Je voudrais tout d’abord vous féliciter ainsi que votre équipe pour le travail formidable que vous faites à la radio, en vous écoutant, j’ai beaucoup appris sur moi et sur le VIH. J’ai eu des questions à mes réponses que je n’osais pas forcément poser, de savoir que je n’étais pas seule à vivre avec ce virus et que je pouvais rencontrer du monde et échanger.
Je suis sûre que ce que j’ai ressenti la première fois en vous écoutant, plusieurs séropositifs éloignés, isolé ou de parents le ressentent tous les mardis et vous sont reconnaissant. En leurs noms, je vous dis merci.
Je voudrais ensuite intervenir par rapport à l’émission du 11 mars sur « l’annonce de sa séropositivité aux enfants » !
Plusieurs intervenants d’origine européenne et la psychologue pensent que la meilleure méthode serait de le dire à l’enfant, avec des mots d’enfants vers l’âge de 5 ans, ensuite vers 10 ans, lui expliquer plus clairement et normalement, tout devrait bien se passer, enfants et comme si de rien n’était !
Dans ma communauté (je suis d’origine africaine, Afrique noire de l’Ouest) les choses sont un peu différentes, les personnes atteintes du VIH sont stéréotypées, des personnes maléfiques, sales et qu’on ne devrait pas approcher ! Quand on voit comment sont traités ceux qui ont osé parler de leur cas, on a envie de juste la fermer et essayer de vivre comme tout le monde ! Je sais qu’il faut que les choses changent mais comment faire ? Commencer peut-être par changer les mentalités ! J’ai discuté avec plusieurs Africains du Comité qui m’ont également conseillé de me taire, j’ai moi-même parlé de cela à un conjoint il y a une douzaine d’années, lorsque tout allait bien entre nous, il a gardé le secret et s’est bien comporté mais dès que la relation est devenue bancale (en plus par sa faute parce qu’il m’avait trompé) là il me tenait, c’était des menaces : si tu t’en vas, je dis à tout le monde que tu es sidéenne et ça a fini par arriver parce que je suis partie ! Sortant de ce cauchemar ou mon travail, mes voisins et mes amis étaient informés (et pas par moi ! Il m’a fallu démentir parfois), je n’osais plus en parler ! Et là, c’était un adulte !
Je suis persuadée de n’être pas seule à avoir vécu ce genre de situation, j’aurais souhaité que vous invitiez une personne africaine en plus de vos invités qui l’a annoncé à ses enfants sans problème pour avoir son expérience, non pas parce que celle que vous aviez donné n’est pas la bonne mais simplement parce que nous avons des cultures différentes et qu’il est très difficile de s’en défaire, « nous », oui j’ai une certaine pudeur qui me force à garder mes problèmes d’adultes pour moi ! Je suis aujourd’hui amoureuse et l’homme qui partage ma vie est bien sûr au courant de ma séropositivité et m’aide doucement à l’annoncer à mon fils de 16 ans, à qui je n’ai jamais osé le dire. Pour lui, ce serait mentir à un enfant que de ne pas l’informer mais moi je ne vois pas les choses de la même manière même si je sais qu’il a raison et qu’il va falloir parler de tout cela avec mon fils !
Merci d’intervenir massivement, j’aimerais avoir des avis de parents africains qui l’ont annoncé tardivement ! Merci de votre soutien !
Amicalement. Une auditrice anonyme
Sandra : Vraiment merci pour ce message que j’ai vraiment pris plaisir à lire. Je m’engage à chercher des personnes d’origine africaine, de votre communauté, qui sont passées par là ou qui ne sont pas encore passées par là. Ce serait intéressant de savoir si effectivement c’est vraiment différent entre la communauté africaine et la communauté européenne on va dire. Je me souviens que Francis avait témoigné là-dessus et il disait que les gens font tout un plat, dans la communauté africaine, c’est plus difficile, mais il s’est rendu compte aussi que chez les Européens c’était un sujet tabou le VIH et que c’était tout aussi difficile. Yann, que penses-tu de ce message ? Je sais que tu étais plutôt d’accord avec le discours de la psychologue et tu as toi-même participé à cette émission, tu es toi-même papa et tu étais d’accord avec les autres parents qui ont annoncé leur séropositivité à leurs enfants dès le plus jeune âge.
Yann : Oui, bien sûr parce que si on réécoute l’émission, mais moi je vis avec ma culture donc, dans le non-tabou sur énormément de sujets. Ce qui m’intéresse aussi avec mes enfants c’est d’avoir une relation d’adulte à adulte et qui connaissent aussi leur père autre chose que la vision uniquement du père ou du papa, qu’ils connaissent un petit peu l’individu. Après, bien sûr que je compatis à cette histoire parce qu’on sent dans cette lettre aussi, l’envie, la difficulté, le besoin de le dire aussi à son enfant. Il y a toutes ces problématiques. Mais après, je crois que s’il n’y a pas des formes de courage, dans n’importe quel combat de gens qui se mettent vraiment en avant pour défendre, parce que, je ne sais plus ce qui était dit mais, « maléfiques, sales, qu’on ne devrait pas approcher » même si c’est vrai, il y en a qui politiquement se sont investis et on gagné des combats. Parfois au risque de leur vie, c’est bien vrai. Mais on ne change pas les mentalités sans éclaboussure malheureusement. Donc j’espère que cette demoiselle va être entendue et qu’elle puisse vraiment massivement avoir un retour pour les gens qui ont vécu cette expérience d’origine africaine et qui peuvent donner un témoignage. Sandra, je pense que tu les prendras avec plaisir.
Sandra : Ah oui, complètement, avec plaisir. Que ce soit pour être d’accord ou pas d’accord, je prends tous les avis, la parole est libre. Appelez-nous au 01 40 40 90 25 ou bien vous nous contactez sur notre site comitedesfamilles.net.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :