Sandra : Cette double séropositivité, quelqu’un qui est VIH1 et VIH2, comment c’est possible et du coup qu’est-ce qui se passe au niveau des traitements ? Est-ce c’est plus difficile pour trouver un traitement ?
François Simon : Les problèmes des doubles infections sont des problèmes d’abord de diagnostics très compliqués. Seuls quelques laboratoires très spécialisés pourront confirmer que le patient est bien infecté par les deux virus. On considère que le plus agressif des virus étant le VIH1, on va donc essayer de s’accrocher aux recommandations que l’on a pour traiter pour le VIH1. On va mettre bien évidemment des drogues qui sont actives, complètement actives sur le VIH2. Donc on va associer chez ces patients automatiquement ce qu’on appelle des antiprotéases avec des inhibiteurs nucléosidiques. Comme le traitement comme le Kivexa par exemple mais on mettra en plus des inhibiteurs de protéase de façon systématique pour lutter à la fois contre les deux virus. Comment est-ce possible ? Généralement dans l’immense majorité des cas et c’est pour cela qu’on le retrouve, ces doubles infectés en Afrique de l’Ouest, particulièrement en Côte d’Ivoire, c’est que les patients ont d’abord été infectés par le VIH2. Comme on l’a expliqué, ils vont vivre plus longtemps. Donc ils vont être exposés puisqu’ils ont attrapé une fois le virus pour une raison qui peut être une transfusion, une injection ou des rapports sexuels, rien ne les empêche d’attraper le second virus qui est le VIH1 et les patients se retrouvent doublement infectés par le VIH2 et le VIH1. Donc c’est des phénomènes très importants pour la recherche parce qu’on essaye de comprendre ce qu’on appelle l’interférence entre ces virus pour voir un petit peu ce qui se passe. Et globalement pour la pratique on considère que c’est aussi grave que si vous êtes infecté par le VIH1 seul. C’est-à-dire que le VIH1 va écraser un peu le VIH2. Ce sont des phénomènes extrêmement complexes et on travaille énormément sur ce sujet en ce moment.
Sandra : C’est ça qu’on appelle la surcontamination ?
François Simon : C’est la double infection par le VIH1 VH2. Cette surinfection peut arriver chez un patient qui est VIH1. Il peut se surinfecter par un autre VIH1. C’est extrêmement fréquent.
Sandra : Deux VIH1 ?
François Simon : Deux VIH1. J’ai parlé tout à l’heure des formes qu’on appelle recombinantes qui sont extrêmement nombreuses. Elles sont la preuve que les gens se surinfectent. Quand vous avez un facteur de risque, il est permanent, et lorsque vous avez attrapé une fois un virus, vous pouvez en attraper. C’est pour cela que la prévention reste toujours d’actualité et que bien évidemment la prise des traitements au niveau collectif diminue cette transmission et cette complexification des virus.
Yann : Donc, il y a peut-être aussi danger à, même si les charges virales pour deux personnes séropositives qui souhaitent faire l’amour sans protection, bien sûr en énonçant ce qu’on a dit tout à l’heure, c’est-à-dire une charge virale indétectable et tout ça, tout ça, depuis au moins 6 mois, y-a-t-il un risque, étant donné qu’ils peuvent avoir deux génotypes différents, ils peuvent avoir vraiment des groupes différents, y-a-t-il un risque de se transmettre quelque chose, de créer des résistances ?
François Simon : Il y a eu beaucoup de cas qui ont été rapportés on va dire de façon un petit peu anecdotique de patients qui se surinfectent parce qu’on a la possibilité justement en faisait les génotypes à bien caractériser un virus. On peut voir que certains patients vont se surinfecter. Donc bien évidemment, si vous êtes sous traitement, si vous prenez bien votre traitement, si vous êtes contrôlés, vous n’avez pas de raison de plus de surinfecter votre partenaire. Mais le fait d’être soi-même sous traitement ne vous garantira pas si vous ne prenez pas de protection que vous puissiez attraper une souche résistante d’un autre partenaire qui lui, n’a pas pris son traitement ou a été contaminé par une souche résistante. Donc la prévention reste de mise pour le VIH, on le sait et puis également pour les autres MST.
Yann : Donc vraiment si le couple en question prend son traitement d’une manière très pointue avec une bonne observance tout ça, il y a quand même pas de risque de se passer nos virus qui sont certes forcément un petit peu différent de chaque individu.
François Simon : La puissance du traitement comme on l’a dit diminue de manière extrêmement importante les probabilités de transmission mais ne les annule pas. Puis également tous les autres pathogènes, notamment que ce soit viraux, on a les problèmes de l’hépatite C qui restent quand même un problème majeur, la syphilis qui continue toujours à galoper, qui revient en force on va dire. Donc bien évidemment les protections contre les IST pour l’instant on n’a jamais fait mieux que le préservatif.
Yann : Avec la capote on voit la vie en rose quoi.
François Simon : En gros pour résumé.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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