Jeanne : J’ai 49 ans, mère de 4 enfants. Je suis orpheline depuis toute petite et puis je me suis dit quand je serai grande, je vais faire quelque chose pour aider les orphelins parce que je suis passée par là. En 2010, j’ai commencé la construction d’un orphelinat au Cameroun que j’ai nommé FOPE. Fondation des orphelins Pauline et Émile. Donc Pauline, c’est ma feu mère et Émile c’est mon feu papa. En 2011, j’ai créé ici l’association ASSODA, association de solidarité pour les orphelins et démunis d’Afrique, qui est basée à Nogent-sur-Marne. Pour le moment j’ai des gens qui m’aident mais pas financièrement parce que l’association n’est pas encore très connue, mais matériellement il y a les dons qui rentrent, les jouets, les vêtements, beaucoup de choses pour les enfants et que je vais partir au pays. Et en 2012 il y a le directeur de Bricorama de Villiers à qui j’ai fait un courrier pour lui demander de l’aide par rapport à l’acheminement de la construction de l’orphelinat et qui m’a donné beaucoup de matériaux pour l’avancement des travaux. Je le remercie beaucoup parce qu’il a été très généreux pour nous quoi. En ce moment, on est encore là, si vous allez dans le site assoda-fope.com, vous allez voir où on en est avec la construction et le mail c’est fope2012@yahoo.fr
En ce moment, chaque année je vais au pays deux fois. En juillet, pour préparer la rentrée scolaire des enfants et en décembre pour faire un arbre de Noël. Et il n’y a pas que des orphelins, il y aussi des enfants qui sont issus des familles pauvres, les enfants de la rue, les enfants démunis. Et même les lépreux aussi parce que j’ai eu à faire des dons à la léproserie de Dibamba où j’ai amené des dons alimentaires, vestimentaires et tout quoi. J’ai reçu même un courrier par la directrice de remerciement. Cette année je suis encore en train de préparer un conteneur d’affaires pour aller préparer la rentrée scolaire. Là, je vais le 20 juillet, là il me faut vraiment des fonds pour le conteneur. J’ai besoin des fonds, des aides financières parce que je suis en train de faire des cartons et aussi besoin d’un local où stocker parce que pour le moment je stocke chez les employeurs qui font partie de mon association, qui savent ce que je fais et qui aiment bien le projet quoi. Donc il me faut un local pour stocker des affaires parce qu’il y a beaucoup de choses, des fournitures scolaires, des jouets, des vêtements tout ce qui concerne les enfants et même les adultes, les lépreux, tout le monde quoi. Je n’ai pas de moyen pour les faire partir. Mais je dois me rendre au pays le 20 juillet et je dois faire partir un conteneur d’ici la fin du mois.
Sandra : Donc là, c’est un appel assez urgent. J’appelle à la solidarité des auditeurs. Vous pouvez nous appeler au 01 40 40 90 25 ou bien nous laisser un message sur le site comitedesfamilles.net.
Lucas : Je voulais savoir si le gouvernement camerounais t’aidait ?
Jeanne : Pour le moment ils m’ont dit qu’il faut que je tourne pendant 3 ans avant d’avoir de l’aide, des subventions. Il faut tourner trois ans.
Lucas : Tu m’as parlé d’un footballeur qui habitait dans le village de l’orphelinat.
Jeanne : Moi, je suis originaire de Japoma. Roger Milla, c’est un grand footballeur et il est ambassadeur. La fois dernière en 2012 quand j’ai amené le conteneur, je l’ai appelé et je lui ai dit que vraiment j’étais bloquée au niveau de la douane parce que j’ai eu trop de soucis. Je ne m’attendais pas à ça. Je me disais que le Cameroun devait m’aider quoi à faire sortir le conteneur. Mais j’ai dû m’endetter pour sortir ce conteneur. Jusqu’au aujourd’hui je paye encore les dettes. J’ai appelé mon frère Roger Milla en lui disant que je suis bloquée au port. Comme il est ambassadeur, est-ce qu’il ne pourrait pas m’aider avec ses connaissances. Il m’a dit : « Je ne peux rien faire ». Donc ça m’a un peu déstabilisée.
Yann : Il y a le Camerounais Eto’o aussi.
Jeanne : Oui aussi. Dernièrement ma fille m’a dit : « Eto’o a lancé un truc sur Facebook, il faut qu’on réponde peut-être qu’on aura quelque chose venant de lui ». On a écrit mais on n’a rien reçu. Je me dis que comme il est aussi trop sollicité. Mais je sais que c’est quelqu’un qui fait beaucoup d’aide, beaucoup de bien au pays.
