Le traitement VIH contribue à l’estime de soi

Sandra : Troisième discussion sur le TASP. C’est quoi le TASP Daniel ?

Daniel : C’est le traitement en tant que prévention. J’ai fait une traduction mot à mot (rires).

Sandra : On en parle souvent à l’émission Vivre avec le VIH dans la chronique prévention positive. C’est informer les personnes séropositives sur le fait qu’elles peuvent protéger leurs partenaires séronégatifs grâce au traitement avec des conditions particulières.

Yann : Une charge virale indétectable depuis 6 mois, un nombre de CD4 important, et bien sûr aucune infection sexuellement transmissible. Voilà et on peut faire dans ce cas-là un bébé.

Sandra : Aussi. Mais on ne fait pas l’amour que pour faire des bébés.

Yann : Absolument. Heureusement parce qu’on en aurait tous beaucoup (rires).

Sandra : Ah ! Tu nous donnes un aperçu de ta vie sexuelle (rires). On en parle tout à l’heure. Je vous propose d’écouter la discussion sur le TASP.

Début de l’enregistrement.

— Un point sur le TASP et sur le traitement. Je pense qu’il y a un autre enjeu qui est celui de l’accompagnement des couples. On n’a peut-être pas de méthode pour accompagner les partenaires séronégatifs de personnes séropositives. Et si on veut lutter contre les discriminations, il y a probablement à commencer à lutter contre l’autostigmatisation, de la perception de leur propre corps contaminant et en espèce leur fournir un traitement qui réduit l’infectiosité à mon avis modifie fondamentalement la représentation de certaines personnes du risque qu’elles font courir aux autres. Et là de ce point de vue, on met aussi l’accent sur les bénéfices ou non médicaux de la prescription des traitements dans la perception que les personnes ont de leur propre infectiosité entre guillemets.

— Tout ce qui est dans la révélation du statut, il y a une grande opération qui s’est appelée femme séropositive en action, c’est les femmes qui ont participé qui ont dit il faut parler de disance. Parce qu’il faut lutter contre la médisance. La disance c’est la capacité à pouvoir dire. Sur le TASP, je partage totalement votre point de vue, que ça change complètement, ça devrait être utile pour l’estime de soi. Là je pense que c’est un débat qu’on n’aura pas le temps de faire mais c’est dommage mais pour moi le TASP c’est sûr que ça ne doit pas être qu’altruiste c’est aussi pour soi. En même temps ce serait bien que les soignants aussi ne soient pas si frileux que ça quand il y a des gens qui veulent utiliser le TASP comme moyen de prévention, l’ouverture et l’absence de rappel à un risque zéro, c’est peut-être aussi quelque chose qui est important pour qu’on n’ait pas des points de vue radicalement différents quand on va écouter son médecin et qu’on va ensuite dans des associations.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Le TASP qui dépasse la simple action médicale, donc déjà c’est super de réduire la contamination. Un risque quasi nul mais aussi ça contribue à l’estime de soi. Daniel, es-tu d’accord avec ce qui a été dit ?

Daniel : Oui quand même je pense que psychologiquement pour la personne qui utilise ce moyen, le TASP en tout cas. Il parlait à un moment donné du patient qui s’estime contaminant, donc je pense qu’il y a tout un travail à faire là-dessus puisque les médecins ne nous parlent pas beaucoup de ça et je trouve ça dommage.

Sandra : Et dans le rapport Morlat il est vraiment recommandé aux médecins de parler du TASP à leurs patients systématiquement. Donc ça change la donne.

Transcription : Sandra Jean-Pierre