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29.01.2014

Forum des auditeurs avec Samantha : «J’ai hésité à faire un dépistage rapide à cause de l’accueil de AIDES»

Message de Samantha :

« Je suis moi aussi allée me faire dépister dans un local de AIDES à Paris. Tout s’est très bien passé mais une chose m’a gênée : l’interrogatoire quand on rentre. La personne m’a demandé si je pensais avoir pris un risque. J’ai répondu non cela fait un moment que je n’ai pas eu de relation sexuelle et avec mon dernier copain, on avait fait un test au début et qu’on était fidèle l’un envers l’autre. Sa réponse : « Bah pourquoi vous venez faire un test alors ? » Je lui ai dit : «Juste comme ça, pour savoir, pour être sûre ». Elle me dit : « Parce qu’en fait nous prenons les personnes qui vraiment pensent avoir pris un risque car il y a beaucoup d’attente, je vous propose d’aller dans un centre de dépistage anonyme… mais c’est comme vous voulez ».

Bah franchement j’ai hésité du coup. Je ne me sentais pas bienvenue. En plus toutes ces questions ont été posées dans un espace pas très confidentiel, je n’avais pas envie de raconter toute ma vie ! Mais comme j’ai pris le temps de me déplacer jusqu’à l’association j’ai fait le test qui s’est avéré négatif. »

Bruno Spire : Je regrette qu’elle ait ressenti ça. Il faut savoir qu’il y a une certaine pression pour que nous fassions dans les associations du dépistage vers les personnes les plus à risque. C’est une pression des financeurs. On nous dit vous devez justement pas, avec le test rapide, être en concurrence avec les centres de dépistage anonymes et gratuits. Donc ceci explique sans doute ce qui a dû se passer dans cet accueil de AIDES. Ce n’est pas pour autant, ça aurait être fait de façon plus fine. Et en même temps, je pense que de toute façon c’est illusoire de croire qu’on va pouvoir arriver à dépister que les personnes qui ont pris des risques et c’est un peu difficile. Alors après il y a des gens qui spontanément vont vouloir préférer aller au CDAG s’il n’y a pas d’urgence. Je pense que ce sont des situations qui sont assez complexes à gérer. Je dirai quand même qu’au global on a fait des enquêtes de satisfaction auprès des personnes qui viennent et on est à plus de 90% de personnes satisfaites. De temps en temps c’est bien qu’il y ait des coups de gueule, des gens qui ne soient pas satisfaits, faut le dire. Je ferai remonter ce que vous dites. Il ne faut pas que les personnes se perçoivent qu’elles ne sont pas les bienvenues. Mais globalement les gens sont quand même contents.

Bruno : C’est vrai que le but c’est aussi de dépister les personnes qui s’ignorent. C’est vrai qu’au niveau des CDAG j’ai vu que ces dernières années ils ont l’opportunité de faire des TROD aussi en CDAG. Ca peut être rapide, ça peut être un peu long. Toutes ces opportunités pour pouvoir dépister les personnes qui s’ignorent et comme les personnes à risque, je pense que c’est bien. Je pense qu’elle en ressort, elle a quand même eu son dépistage, voilà.

Tina : Moi, ce que je trouve en tout cas important c’est que, de ce que j’ai compris, c’est que dans les CDAG la discussion est jamais, souvent pas très poussée parce que justement les personnes ont parfois du mal à vraiment mesurer, est-ce que j’ai pris un risque ou non, c’est ça un peu la question. La plupart des personnes séropositives vont dire oui mais moi je n’ai jamais pris de risque. Donc je pense que, ce qu’il faudrait voir c’est aussi que dans les CDAG, il y ait une discussion plus poussée. Je pense que les professionnels ont moins de connaissance et savent moins bien expliquer les choses que dans les associations. Donc arriver à ce qu’à un maximum de personnes puissent avoir des messages assez poussés sur le risque et comment savoir si on a pris un risque et parler librement de sa sexualité, que je pense moins facile dans les CDAG. Donc je pense que les personnes qui vont chez AIDES c’est peut-être aussi pour avoir une discussion plus libre, plus poussée. Donc je ne sais pas si c’était le cas de Samatha, mais bon. J’imagine que si elle a préféré aller chez AIDES c’est parce que le cadre associatif lui convient mieux. Et c’est vrai qu’au Comité on a aussi pensé aller vers, pouvoir proposer des TROD pour que les personnes qui sont moins à l’aise dans les CDAG puissent faire le dépistage dans ce cadre-là.

Julienne : Je crois que ça dépend de la personne. Pour nous-mêmes les Africaines on ne sait pas ce que c’est risque. C’est ici que vous avez la liberté de parler du sexe, qu’il y a risque ou pas. Nous, on sait seulement que s’il faut protéger c’est contre la grossesse. D’abord, la maladie du VIH ça ne concerne pas tout le monde. C’est ici que quand tu arrives ici tu découvres que c’est… et quand tu arrives alors quelque part il faut que la personne essaye de bien… pour te faire comprendre de quoi il s’agit. Parce que s’il t’agresse, tu vas fuir. Puisque tu n’es pas habitué.

