Sandra : Comment faire un bébé quand on est séropositif ? Aujourd’hui, nous allons parler de l’AMP, l’Assistance médicale à la procréation. Mais sachez qu’il y a d’autres possibilités. Notamment la méthode naturelle. Si vous souhaitez plus d’information, vous nous appelez au 01 40 40 90 25 ou bien vous nous contacter sur le site comitedesfamilles.net. Il y a aussi la brochure comment faire un bébé qui est disponible sur le site comitedesfamilles.net. Sylvie Epelboin est avec nous pour en parler. Vous recevez des couples concernés par le VIH qui souhaitent passer par l’AMP. Alors qui sont-ils ces couples ?
Sylvie Epelboin : La plupart du temps ce sont des couples qui présentent un problème d’infertilité. Soit l’homme, soit la femme qui…
Sandra : Ce n’est pas forcément à cause du VIH. Les personnes séropositives qui souhaitent passer par l’AMP. Est-ce que c’est plus à cause de l’infection VIH ou c’est vraiment à cause des problèmes de fertilité ?
Yann : D’âge…
Sylvie Epelboin : Je me suis interrompue parce qu’effectivement je commençais par là. Parce que la plupart des personnes qui sont séropositives sont effectivement dans un problème d’infertilité. L’autre indication bien évidemment étant le souhait d’avoir un enfant sans risque de transmission entre l’homme et la femme. J’étais un petit peu désarçonnée par le fait que vous avez annoncé qu’on parlait de l’AMP alors que je pensais d’emblée procréation et ou procréation naturelle ou auto-insémination quand c’est la femme, voilà. Ca y est, je me suis ressaisie.
Sandra : L’AMP, parce qu’on n’a pas le temps de détailler toutes les méthodes et comme vous, vous êtes spécialisée dans ce domaine-là, je me suis dit c’est l’occasion d’en parler…
Sylvie Epelboin : On serait sur une autre radio et dans un autre type d’émission sur l’infertilité, je répondrais de façon cinglante mais courtoise que l’AMP ce n’est qu’une technique et que dans un centre de médecine de la reproduction on reçoit des gens qui ont envie d’avoir un bout de chou et l’AMP n’est qu’une technique. Mais là évidemment on est dans les deux circonstances. Soit des personnes adressées après avis de leur infectiologue qui pensent qu’ils doivent passer par l’assistance médicale à la procréation. Soit des personnes pour qui l’infectiologue a admis tout à fait la procréation naturelle avec des rapports ciblés dont on ne va pas parler aujourd’hui mais qui vont avoir ou des échecs de ces tentatives-là ou bien des échecs d’autoinsémination quand c’est la femme qui est séropositive.
Sandra : Ce n’est pas tous les hôpitaux qui reçoivent des couples concernés par le VIH pour l’AMP, et donc comme vous, vous travaillez dans un service où l’AMP se pratique, c’est pour ça que c’est l’occasion d’en parler avec vous. Et d’ailleurs dans la brochure « Comment faire un bébé » il y a une liste des hôpitaux où les personnes séropositives peuvent aller, si elles souhaitent passer par l’AMP. Je ne vais pas donner les numéros à l’antenne, vous pouvez nous appeler au 01 40 40 90 25. Je donne ces noms d’hôpitaux avec réserve parce qu’en fait quand on a appelé à nouveau, certains numéros qui ne répondaient pas. Donc Amiens c’est bon, Besançon c’est bon, Bordeaux pas de problème, Lyon ça sonnait dans le vide donc il faudrait revoir, peut-être que le numéro n’est pas bon. Marseille c’est bon. À Paris il y en a 3. L’hôpital Bichat, Cochin et la Pitié-Salpêtrière. Mais on va revenir là-dessus. L’hôpital à Rennes, ça sonnait dans le vide donc à revoir aussi. À Strasbourg et Toulouse c’est bon. Donc ça ne fait pas beaucoup d’hôpitaux, surtout pour ceux qui habitent en province. À Paris il y en a quand même trois services même s’il y a quelques difficultés, je pense par exemple au délai d’attente. Quels sont les délais ? Un couple qui souhaite passer par l’AMP, combien de temps ? La personne veut avoir un bébé, en général c’est pour tout de suite. Mais, il y a des délais d’attente. Combien ?
Sylvie Epelboin : D’abord une petite précision. Il n’y a plus la Pitié-Salpétrière. Parce que l’équipe a déménagé à Tenon qui par ailleurs est en restructuration au niveau du laboratoire. Il y a une autre façon d’avoir les coordonnées, c’est d’aller sur le site de l’agence de la biomédecine, qui régule toute l’activité d’assistance médicale à la procréation en France. Donc c’est sur le site, il suffit de taper agence de la biomédecine ou bien procréation médicale.org, enfin…
Sandra : Je me mettrais l’information sur notre site.
Sylvie Epelboin : Et donc il y a l’ensemble des centres en France dont les 12 centres qui s’occupent de traiter les couples dans un contexte viral, VHB, VHC ou bien VIH. Le temps est long comme il est long pour l’ensemble des couples. Mais ça dépend un petit peu ce qu’on envisage. Dans les centres d’assistance médicale à la procréation, on a des rendez-vous qui sont souvent à distance de plusieurs mois pour un premier rendez-vous. Mais ensuite les rendez-vous vont s’enchainer. Il y a…
Yann : Il faut compter à peu près 6 mois pour le premier rendez-vous sur Paris ?
