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04.06.2014

Léa n’a pas encore annoncé sa séropositivité à ses enfants car ils sont en Afrique

Sandra : Souvenez-vous, une auditrice nous avait écrit une lettre suite à l’émission spéciale sur l’annonce de la séropositivité à l’enfant. Des parents ont témoigné et une psychologue a partagé son expérience sur ce sujet et tous étaient d’accord pour dire qu’il faut annoncer à l’enfant assez tôt, vers 4-5 ans, avec des mots d’enfants bien sûr et puis ensuite lui expliquer progressivement. Cette auditrice qui nous écrit n’était pas d’accord avec ce raisonnement car elle, est d’origine d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique noire comme elle dit, et en Afrique le VIH est est assimilé à la mort et que ce serait traumatisant pour l’enfant. Et puis elle a une mauvaise expérience quand elle a annoncé à son partenaire sa séropositivité, il a été répété ça à l’entourage et ça lui a causé des ennuis. Voilà en résumé. Et du coup, elle souhaite avoir des témoignages de mamans de la même origine qu’elle pour l’aider à annoncer sa séropositivité à son fils de 16 ans. Léa a répondu l’appelle, elle a 48 ans et est d’origine camerounaise, on l’écoute tout de suite.

Début de l’enregistrement.

Léa : Si son enfant est en Afrique, pour ma part, ce n’est pas important d’annoncer. Si son enfant est avec elle, il faut d’abord qu’elle travaille avec son enfant, qu’elle passe des informations qu’elle reçoit dans des associations à son enfant et qu’elle dise à son enfant qu’elle porte le virus mais elle peut vivre avec ce virus et faire tout ce qu’elle peut dans la vie, comme une personne normale. Au jour d’aujourd’hui, le sida on n’en parle plus beaucoup du sida. En revanche, il y a d’autres maladies qui sont plus mortelles que ce virus du sida. Ça dépend aussi de la manière qu’elle a élevé son enfant. Si son enfant est posé, s’il ne parle pas trop, ne faut pas parler à un enfant parce que ça c’est un secret personnel ce problème du VIH. Il ne faut pas qu’elle en parle à son enfant parce qu’elle se dit que c’est mon enfant, que moi-même j’ai accouché de mes entrailles. Il faut qu’elle connaisse le caractère de son enfant. Si son enfant ne peut pas aller parler à l’extérieur de la maladie de sa maman, qu’elle parle. Mais avant de parler, il faut vraiment qu’elle informe mieux son enfant, qu’elle l’amène même au Comité des familles pour que lui-même écoute ce qui s’explique autour de la table parce que les lundis soirs on a quand même des réunions faites pour ça. Pour moi c’est ça.

Pour le moment, je me dis que c’est un secret personnel. Mes enfants ne sont pas avec moi ici. Mes enfants sont déjà grands. Je me prépare d’un jour à l’autre à leur annoncer quand ils seront avec moi. En revanche, comme ils sont en Afrique, je ne peux pas parce que ce n’est pas les trucs dont il faut parler au téléphone.

En ce qui concerne ton ami qui t’a fait le chantage, si c’était moi à ta place, je porterai plainte parce que ça ne se fait pas. Nous sommes quand même en France, nous ne sommes pas en Afrique. C’est important.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Léa au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH. Qu’en pensez-vous de son conseil ? Je vais donner la parole à Zina qui avait envie de réagir sur ce sujet.

Zina : Oui, en fait, dans l’absolue, je suis vraiment pour qu’on annonce à l’enfant, comme j’en avais déjà parlé à une émission précédente. C’est vraiment important parce que les enfants si on ne leur dit pas, ils ressentent qu’il y a quelque chose et ça peut être plus dur à vivre, de ne pas mettre des mots dessus que d’en mettre. Plein d’autres raisons aussi. Mais après, moi je vis en Occident, je pense qu’il faut aussi peser le pour et le contre et selon les cas, ça peut être différent. Un enfant qui vit en Afrique, bon là, c’est un adolescent. Mais s’il est petit, il peut parler à l’extérieur et on sait que là-bas c’est très mal venu d’être séropositif ou d’avoir quelqu’un dans la famille qui l’est. Il y a tout un rejet autour. Ensuite, quand c’est un adolescent il peut garder ça pour lui, il peut ne pas le dire autour de lui. Mais est-ce que ce n’est pas trop lourd justement pour un jeune comme ça de garder ce secret que pour lui ? Il ne peut pas le dire, il peut n’en parler avec personne. Donc je pense que c’est assez délicat. De toute façon, il n’y a jamais de règle absolu. Tout ne rentre pas dans la même case. Après, il faut voir les à côté et donc comme je disais tout à l’heure, bien peser le pour et le contre. Si ça doit faire plus de torts à l’enfant de lui annoncer, bien évidemment ne pas lui annoncer. Après si son enfant vient vivre avec elle en France, là elle peut lui annoncer parce que cet enfant peut en discuter avec d’autres qui sont dans la même situation que lui. Et donc ça va l’alléger. Voilà mon avis.