Sandra : Bruno Spire j’ai une question pour vous. Vous avez dit que les financeurs vous poussent à faire du dépistage pour les personnes qui prennent vraiment un risque. Mais j’imagine que quand vous avez demandé à être financé, vous avez axé sur ce point-là.

Bruno Spire : D’un point de vue de santé publique c’est sûr qu’il faut aller vers les personnes qui sont les plus exposés et qui ont des besoins de dépistage plus important. Des personnes qui sont régulièrement exposées au VIH, qui n’arrivent pas forcément à se protéger et qui prennent des risque de façon absolument régulière, quand elles vont dans des CDAG, ce qui avait été observé c’est que, on leur dit : « Encore vous mais vous êtes venu il y a 2 mois, pourquoi vous revenez ? ». Et c’est comme ça qu’a émergé le besoin de faire du dépistage communautaire. C’était la population la plus exposée qui a dit, puisque c’est compliqué d’aller dans un CDAG à cause des horaires d’ouverture, à cause de l’accueil un peu suspicieux vis-à-vis des pratiques, vis-à-vis du fait qu’on n’arrive pas à se protéger, faisons-le nous dans la communauté. C’est comme ça que ça a émergé. Et après les résultats des premières expérimentations pilotes qui ont été faites, on montré que justement le profil des personnes qui vient plutôt dans le dépistage communautaire, c’est des personnes un peu plus, entre guillemets, casse-cou par rapport au risque. Même chez par exemple des hommes gays. Les hommes gays qui fréquentent les CDAG ce n’est pas exactement le même profil que les hommes gays qui fréquentent le dépistage de AIDES. À AIDES ils sont un peu plus casse-cou, ils ont un peu moins peur des situations à risque et du coup, c’est encore plus important de dépister régulièrement. Du coup, toutes les autorités de santé ont dit, très bien, il y a une place pour le dépistage communautaire, on ne va pas voler le travail des CDAG, parce que vous allez attirer des profils différents. Donc vous devez pour être financé, bien montré que vous êtes dans le dépistage ciblé, que vous ciblé bien les personnes qui sont dans les groupes les plus à risque. Donc essentiellement hommes homosexuels et personnes migrantes. C’est essentiellement ça. Donc si on fait du dépistage avec beaucoup de personnes qui sont de la population générale, on va se faire taper sur les doigts. Donc ça, c’est sans doute une des explications. L’autre explication c’est aussi tout simplement un problème de temps de counselling. Quand on vient faire du dépistage en associatif, la plus-value c’est vraiment justement de pouvoir parler, de pouvoir parler de ses difficultés face aux risques et pas uniquement de faire un test comme ça pour vérifier. Je ne sais pas, je n’y étais pas, c’est difficile de dire. Peut-être que la personne de AIDES, l’a dit sans penser que ça allait être vécu comme intrusif, en disant voilà, on va déjà essayer de voir quel était le type de counselling qu’il va falloir faire et la personne s’est sentie peut-être pas très à l’aise avec ça et donc c’est senti un peu agressée d’une certaine manière. C’est assez compliqué, comme dans la relation médecin malade, entre ce que dit le médecin et ce que perçoit le patient, il y a parfois des décalages complets. Faudrait vraiment connaître tous les éléments de la situation pour mieux comprendre tout ce qui s’est passé réellement.

Bruno : Pour le dépistage rapide, faudrait voir sur les chiffres. Je pense que c’est adressé à tout le monde et je pense que ça peut inciter les personnes à se dépister, autant sur des populations à risque où il y a la crainte de comportement à risque, de vouloir revenir tout le temps. Quand c’est dispensé, je pense maintenant à l’ensemble pour tout le monde, pour toutes les personnes, pour moi ça va dans le bon sens.

Bruno Spire : On a fait à peu près 40 000 tests rapides l’année dernière sur 2013. Sur ces 40 000, on a à peu près 2/3 qui sont dans les populations les plus à risque et 1/3 des gens qui voulaient juste savoir où ils en sont. Donc on n’exclut pas ces personnes. Il y en a quand même un tiers. Quand on fait un stand dans la rue, même si on se met dans le quartier gay par exemple, dans le marais, il y a des personnes qui passent, on a un stand parfois rue de la verrerie derrière le BHV, s’il y a des personnes qui ne sont pas gays et qui viennent on ne va pas leur dire : « Désolé, vous n’êtes pas gay, on ne veut pas de vous ». Donc forcément quand on fait une action même ciblée, il y a automatiquement des gens de la population générale qui viennent. C’est pour ça qu’il ne faudrait pas croire sur la base uniquement de ce témoignage que notre dépistage est uniquement réservé aux personnes les plus à risque, même si, nous, nos objectifs c’est de cibler en priorité ces personnes. Ce n’est pas pour autant que s’il y en a d’autres qui viennent, on va les refuser.

Sandra : La discussion continue sur le site comitedesfamilles.net.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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