Sandra : Est-ce tu veux bien te présenter aux auditeurs de l’émission de radio Vivre avec le VIH ?
Ludovic : Bonjour, je m’appelle Ludovic, j’ai 37 ans et j’habite la région de Nice, la capitale des Alpes-Maritimes. Bonjour à tous. Nice, c’est une ville qui est entre le ciel et la mer. Elle permet de faire des activités sportives.
Sandra : Est-ce que tu pourras parler un peu plus fort parce que moi je t’entends mal, je ne sais pas si c’est pareil pour vous. Peux-tu nous dire comment tu nous as connus ?
Ludovic : Moi, tout simplement parce que je trainais un petit peu sur le net comme tout le monde et en fait je cherchais un petit peu quelques réponses par rapport à des associations VIH, est-ce que ça bouge, finalement ce virus est contrôlable puisqu’on des trithérapies qui permettent effectivement d’avoir une vie tout à fait normale on va dire. Donc du coup, je suis tombé sur votre site, comitedesfamilles.net, qui parlait tout simplement des familles, d’hétérosexuels en majorité. Apparemment, il semblerait qu’il y ait aussi des hétérosexuels qui sont touchés par le VIH. Pour ma part, je suis homosexuel et je pensais qu’il n’y avait que… enfin pas que mais une majeure partie de personnes homosexuelles qui étaient aussi contaminées par le VIH.
Sandra : Eh oui, incroyable mais vrai, il y a aussi des hétérosexuels touchés par le VIH (rires).
Yann : Enfin une égalité ! (rires).
Sandra : Peux-tu nous parler du jour où tu as appris ta séropositivité ?
Ludovic : Alors le jour où j’ai appris, je n’étais pas très fier parce que je savais le diagnostic en fait. Je suis allé à l’hôpital, à Nice ça se passe, à l’hôpital Pasteur. Anonymement, histoire de ne pas aller dans un laboratoire parce que je débarquais tout juste de Montpellier en fait d’où je suis originaire et donc suite à différentes relations, le risque que j’avais pris remontait à 3 mois, c’était tout à fait récent. Et je me disais quand même, il faudra bien un jour que je me décide à savoir s’il y a quelque chose d’important, de grave qui m’arrive. Bon, je suis allé à Pasteur, j’ai pris un ticket. Une semaine après, parce que, quand on fait les prélèvements à l’hôpital ça dure automatiquement une semaine. J’ignore les raisons encore. Et puis on revient. Certains s’en vont. Certains, tu as un numéro, tu es appelé. Et là tu te dis, bon c’est pour toi. Alors l’avantage qu’il y a c’est qu’on est encadré par une équipe pluridisciplinaire et ça c’est très important. C’est pour ça que je suis un peu controversé par rapport aux futurs tests qui vont être mis en vente dans les officines, dans les grandes surfaces.
Sandra : Tu parles du test rapide ?
Ludovic : Du test rapide voilà. C’est-à-dire que, psychologiquement moi je savais déjà parce que dans notre communauté gay on est souvent très exposé par rapport à cela. Et donc du coup, psychologiquement on est un peu préparé. C’est vrai qu’il faut savoir aussi que mon parcours de vie est le suivant : je n’ai jamais vécu avec quelqu’un, j’ai toujours été nomade on va dire sur le plan professionnel. Donc ma vie personnelle était très nomade aussi. Je n’avais des rapports qu’avec des gens tout à fait éphémères. Donc ce qui fait que ça me provoquait toujours de relations nouvelles et donc bien sûr malheureusement des prises de risque. Effectivement j’ai appris ma séropositivité avec toute cette équipe, des infirmiers, des aides-soignants, des docteurs qui nous expliquent les topos, qu’ils vous font en deux temps trois mouvements, un cours d’immunologie. Chose que, vous n’avez pas forcément les qualifications nécessaires donc du coup, vous ne comprenez plus. Sachant que les préventions qui ont été faites à la radio, à la télé, je les ai vues quand j’avais 16, 17 ans. Où je m’étais dit, jamais sans capote, à l’époque je me rappelle et bien sûr le temps à coulé et du coup les choses ont été légèrement oubliées.
