Sandra : Je vous propose d’écouter un autre entretien, cette fois-ci Lucas tu as interrogé Laurent Blum, qui fait partie du COREVIH Nord, qui est infectiologue à l’hôpital René Dubos à Pontoise et qui a parlé de l’économie. On l’écoute.
Début de l’enregistrement.
Laurent Blum : Une belle étude espagnole, manifestement, il y a dû avoir des pressions, je ne connais pas les détails du ministère de la Santé, pour essayer de réduire les coûts des antirétroviraux. Donc cette étude espagnole sur la réduction des coûts, s’est faite grâce aux changements de traitement concertés avec plusieurs praticiens, avec des traitements moins couteux et une évaluation à 48 semaines. Pour voir si finalement on prenait un risque pour le patient. Donc tous ces patients avaient une charge virale indétectable et ils ont pris, c’était sur 2100 patients. L’évaluation a été économique, voir combien on gagnait, sur les effets secondaires avec ce changement de traitement et sur est-ce que ce changement de traitement avait entrainé un échappement virologique. Les switch, c’est-à-dire les modifications de traitement, essentiellement donc c’est Truvada contre le Kivexa. Le Kivexa était moins cher que le Truvada. Il y a eu beaucoup de patients qui étaient sous trithérapie de type on va dire Prezista, Truvada et qu’on a mis sous monothérapie protéase. On a modifié également le traitement par Raltégravir Isentress qui est un produit plus cher et on a remplacé par une autre molécule. On a utilisé les génériques et puis on a fait des changements pour Névirapine et Efavirens. Donc vous voyez sur la diapo en bas, ce qui a été le plus utilisé c’est Truvada contre Kivexa, le changement en terme de volume mais en terme de coût finalement ça a apporté un gain mais pas aussi important que la monothérapie d’antiprotéase. Ces modifications en fait sur les 2100 patients qui étaient suivis dans plusieurs centres, il y a eu 378 personnes qui ont eu ce changement de traitement pour des raisons de réduction de coût. 56% des changements au total de ces 2100 patients, étaient pour réduction de coût. L’économie, 87 409 euros par mois. Une économie tout à fait importante. Est-ce que ces patients à 48 semaines ont échappé, est-ce qu’ils avaient des effets indésirables du traitement ? 84% des patients avaient le même régime sans échappement virologique. Pour ces 84%, pas d’effet indésirable et pas d’échappement virologique. Les effets secondaires liés aux nouveaux traitements, 5% des cas. Échappement virologique dans 2% des cas. Donc en plus il n’y a pas de groupe comparateur dans cette étude bien sûr, donc c’est relativement faible.
La deuxième chose qui m’a paru intéressante sur la partie économique, c’est les CD4. Vous savez que les CD4, c’est vraiment une variable très importante pour voir où on en est sur le plan immunologique. Mais franchement on est en fait souvent beaucoup trop. Sans regarder, on prescrit CD4. Il y a une étude qui a voulu évaluer la fréquence de prescription de CD4. 56 000 patients à New York, une grosse étude. On a regardé le nombre de tests prescrits par les cliniciens chez des patients qui étaient contrôlés, ça c’est important, un bon contrôle virologique. Moins de 400 copies et avec des CD4 qui étaient à plus de 200. Effectivement moins de 200 ça pousse à introduire certaines molécules… et ils étaient stables depuis un an. Et puis ils ont regardé le calcul du risque dans cette population qui était indétectable, d’avoir des CD4 inférieurs à 200 qui pose un peu un problème. Ils ont exclu les patients dès que la charge virale était détectable puisqu’on ne le surveille pas de la même façon. Il y a 2,8 mesures de CD4 par an en moyenne. C’est des patients bien contrôlés sur le plan virologique. Ça varie entre 0 et 4. La probabilité dans une population qui a des CD4 initiaux à plus de 350 au départ, que ça passe en dessous des 200, est très faible après 2 ans de traitement. Et la probabilité que ce soit supérieur à 200 est supérieure à 90%. Les auteurs concluent pour quelqu’un qui a plus de 350 CD4, qui a une charge virale contrôlée, un seul dosage de CD4 par an suffit. Et grâce à ça, vous voyez les économies, 3 millions de dollars par an sont économisés.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Laurent Blum sur les économies à faire. Deux questions pour toi Yann. Il a parlé des médicaments génériques pour le VIH. Est-ce que toi, si on te propose un générique, est-ce que tu serais prêt à la prendre parce que ce serait plus économique ?
Yann : Oui. Je les prends depuis l’enfance, je prends des génériques.
Sandra : Ok, donc ça ne te fait pas peur parce que…
Yann : Non. Si tu veux on peut comprendre qu’un médicament qui rentre au bout d’un moment, que les laboratoires se soient bien remboursés et gavés, c’est normal que ça rentre dans le domaine public et du coup qu’on fasse une copie moins chère. Après, c’est toujours la confiance qu’on a face aux laborantins et aux médecins, de se dire, est-ce qu’on a le même médicament ? Mais juste espérer que oui.
Sandra : Alors chers auditeurs, êtes-vous d’accord avec Yann ou pas ? Réagissez sur le site comitedesfamilles.net ou au 01 40 40 90 25. Deuxième question pour toi Yann, les CD4, est-ce que c’est quelque chose que tu regardes beaucoup ?
Yann : Pas plus que ça, mais je sais qu’il est important, plus tu en as, plus… alors il y a toujours des blagues intéressantes pour les gens qui en ont plus de 1000, je leur demande s’ils en ont à vendre ou à louer tu vois. On sait que c’est important comme le dit… et je trouve l’intervention de Laurent Blum vraiment importante et bien parce que c’est très clair, il donne des informations importantes et voilà. Après, si on peut faire des économies avec le même résultat et sans effet indésirable et tout ça, oui, il faut le faire.
Sandra : Lucas, tu m’avais dit que ce sujet les CD4, après il y a eu un débat dans la salle, ça a amené beaucoup de discussion.
Lucas : Oui.
Sandra : Les gens n’étaient pas trop d’accord.
Lucas : C’est ça, exactement. Un patient a posé la question faut-il vraiment s’intéresser au taux de CD4 et avoir donc plusieurs examens par an sur le taux de CD4. Certaines personnes ont dit oui moi c’est vraiment ma jauge et d’autres ont dit non c’est la charge virale qui m’importe le plus. Le taux de CD4 j’aimerai l’étudier qu’une fois par an et pas plus. Cette personne a dit que c’était trop de l’étudier 3 à 4 fois par an.
Yann : Donc dans la majorité, tu penses que les personnes présentes étaient d’accord pour dire qu’on faisait trop d’examens par rapport aux CD4 ?
Lucas : Non. C’est pour ça que ça a bien débattu. Une partie de la salle était d’accord et l’autre ne l’était pas. Ça faisait vraiment moitié.
Yann : Et c’est plus des patients qui n’étaient pas d’accord que la partie professionnelle du coup ?
Lucas : Là, c’était vraiment un débat entre patients alors que normalement les débats devaient être entre patients et professionnels, et là c’est un débat qui s’est déroulé qu’entre patients.
Yann : Etonnant.
Sandra : Il y avait beaucoup de patients lors de cette conférence post CROI.
Lucas : Ah oui, la salle était presque comble.
Sandra : Réagissez sur le site comitedesfamilles.net.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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