan de la stigmatisation, le VIH reste une infection que l'on cache, car « cette maladie n’est pas jolie » se lit dans la recherche. Le jugement moral reste le principal motif du maintien du secret. En 2022, le VIH demeure une maladie stigmatisante.
Les femmes âgées vivant avec le VIH sont souvent veuves parce que leur conjoint est décédé du VIH et elles subissent la pression du remariage. Très peu d'entre elles se remarient, pour la crainte de parler de leur maladie.
« Je vis comme si je n’avais pas cette maladie, je la garde pour moi, même à mes enfants, je n’ai rien dit » témoigne un homme âgé de 72 ans. « Je n’ai jamais discuté de la maladie avec mes enfants ; ils savent parce qu’en 2000 c’est ma fille aînée qui m’accompagnait à l’hôpital, mais je n’ai jamais fait face à eux pour en parler », explique une autre personne, âgée de 84 ans, traitée par ARV depuis 22 ans.
Au Sénégal, moins du 30% de la population à accès à la retraite. Les personnes vivant avec le VIH donc travaillent jusqu'à quand leur santé le permet. Mais la perte d’autonomie se traduit par un déclassement économique et par l’exacerbation de situations de précarité et de dépendance qui ont un impact direct sur leur santé physique et psychologique.
« Je vis avec l’aide des gens et la grâce divine », dit un homme de 84 ans, traité depuis 20 ans qui précise que ce sont ses voisins qui financent le déplacement pour se rendre à l’hôpital (2 €). Le code d’honneur est souvent évoqué : « Mon fils gère la vie dans la maison : s’il me donne, je vais prendre, mais ma dignité ne me permet pas de lui demander. »
Mais pas toutes les personnes vivant avec le VIH vivent dans la précarité. C'est le cas d'une femme, de 74 ans, veuve, traitée par ARV depuis 2006. Elle habite avec ses deux fils, ses belles-filles et cinq petits-enfants scolarisés. Seul son fils aîné est informé de sa maladie. Elle dit vivre une vieillesse heureuse. Ses enfants la prennent en charge et elle s’occupe de ses petits-enfants : « Je ne fais rien comme activité à part garder mes petits-enfants qui me tiennent compagnie, je suis la « yaay » (mère de famille) ».
Source : The Conversation
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