Romain Mbiribindi : Je voulais faire une précision, il s’agit bien des autotests et non des tests rapides.
Sandra : Ah oui pardon c’est vrai, effectivement. C’est différent.
Yann : Autant dire la différence alors Romain.
Romain Mbiribindi : La différence, c’est que d’abord c’est un test qui est fait par la personne elle-même et qui n’est pas fait au laboratoire. Et c’est un test qui va simplement donner une présomption. Donc ce n’est pas un test qui va diagnostiquer le VIH.
Yann : Il va quand même donner une…
Romain Mbiribindi : Une indication et une présomption et…
Yann : Ce qu’on craint surtout c’est que la personne le fasse toute seule et ne soit pas entourée. C’est ça un petit peu le danger.
Romain Mbiribindi : Mais on ne va pas le donner à tout le monde. Le donner à une certaine catégorie. Pour le moment nous sommes en train de voir qui sont les personnes qui vont être ciblées, qui ont besoin des autotests. Les autotests ne seront pas pour tout le monde.
Ludovic : Oui, mais je pense pour ma part qu’il faudrait une équipe pluridisciplinaire quand même parce que j’ai parlé tout récemment hier soir à un ami, que j’avais côtoyé par téléphone et je ne lui avais pas dit que j’étais séropositif et je lui ai dit. Elle m’a dit : « Ah mon Dieu ! Mais tu vas mourir ? ». Il a le même âge que moi donc… c’est de suite la stupeur et la torpeur. Donc imaginez une personne qui a 17, 18 ans, qu’il sait qu’il a pris un risque, allez savoir comment. Et tout d’un coup je vais quand même me lancer, je vais stresser sur mon trajet. Donc ne serait-ce que même le stress de l’achat vous savez. Et donc on fait le test chez soi, c’est la stupeur, on découvre, parce que ça peut être faux le test aussi. « Mon Dieu, je suis séropositif, je vais mourir ! Je suis foutu ! ». Moi au départ, je ne voulais pas aller chez le psychologue mais d’un côté ça m’a légèrement un peu rassuré quand même. Heureusement que l’équipe pluridisciplinaire était là. Je ne vais pas les porter non plus là-haut mais quand même il y a un soutien parce que, moi j’étais loin de ma famille, on n’en parle pas à son père, à sa mère. On ne parle pas à son meilleur ami. Donc je pense que oui, les seules personnes qui sont là devant vous ce sont des blouses blanches mais au moins elles sont là. Vous avez de quoi vous retourner.
Yann : Franchement, je vais te dire, sans déconner, alors j’ai vécu 18 ans à Nice dit. Tu as soleil là ou quoi ?
Ludovic : Ah bah écoute, ce matin c’était nuageux, j’ai dit : « Oh non ! ».
Yann : Tu as le droit de mentir, tu es niçois hein.
Ludovic : Quelques nuages un petit peu sur les montagnes. Grand soleil sur la mer.
Yann : J’avais une petite précision à rajouter à ton commentaire qui est intéressant, surtout pour les auditeurs qui habitent la région. L’hôpital qui centralise le VIH c’est l’hôpital l’Archet à Nice.
Ludovic : Oui. Et on dispose aussi de plusieurs médecins. C’est important de les rappeler. On dispose de plusieurs médecins qui sont spécialisés dans les maladies infectieuses. Donc on a le libre choix.
Yann : Et j’avais une autre question sur les associations, il ne reste que AIDES sur Nice ?
