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30.01.2014

Joël : « Je pense que le préservatif est la meilleure solution pour se protéger »

Sandra : Comment faire pour protéger mon partenaire séronégatif d’une contamination VIH ? Voici la réponse de Joël, il participe à la chronique prévention positive.

Début de l’enregistrement.

Joël : Disons, ce que je parle par rapport aux adolescents que je peux rencontrer ou même quand je fais des interventions avec des adultes, c’est qu’un moment donné, il y a deux choses qui sont importantes c’est de pouvoir déjà en parler, chose qui est très difficile quand on est séropositif et qu’on va être en recherche d’un partenaire, homme ou femme. Donc au moment où… enfin moi pour ma part, j’ai toujours annoncé ma séropositivité en avance. Pour moi c’est hyper important pour la santé de mon partenaire. La chose la plus naturelle et la plus logique, c’est qu’un moment donné je suis vecteur de quelque chose qui rend malade, entre guillemets bien entendu, mais tout naturellement je vais me protéger. Ou je vais le protéger parce qu’à un moment donné, c’est à deux qu’on peut faire une vie mais c’est à deux qu’on a un acte sexuel et de se dire à un moment donné je ne me protège pas, ce n’est pas grave, même si je leur colle le VIH et que je ne reverrai plus, dans le cadre d’une relation on va dire rapide, pour moi c’est le genre de choses que je ne conçois pas. À un moment donné je me suis fait plomber un peu je pense dans ce même type de rapport. Ma façon d’être c’est avant-tout de protéger l’autre. Moi je sais aussi me protéger donc c’est le plus important.

Sandra : Donc c’est le préservatif.

Joël : Je vais dire c’est préservatif oui, parce que pour l’instant il n’existe pas autre chose. Si on a un accident de préservatif, il existe toujours les structures d’urgences mais pour moi il n’y a que ça qui puisse, outre la parole au début pour l’annoncer. Je pense que le préservatif est la meilleure solution pour se protéger.

Sandra : Le fait qu’une personne séropositive qui prend correctement son traitement, qui a une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois, qui n’a pas d’autre MST. Donc ni elle, ni son partenaire évidemment parce que sinon là, ça ne marche plus. Donc si toutes ces conditions sont respectées, qu’il y a fidélité, le risque de transmission est quasi nul. Toi, comment prends-tu cette information ?

Joël : Voilà, c’est ce type d’information qui va être très vite déformé en disant, moi j’ai un bilan qui est très bon, le problème c’est que la personne qui est en face ne peut pas vérifier. Quand on rencontre quelqu’un c’est rarement un médecin qui a un laboratoire avec lui. Donc, je ne vais pas retomber dans la psychose, quelqu’un qui va trafiquer ses résultats pour avoir une relation sexuelle, mais quelques fois ça peut arriver. C’est hyper dangereux. Il faut que tout ça ce soit des messages… c’est important d’ailleurs de se dire à un moment donné, on est dans une relation très stable et qu’on peut oublier le préservatif et on vit notre sexualité normalement, c’est hyper important pour quelqu’un qui vit avec le virus. Mais, moi je dis mais, il n’y a pas 100%. Les 100% n’existent pas et le risque zéro n’existe pas. Il y a toujours ce fameux 0,1 ou 0,2, je sais que je suis peu titillant là-dessus mais il suffit d’une fois, il suffit que lors du rapport, je ne sais pas, le virus reprend et est beaucoup plus vigoureux, parce que ça peut arriver, alors je dis bien ça peut arriver, il y a un risque quand même. Pour ma part, je ne peux pas me permettre de faire courir ce risque à quelqu’un que j’aime même si quelquefois le préservatif c’est galère, ça j’en conçois c’est hyper compliqué. Mais ça peut être aussi un moyen de prévention qui est beaucoup plus ludique maintenant que ceux qu’on a connus il y a de très nombreuses années. Moi c’est ma façon de voir, c’est ma façon d’être. Je me dis que pour l’instant en 2013, 2014 on a fait d’énormes progrès dans la science mais le risque 0 n’existe pas. Il suffit d’une fois et après c’est compliqué à gérer.

Sandra : Que peux-tu conseiller comme préservatif ?

