Sandra : Jean tu appelles de Lille. Je précise pour les auditeurs. L’étude Ipergay, tu connais ?
Jean : En fait j’ai lu. Mon point de vue est le suivant, la plus belle des thérapie pour un séropositif et un séronégatif c’est l’acceptation de l’un et de l’autre. Alors pourquoi se charger, il y a d’autres moyens de plaisirs dans l’acte sexuel. Et ça c’est extraordinaire de s’accepter l’un l’autre. Pour moi cette thérapie, cette prévention est relativement lourde. Elle va empêcher un désir sexuel profond. Je ne vois pas la raison de cette prévention.
Sandra : Pourquoi dis-tu que ça empêche un plaisir ? Le fait qu’un séronégatif prenne un traitement, du Truvada en l’occurrence, juste avant le rapport tu trouves que ça freine ?
Jean : C’est aussi le : avant pendant et après.
Sandra : C’est avant et après. C’est ça ? Pas pendant.
Hugues Fisher : Non il n’y a ni de mieux ni de moins bien, il y a un protocole extrêmement précis : on ne peut prendre du Truvada que toutes les 24H. Donc si on commence un peu avant, il faut quand même avoir pris les premiers comprimés au moins deux heures avant. Sinon ça risque de ne pas être efficace. Et puis ensuite c’est toutes les 24H jusqu’après un éventuel rapport à risque. Autrement dit on ne se gave pas de pilules en baisant. Soyons simples.
Jean : Je suis séropo depuis 20 ans et le fait d’être à deux c’est du bonheur. On peut trouver d’autres moyens de plaisir.
Sandra : Oui mais il y a un problème dans la population homosexuelle, d’après ce que j’entends, c’est qu’il y a un relâchement du préservatif. Pas que dans la population homosexuelle, partout, mais il y a tout de même un relâchement du préservatif et donc les chercheurs essayent de trouver des solutions. Il y a cette étude Ipergay. Toi tu n’es pas favorable pour cette idée, mais qu’est-ce que tu proposes pour que les personnes aient toujours envie de mettre le préservatif ? Je poserais la question à Yann et Christophe.
Jean : Ce n’est pas que je ne suis pas favorable c’est qu’il y a un problème de communication. C’est pareil pour tous les couples, s’il n’y a pas cette communication entre les deux partenaires il y aura un relâchement.
Sandra : On ne parle pas des couples , je pense que tu n’as pas compris le cadre. Tu vois l’essai Ipergay est proposé dans les lieux de rencontres en fait. Comme les saunas… je ne connais que les saunas. Donc l’idée n’est pas d’être en couple. S’amuser et prendre du plaisir tout en se protégeant.
Jean : On parle de préservatifs depuis des années et des années pourtant on arrive pratiquement au même nombre de nouveaux cas chaque année.
Sandra : Donc il y a un problème ?
Jean : Voilà ! Et quels ont été les résultats de ces campagnes que l’on fait depuis des années ? Je trouve aberrant le comportement des gens.
Sandra : On t’entend un peu mal Jean, je vais laisser la parole à Yann et Christophe. À part le Truvada, que peut-on faire pour inciter les personnes à mettre le préservatif ? Déjà utiliser les moyens existants car j’ai vu que dans l’essai Ipergay, il y avait quand même du counselling qui consiste à rappeler aux gens qu’il y a le préservatif. J’ai du mal à comprendre car si l’on encourage à prendre le préservatif dans ce cas à quoi sert le Truvada ? Comment on fait pour savoir si ça marche ou pas ?
Yann : Simplement pour éviter les accidents de préservatifs, qu’il claque ou qu’il tombe.
Christophe : Je reviens toujours au problème de responsabilité individuelle. Je suis désolé mais quand on a des comportements qui nous emmènent à gauche, à droite, que l’on soit hétéro ou homo. Quand on rencontre quelqu’un dans la rue, ça arrive dans les grandes villes, on ne pose pas la question c’est comportemental. C’est une responsabilité individuelle de ne pas prendre de risques ou alors de mettre un préservatif. Je respecte et admire l’essai Ipergay car ça peut devenir très important dans les années qui viennent pas seulement pour nous en France mais pour d’autres pays où le problème de VIH/Sida est bien plus grave que chez nous. Il ne faut pas toujours voir notre porte, mais dans cinq ans, dans dix ans et pas seulement en Europe ou en occident. Mais il est vrai que le relâchement du préservatif que je constate, et je ne suis pas le seul, dans les milieux homosexuels ou pas. Je m’interroge sur le niveau de responsabilité individuelle que nous devons avoir, séropositif ou pas. Les drogues que tu citais je ne connais pas, donc je ne peux pas en parler.
Sandra : Oui c’est Yves Welker qui parlait des drogues qui circulent, les drogues dites festives et qui désinhibent.
Christophe : Je comprends, mais je ne peux pas en parler car je ne connais pas. En revanche, au niveau des responsabilités il est vrai que le VIH a été banalisé depuis 15 ans, 20 ans, il n’y a pas de campagne sur la protection. Est-ce là le problème ?
Transcription: Lucas Vitau
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