Yann : Oui, il veut vraiment investir dans le pays.
Jeanne : Il aide beaucoup les gens mais jusqu’à présent je n’ai rien reçu.
Yann : Est-ce qu’on peut connaître le coup d’un envoi d’un conteneur ?
Jeanne : Oui, le 40 pieds m’avait couté 4000 euros que j’ai déboursé de mes propres fonds parce que personne ne m’a aidé.
Yann : Et là il te manque vraiment les 4000 où il y a déjà un petit fond ?
Jeanne : Oui, là j’ai 1500. Là, je ne vais plus amener à 40 pieds parce que c’est trop cher. Je veux prendre un 20 pieds. J’ai eu le contact avec SDV qui m’a dit qu’un 20 pieds c’est 2500 euros.
Yann : D’accord donc on est surtout urgemment à la recherche de 1000-1500 euros pour l’envoi.
Jeanne : Voilà. Et arrivé au pays au niveau de la douane je vais demander l’exonération parce que j’ai eu trop de problèmes la fois dernière. Du coup j’ai été obligée, parce que les gens au Cameroun ils aiment bien, c’est la corruption ! Ils demandent toujours de l’argent, : « Vous avez combien, vous avez combien ? » J’ai dit : « Je n’ai rien, moi je suis venue aider nos enfants, je ne sais pourquoi vous me demandez de l’argent ». Alors je suis allée voir le ministre des Finances Alamine Ousmane Mey qui m’a accordé 50% d’exonération parce que là on me demandait de payer 8,4 millions CFA. (Ça fait 12805,72 euros)
Lucas : Pour en revenir à l’orphelinat, tu t’occupes de combien d’enfants là-bas ?
Jeanne : Là, pour le moment je m’occupe de beaucoup d’enfants parce qu’il n’y a pas que les enfants qui sont basés chez moi, il y a les enfants du village aussi et les enfants qui viennent d’ailleurs. Quand je fais les aides, quand je distribue les dons, il y a parfois 200 enfants, 150 à 200 enfants qu’il faut nourrir le jour de la fête, habiller et il faut donner à chacun un paquet.
Yann : Et comment ça se passe ? Ça veut dire que l’enfant démuni, l’enfant de rue peut ce jour-là, parce que je crois que la structure n’est pas encore ouverte tous les jours.
Jeanne : Oui, ce n’est pas encore ouvert.
Yann : peut ce jour-là vraiment se sentir en famille chez lui et peut venir sans contrainte.
Jeanne : Oui, sans contrainte.
Yann : C’est formidable ça.
Sandra : On a déjà parlé à l’émission des personnes séropositives qui vivent au Cameroun. Est-ce qu’il y a là-bas des enfants qui sont concernés par le VIH ou des parents ?
Jeanne : Oui, des jumeaux-là dont leurs parents sont morts de cette maladie, mais eux, Dieu merci ils ne sont pas atteints. Je m’occupe d’eux aussi. Il faut payer la scolarité et tout, tout ça à mes frais. Et puis je lance un appel à Yannick Noah qui est aussi mon frère camerounais. Vraiment s’il peut me venir en aide pour ce truc.
Yann : On va essayer de l’inviter !
Sandra : Pourquoi pas. Lucas je te charge de cette mission.
Yann : Un bon discours de gauche, ça va peut-être marcher.
Lucas : Je m’en occupe.
Sandra : En tout cas, c’est un très bon projet que tu as monté toute seule quasiment. Félicitations.
Jeanne : Oui, avec mon petit héritage que mes parents m’ont laissé. J’ai dit pourquoi ne pas faire un truc pour ces enfants et je me suis lancée et c’est là où j’en suis.
Sandra : J’espère que ça va continuer, il ne faut pas que ça s’arrête.
Jeanne : C’est ça parce que les gens me disent, mais qu’est-ce que tu gagnes en faisant ça ? Tu ne gagnes rien. Tu ne fais que dépenser ton argent pour ces enfants. Toi, tu n’as rien en retour. Moi le plaisir, c’est de les voir heureux. Quand je donne, je vois comme ils sont contents. Moi-même je suis heureuse. Donc pour moi c’est un challenge. Je vais aller jusqu’au bout si Dieu me donne la vie.
Yann : Bravo Jeanne.
Sandra : Appelez-nous au 01 40 40 90 25 ou bien vous nous laissez un message sur le site comitedesfamilles.net pour prendre contact avec nous, même matériellement aussi, des solutions, des pistes, des aides à qui elle pourrait demander, n’hésitez pas.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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