Joël : Comme on choisit un peu son vêtement, celui où on est le plus à l’aise. Moi je suggère souvent aux ados de tester, de se dire d’acheter une boite de capotes à plusieurs et de se dire, on va essayer. Dans les règles de l’art, pas non plus essayer en voulant absolument avoir une relation sexuelle non consentie avec quelqu’un d’autre, mais de se dire à un moment donné voilà, qu’est-ce qui me plait le plus, est-ce que c’est les plus fins, est-ce que c’est les plus épais ? Maintenant on a une gamme de préservatif qui, je pense, peut convenir à tout le monde, même les plus réticents, qui ont une épaisseur quasiment… qu’on ne connaissait pas et qui permet aussi de ressentir des choses, qui permet d’avoir un peu plus de plaisir et puis d’autres qui permettent d’avoir d’être utilisable sur certaines pratiques et pas sur d’autres. Maintenant on a cette chance-là d’avoir un panel de préservatif, bon certes qui ne sont pas donné, mais en les prenant à plusieurs voilà, les associations en délivrent aussi. Il y a tout ça qui fait qu’on peut se créer son petit stock. Faut faire gaffe aux dates de validité aussi mais on peut se créer son petit stock et puis vivre sa sexualité tout à fait normalement.

Sandra : Tu utilises un peu de tout en fait ?

Joël : Oui et disons… j’ai eu la chance d’être dans l’animation de prévention et comme j’ai eu la chance de travailler avec des grosses boites que je ne vais pas nommer, qui sont producteurs et créateurs de préservatifs, c’est les boites qu’on voit le plus souvent dans les magasins ou les pharmacies, eux ont créé tout un panel de choses et ont été à l’écoute des gens parce que c’est vrai qu’au début ils étaient un peu fermés à ça et maintenant ils ont écouté les personnes qui utilisaient les préservatifs en disant faut essayer de trouver les choses les plus fines, les plus résistantes aussi, ça c’est important. On retrouve le goût de la relation non plus avec un caoutchouc qui fait je ne sais pas combien de millimètres, mais quelque chose qui de plus fin, beaucoup plus agréable.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Joël au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH pour la chronique prévention positive. Une chose que j’ai oublié de préciser au début, c’est que Joël va de temps en temps quand il peut et quand il est sollicité faire des témoignages dans des collèges et lycées pour raconter ce que c’est vraiment la vie avec le VIH. C’est un projet aussi du Comité des familles, qui s’appelle le projet Madeleine. Je vais demander à l’équipe radio de réagir sur ses propos.

Bruno : Bonjour Joël déjà et merci pour son témoignage. J’ai connu le VIH dans les années 80, 90. Donc c’est vrai qu’à cette époque-là, l’espérance de vie c’était zéro. Aujourd’hui, grâce aussi aux progrès de la médecine et de toutes les personnes concernées par le VIH, il faut savoir, c’est vrai qu’aujourd’hui la protection par les médicaments plus toutes les recommandations citées tout à l’heure, je pense que ça protège autant qu’un préservatif parce que le préservatif peut casser. C’est une protection en plus. Pour moi, ce qui a beaucoup changé c’est qu’avec l’annonce de cette prévention positive, tout de suite ça nous a permis de voir plus loin. Je suis actuellement en couple sérodifférent et on a pu avoir un enfant et c’est vrai que ce désir d’enfant nous a aidés avec l’annonce de cette prévention positive.

Tina : C’est vrai que chacun, c’est un peu un choix, une question de personnalité, de choix personnel. Nous, on en a vu beaucoup au Comité qui ont dit malgré cette nouvelle, cette très bonne nouvelle rassurante, ils préfèrent continuer à utiliser le préservatif. Comme on dit, ça peut être aussi la prévention combinée, d’être sous traitement avec une charge virale indétectable et d’utiliser le préservatif donc c’est un peu un choix, tout dépend aussi si c’est dans le cadre d’un couple stable ou des partenaires occasionnels. C’est vrai que les jeunes, quand on vient pour parler, c’est plus pour leur expliquer comment faire quand ils rencontrent quelqu’un, qu’ils ont des rapports comme ça avec peut-être pas forcément un partenaire stable. Maintenant, au Comité, enfin de manière générale, pour les couples sérodifférents, il y a d’une part le désir d’enfant comme le disait Bruno pour lequel ça compte quand même beaucoup de savoir que le risque est peut-être pas zéro mais quasi zéro quand on a une charge virale indétectable et qu’on est en couple stable, je pense que c’est une nouvelle extrêmement importante. C’est aussi pour la personne comment elle se sent, se sachant séropositif, savoir qu’étant indétectable, on est finalement plus une bombe à contamination, c’est quand même aussi quelque chose qui aide à regagner en estime de soi.

