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23.01.2014

Les rondeurs : une façon de montrer qu’on a vaincu la maladie VIH

Une peinture de Augustin Kassi.

Alain Epelboin : Julienne tout à l’heure a dit quelque chose, bon, on ne va pas lancer la discussion là-dessus mais elle a dit le sida perçu au départ comme une maladie des blancs. On pourrait donner un synonyme qui est le sida comme une maladie annoncée par la biomédecine mais qui n’a pas de correspondance, qui n’existe pas en dehors de l’annonce biomédecine. Et en ce qui concerne les rondeurs, dit obésité quand on veut stigmatiser d’un point de vue biomédical. De la même façon qu’on dira, moi, il a fallu que je vienne chez les docteurs, que ce soit en Afrique ou en France parce que maintenant il y a la prise en charge, ces choses-là existent aussi en Afrique, pour apprendre que ce que je considérais comme quelque chose de formidable, tous les hommes me désirent, je suis belle, on dit que je suis en bonne santé, j’ai 30 kilos de plus que ma taille. C’est une maladie. Donc, là aussi on se retrouve dans une notion qui vu du sens commun est quelque chose de positif et dans toutes les cultures en gros. Et de l’autre côté, une maladie à annoncer. On se retrouve, et ça le rôle du traducteur culturel. Il va dire oui effectivement chez les personnes séropositives, on voit de plus en plus d’obésité parce que c’est une façon de montrer qu’on a vaincu la maladie, on revient à notre stigmatisation de tout à l’heure. Alors ensuite évidemment, avoir un surpoids, effectivement il y a des risques vasculaires, cardiaques… ce que vous connaissez comme moi.

Tina : Moi, ça m’arrive souvent au Comité quand une personne vient parce qu’elle a appris qu’elle est séropositive, donc une personne d’origine africaine, et quand elle voit une autre personne donc séropositive et assez forte et qui lui dit oui, moi ça fait un moment que je suis séropositive et je vois des étincelles dans les yeux de la personne parce qu’elle se dit si toi tu es séropositive et que tu es en forme comme ça, ça veut dire que vraiment tout ira bien. Donc effectivement voir une personne séropositive et qui a des formes, pour des personnes qui viennent d’apprendre, ça peut être vraiment être une réjouissance et une motivation et une façon de se dire oui, ce sera effectivement possible de vivre avec le VIH.

Sandra : Tu es d’accord avec ça Julienne ?

Julienne : Oui, je suis très d’accord avec ça. Quand tu es malade et que tu changes vite ta nourriture, tu as tellement de problèmes parce que quand tu changes vite ta façon de manger, tu n’es pas adaptée aux autres, à la qualité que les autres mangent. Quand tu arrives ici, on va te dire manger bio. Finalement, on va te montrer ce que toi tu manges tous les jours et quand toi tu veux manger comme tu manges tout les jours, on vient dire que tu manges beaucoup. Là, ça ne marche plus. Chez nous en Afrique, on mange naturellement bio, il n’y a pas beaucoup de transformations. Mais arrivé ici, il y a beaucoup de transformations et après on vient te dire que c’est bio. Là, ça ne va plus dans la tête. Et tu n’as même plus le goût de ce que tu veux manger. Quand on te dit de prendre le médicament, quand tu manges, devant toi tu n’as plus rien à manger. Moi-même je prends l’exemple sur moi-même, j’ai fait au moins 6 mois ici, je vois la nourriture, je ne vois pas ce que je peux manger. Je n’ai pas de goût. Il y a une grande différence, je ne sais pas, il me manque les mots.

Sandra : Alain Epelboin je vous ai vu dandiner de la tête quand Julienne a dit que les aliments sont bio…

Alain Epelboin : C’est-à-dire les produits bio qu’on mange en Afrique, vous savez que la mondialisation fait qu’on a tous les surplus surgelés qui viennent des pays du Nord et les ailerons de poulet, je crains qu’ils ne soient pas très bio, ils constituent malheureusement et heureusement une des ressources protéiques des populations urbaines.

Transcription : Sandra Jean-Pierre

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