Sandra : Moi, je n’ai pas l’impression qu’en France ce soit plus accepté la séropositivité. Je regarde juste à ma famille, j’ai déjà parlé de mon boulot et j’ai vu les réactions. Il y a eu des réactions de rejet en fait, j’ai fait des tests du style : pourrais-tu te mettre en couple avec quelqu’un qui est séropositif, la réponse est non. Je comprends qu’en Afrique, c’est peut-être plus tabou. Je ne sais pas, je n’ai pas vécu là-bas. Mais je n’ai quand même pas l’impression qu’en France ce soit aussi différent finalement. Pour un enfant, je pense que ça dépend plus de l’enfant que du pays où on vit parce que quand même en Afrique il y a aussi pas mal de progrès j’ai l’impression.

Yann : Pour avoir discuté avec pas mal de personnes du Comité des familles, avec des femmes d’origine africaine, c’est sûr qu’elles ont toutes le même langage qui est nous, on le garde pour nous parce que ça va être un traumatisme qui va descendre sur toutes notre famille. Donc faut savoir aussi qu’en Afrique le qu’en-dira-t-on est encore plus important qu’ici. En plus, c’est très délicat parce que c’est pour chaque personne porteuse un choix très personnel de l’annoncer ou ne pas l’annoncer. Moi, ce qui me fait peur quand on ne l’annonce pas à un enfant, c’est qu’il l’apprenne par une tierce personne. Ça, ça doit être vraiment un traumatisme. Après on peut annoncer et l’enfant prend confiance. D’abord parce que c’est quelque chose que son parent lui dit et donc il y a une preuve de confiance quand on aborde des sujets pareils. Après, c’est sûr qu’il n’y a jamais le bon moment. On se dit non, il ne faut pas que je le dise, c’est pour ça que… nous, en France, c’est vrai que même les médecins qu’on reçoit au Comité des familles conseillent tout en respectant chacun, conseillent quand même l’annonce quand l’enfant commence à poser des questions, surtout s’ils voient ses parents prendre des médicaments, sa maman ou son papa. Mais de plus en plus quand j’en parle avec des personnes du Comité des familles, c’est vrai que pour l’Afrique, elles veulent protéger aussi la famille, l’enfant qui pourrait être rejeté donc, on n’est pas sorti de ce problème.

Zina : Bah moi je trouve que oui, il y a une pression beaucoup plus lourde. C’est vrai qu’en France, il y a toujours un rejet mais ce n’est pas une généralité. Donc il y a toujours possibilité déjà de s’informer. Il y a plein d’endroits ou s’informer. Il y a un numéro de téléphone aussi là, vert, qu’on peut appeler. Et, il y a quand même plus de possibilités en France de rencontrer d’autres personnes qui sont dans le même cas qu’en Afrique ou vraiment même s’ils se rencontrent entre eux, personne ne sait que l’autre a le VIH. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Sandra.

Yann : Ce qui gêne aussi, pour le cas de la maman, c’est de devoir quelque part un peu raconter sa vie intime, son expérience, parce que l’enfant va vouloir savoir qui te l’a donné ce virus. Comment tu as attrapé ce virus ? Pourquoi tu as attrapé ce virus ? Il ne faut pas oublier que même ici en France comme tu dis Sandra, il y a toujours cette image de la fille couche toi là, un peu rapide ou le gars qui va baiser à droite à gauche sans protection. Donc il y a toujours cette image un peu de mauvaise vie qui est malheureusement fausse.

Sandra : On attend vos réactions sur le site comitedesfamilles.net et puis je relance l’appel, n’hésitez pas à donner vos expériences, surtout pour les mamans d’origine d’Afrique subsaharienne, de l’Ouest parce que pour l’instant on n’a pas eu vraiment de parent de cette origine-là qui ont annoncé directement. Donc ce serait bien d’avoir des témoignages comme ça parce que c’est ce que cette auditrice attend pour lui donner vraiment des conseils. Évidemment, il n’y a pas de formule magique mais je pense qu’entendre une expérience va la diriger dans ce qu’elle aura à faire.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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