Une situation que j’ai rencontrée dernièrement c’est un couple sérodifférent qui est venu au Comité, qui eux voulaient passer par l’AMP pour faire un enfant. Et en fait ils n’ont pas pu, ils ont été refusés du fait que la personne, la femme est séronégative, elle bénéficie de l’AME. Donc dans ce cadre-là, même qu’ils s’agissent d’un couple sérodifférent et qu’eux ils voulaient faire ça pour éviter une contamination, pour aller vers ce qu’il y a de plus sûr. Aujourd’hui en fait, sauf si le couple veut payer l’intrégalité de l’AMP, c’est plusieurs milliers d’euros, sinon ce couple se voit refuser la prise en charge en AMP. Et ça, ça date depuis un an. C’est ce qu’on m’a expliqué, un an que les frais ne sont plus remboursés dans ce cadre-là. Donc je me dis c’est quand même, d’un côté on nous dit le risque zéro n’existe pas mais je pense qu’il y a une certaine hypocrisie. Pourquoi on a décidé de refuser ce genre de couples, c’est bien parce que quelque part, le corps médical est bien rassuré qu’ils ne prennent pas de risque. Sinon, on se verrait en France à retrouver des couples se contaminer juste parce qu’on leur a refusé la prise en charge en AMP. Donc voilà, c’est vraiment ces jours-ci que j’ai rencontré cette situation. J’en étais pas du tout informé et je me suis dit c’est quand même, on nous fait tourner un peu en rond. On nous dit le risque zéro n’existe pas mais la prise en charge en AMP pour les couples à risque viral n’est plus pris en charge si la personne est seulement disons bénéficiaire de l’AME. Et je pense que ce genre de couples ça existe quand même souvent quand c’est une personne d’origine africaine qui a une AME et pas de mutuelle, pas de sécurité sociale classique.

Sandra : Merci pour cette information Tina. D’autres réactions ?

Bruno Spire : Beaucoup de choses ont été dites et je suis entièrement d’accord avec d’abord l’idée que le risque zéro n’existe pas y compris avec le préservatif. Joël s’en sort très bien avec le préservatif, c’est très bien. Il arrive à parler de sa séropositivité à ses partenaires et c’est parfait. Malheureusement il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas dans son cas. Il y a des gens qui n’arrivent pas à bien assumer leur séropositivité ou n’arrive pas à en parler non plus parce qu’en face la personne va les rejeter. Il y a des personnes en face qui ne vont pas vouloir de préservatif et si vous en voulez, vous êtes suspects, vous pensez que vous allez être séropositif et vous allez vous faire exclure de la relation sexuelle. Donc il faut comprendre tout ça. Je crois qu’il n’y a pas de séropositif qui a envie de transmettre le virus. Ça n’existe pas. C’est des légendes de journaliste ou des légendes de films de ciné. Dans la vraie vie, personne n’a envie de transmettre son virus. Donc il faut faire aussi attention au discours qui verrait qu’il y a des bons séropositifs qui sont bien à l’aise avec le préservatif et qui parlent de leur séropositivité, et les mauvais qui ne font pas comme il faut. Je pense qu’il y a aujourd’hui plusieurs outils. Le préservatif c’est un outil très simple, très facile, pas médical. Si on est à l’aise avec tant mieux mais si on n’est pas à l’aise et qu’on peut éviter de transmettre en prenant ses antirétroviraux, en étant observant, c’est bien aussi. Il n’y a pas la bonne prévention ou la mauvaise prévention. Il y a des outils et il faut tout faire pour donner l’information aux personnes et que ce soit les personnes elles-mêmes s’approprient l’outil avec lequel ils sont le plus à l’aise.

Sandra : Chers auditeurs vous pouvez réagir sur le site comitedesfamilles.net.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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