Sylvie Epelboin : Non, je dirai plutôt 3 à 4 mois ce qui est déjà beaucoup. Et il y a des conditions différentes selon que le gynécologue a déjà fait un premier bilan. Donc les gens arrivent avec un bilan de fertilité ou bien si le couple vient simplement dire on voudrait un enfant et on voudrait les conseils pour savoir de quelle façon on s’y prend et à ce moment-là on lance le bilan. À l’heure actuelle, dans la plupart des centres contrairement à ce qui se passait il y a 15-20 ans, il n’y a ensuite pas d’attente quand l’ensemble du dossier complet, on se dit que, on peut engager des techniques avec des chances pour les couples d’avoir un enfant au bout du compte. Quand ce dossier est complet, la prise en charge est très rapide alors qu’il y a au début de la FIV et pendant une dizaine d’années, il y avait parfois plusieurs mois voir un à deux ans.
Yann : Donc si on veut faire gagner du temps aux personnes qui sont et par l’âge et par l’envie pressée d’avoir un enfant, il est quand même conseillé d’arriver au premier rendez-vous avec un maximum d’information, vous le disiez, notamment un bilan de fertilité et pour l’homme et pour la femme et ensuite toutes les… parce que là, c’est vrai qu’on parle plutôt des personnes soit qui vivent en couple sérodifférent, soit un couple séropositif avec le bilan HIV, sanguin, hématologique et tout ça quoi. Plus on vient avec…
Sylvie Epelboin : Le premier interlocuteur c’est soit le médecin traitant gynécologue de la femme, soit l’infectiologue et c’est une donnée qui est un petit peu récente, qui ressort du rapport Morlat, qui est que finalement, dans un suivi VIH. Il est important pour l’infectiologue d’aborder l’éventuel projet d’enfant comme on aborde les autres éléments de confort de vie. Soit il y a un projet, soit il n’y en a pas. Il ne s’agit pas de forcer tout le monde à avoir un enfant, bien évidemment. Pas plus que quand on est séronégatif mais il y a quand même des informations de résultats qui sont moindres, on va peut-être en parler ultérieurement, en assistance médicale à la procréation chez l’homme ou la femme séropositive et surtout chez la femme. Et donc, que cette information soit disponible pour les couples de façon à ce qu’un projet d’enfant qui serait envisagé pour plus tard mais envisageable un petit peu plus tôt, soit reconsidéré à la lueur des informations. Donc c’est ce qui est recommandé dans le rapport Morlat avec la plupart des centres, qui essayent de mettre sur pied ce qu’on appelle une consultation pré-conceptionnelle.
Tina : Par rapport au bilan qui serait possible de faire déjà en amont comme disait Yann, est-ce qu’un gynécologue peut déjà faire ordonner à sa patiente ces examens-là ou c’est seulement le gynécologue en AMP qui pourra faire ordonner les bilans un peu plus poussés vers la fertilité. C’est ce que j’avais compris. C’est que ça se fera uniquement par le médecin d’AMP.
Sylvie Epelboin : Pas du tout. C’est tout le contraire, c’est-à-dire que le médecin traitant compétent, gynécologie, enfin, en procréation humaine, ce que devrait être un certain nombre aussi de généraliste à l’heure actuelle avec la pénurie de gynécologues, peut parfaitement demander un bilan de la réserve ovarienne, qui est une prise de sang pour des hormones chez la femme, une radio de l’utérus et des trompes quand il y a eu un contexte infectieux malheureusement assez fréquent, soit contemporain de la contamination VIH, soit à un autre moment de la vie. Et il y a un spermogramme, c’est-à-dire un recueil de sperme avec analyse des paramètres spermatiques chez l’homme. Tout médecin est habilité pour le faire et c’est muni de ces renseignements qu’éventuellement une consultation pré-conceptionnelle pourra rassurer le couple en disant bah écouter, vous avez le temps, tout est bien, il n’y a pas de souci donc vous êtes dans les conditions de n’importe quel couple suivant les conseils de votre infectiologue sur la procréation naturelle ou les auto-inséminations etc. Ou bien le passage en fécondation in vitro quand c’est l’homme qui est atteint. Ou bien, d’emblée on s’aperçoit que les trompes sont bouchées ou qu’il y a une baisse de la réserve ovarienne en follicule qui est était moins de la fertilité de la femme ou bien des anomalies des spermatozoïdes chez l’homme qui font que là, il faut avoir recours à un spécialiste de la fertilité humaine.
Tina : Vous disiez que la fertilité pour les personnes séropositives baisse plus rapidement, surtout pour la femme, c’est ça ?
Sylvie Epelboin : C’est des données qu’on a depuis quelque temps qui ont fait l’objet d’un certain nombre d’études et à l’heure actuelle nous même avons ce recul et une étude en cours de publication. On ne sait pas si c’est la pathologie en elle-même et la durée de la pathologie. Mais comme d’autres pathologies en médecine interne se sont révélées également avoir un retentissement sur la fertilité qui est une des fonctions parmi d’autres. La maladie peut retentir sur les paramètres de fertilité.
Yann : Le traitement peut-être ?
Sylvie Epelboin : Le traitement c’est effectivement la deuxième question mais est-ce que cette question se pose quand toutes les recommandations actuelles sont à traiter le plus précocement possible, et là je rentre dans un domaine où je ne suis plus légitime. C’est une question. En tout cas, si on ne peut pas jouer sur ce deuxième facteur puisque finalement il y a tous les bénéfices aussi du traitement. Et bien, ce qui est fondamental, c’est accumuler les connaissances et les transmettre aux personnes qui souhaitent avoir un enfant de façon à ce qu’elles puissent disposer de leur projet en fonction de l’information dont elles disposent également.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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