Sandra: La première fois que vous avez eu un rapport sexuel, avez-vous utilisé un préservatif?
Gérard Pitiot: Non. C’était dans les années soixante. C’était la liberté, s’était le bonheur pour tous. Ça ne pouvait pas exister un truc comme ça, mourir en faisant l’amour ça n’existait pas.
Sandra: Et la première fois que vous avez entendu parler du VIH? Vous vous en souvenez? Quelle a été votre réaction?
Gérard Pitiot: Bien sûr c’était au début des années 80. C’était ambiguë car il y a eu de gros relents d’homophobie à l’époque et le VIH était forcement réservé aux homosexuels « de toute façon c’est leur faute c’est le diable qui les punit ». C’était épouvantable les conneries que l’on pouvait entendre. Puis petit à petit quand la population hétérosexuelle à était touchée, hétéros et toxicos qui ont aussi beaucoup véhiculés la maladie, le discours a changé de couleur et effectivement les gens ont pris la réalité. Si les autorités ont pris autant de temps à réagir par rapport aux seringues contaminé c’est aussi parce qu’il faut bouger les choses. Ce n’est pas facile. Ça paraissait tellement impossible, il y avait tellement de discours délirants dans l’air, que c’était une guerre bactériologique qui avait été lancée par les machins, les trucs.
Sandra: Encore aujourd’hui les gens se demandent quelle est l’origine du SIDA, même si ça existe, il y en a qui prétendent que le SIDA n’existe pas. C’est grave.
Gérard Pitiot: Si, il existe, mais certains prétendent qu’il a été envoyé par les puissances économiques.
Sandra: De toute façon les personnes infectées le sont et peu importe l’origine. Le plus important c’est qu’elles puissent se soigner et prendre correctement leur traitement pour rester en bonne santé. Et à votre fils vous en parlez du VIH? Vous lui faites de la prévention?
Gérard Pitiot: En fait il a 38 ans, il est père de famille alors je crois qu’il est conscient de ce problème depuis qu’il est adolescent donc voilà. C’est quelqu’un de responsable. Je n’ai pas de position d’autorité d’avoir avec lui.
Sandra: Vous connaissez les quatre modes de transmission du VIH?
Gérard Pitiot: Alors j’en connais deux. La voie intraveineuse, le sang et les rapports sexuels.
Sandra: Oui, il y a par le sang, les rapports sexuels, les échanges de seringues et transfusions sanguines. Il y a aussi de la mère à l’enfant s’il n’y a pas de traitement, c’est pour cela qu’une femme séropositive ne peut pas allaiter. Mais aujourd’hui si on prend les rapports sexuels, est-ce que vous savez s’il est possible pour une personne séropositive d’avoir un rapport sexuel sans protection sans qu’il y ait contamination?
Gérard Pitiot: C’est possible mais pas forcement.
Sandra: En fait il y a une condition que je rappelle pour ceux qui ne le savent pas: si une personne séropositive prend correctement son traitement, qu’elle a une charge virale indécelable depuis au moins six mois, qu’elle n’a pas d’autres MST, là, la personne séropositive peut avoir un rapport sexuel non pas protégé par un préservatif mais par le traitement. Il faut aussi que la personne séronégative n’ait pas de MST sinon ça ne marche plus. On voit que les progrès de la médecine ont bien changé la donne. C’est pareil pour faire un bébé aujourd’hui c’est possible si la femme prend correctement son traitement. Il faut bien évidemment qu’elle soit suivie par l’infectiologue et le gynécologue. Le risque de transmission est quasi nul. Car en médecine le zéro n’existe pas.
Transcription : Lucas Vitau
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