Ludovic : Malheureusement oui, il ne reste que AIDES. Je l’ai fréquenté durant un temps. Mais après j’ai petit peu décroché car je n’avais pas trop accroché avec cette espèce de chape de plomb. Le VIH, on ne le vit pas comme une chape de plomb. Moi je pense qu’il faut le vivre aussi un peu comme une liberté. C’est malheureux à le dire mais à un moment il faut le vivre comme une liberté parce que la question se pose. Maintenant comment vivre avec le VIH, comment vivre le vieillissement avec le VIH ?
Yann : Ah ! Grande question.
Ludovic : Ça prouve qu’on vit bien longtemps, bien mieux. La question du vieillir plus longtemps…
Sandra : Avant on n’en parlait pas.
Ludovic : On n’en parlait pas et ça concerne aussi l’ensemble de la population française. Qu’on soit VIH ou qu’on ne le soit pas, on va vieillir quand même. Voilà. Il y a un manque d’information vis-à-vis du corps médical qui manque de formation en revanche. Donc là il faut encore faire de l’information. Les priorités pour la région PACA sont les personnes âgées et les personnes atteintes du VIH.
Romain Mbiribindi : Je voulais simplement souligner que l’espérance, puisqu’il parlait tout à l’heure de la mort qui était imminente quand on avait le VIH alors que c’est faux. On sait actuellement que l’espérance de vie des personnes qui vivent avec le VIH est la même, enfin pour celles qui sont soignées, qui suivent bien leur traitement, est la même que la population générale. Il faut le savoir.
Yann : Enfin la maladie n’a que 25 – 30 ans donc je ne sais pas si on peut vraiment autant affirmer ça. Effectivement, on a une qualité de vie qui est assez importante depuis 1995, depuis les trithérapies, qui ont sauvé un nombre de gens incroyable. Mais pour les personnes qui sont sous traitement depuis longtemps on s’aperçoit aussi que le corps se fatigue beaucoup plus vite parce que c’est une grosse machine qu’on prend tous les jours.
Romain Mbiribindi : C’est pour cela qu’on demande aux personnes quand on fait le dépistage tout ça, ça fait partie des arguments que nous avançons pour que les personnes entrent beaucoup plus tôt dans les systèmes de soins.
Ludovic : Et aussi pour éviter la contamination car il faut savoir que quand même, quand on ne sait pas qu’on est séropositif, et qu’on contracte le virus, on est quand même des bombes humaines. On est des contaminants. Il faut surtout que déjà les personnes se protègent elles-mêmes par ce système de trithérapie et qu’elles protègent au moins leurs partenaires. Car effectivement, la capote, excusez-moi de l’expression, parfois elle est malheureusement oubliée. Parce que parfois c’est peut-être pénible d’avoir une érection avec un bout de plastique…
Yann : C’est sûr que ce n’est pas nous qui allons être dans le jugement de toute façon.
Ludovic : Voilà mais au bout d’un moment je pense qu’il faut savoir être responsable en tant que citoyen et individu. Je pense aussi qu’on parle de l’être humain. Prendre soin de soi c’est aussi prendre soin des autres. C’est vrai que face à la sexualité qui est là, c’est vrai qu’il y a des maladies, des IST qui trainent et effectivement là-aussi on est responsable par rapport à cela. Et donc du coup on doit aussi faire attention. Je pense que c’est surtout une prise de conscience de tout le monde. C’est un petit peu comme à Paris, quand j’ai vu au niveau de la pollution. Il n’y en a pas des masses mais je considère que la pollution c’est l’affaire de tous et en fait il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont voulu contribuer à ce qu’il y ait moins de pollution.
Sandra : Alors ça, c’est un autre débat. Je pense que la pollution les gens s’y intéressent mais c’est que le truc de la circulation alternée c’est venu du jour au lendemain, c’était une mesure un peu… m’enfin ça c’est un autre débat. On a un autre appel, quelqu’un qui doit appeler dans 5 minutes. Donc je te remercie pour ton appel. Est-ce que ça t’a fait plaisir de participer à l’émission ?
Ludovic : Merci à vous tous, ça m’a fait plaisir.
Yann : Et puis on espère surtout te retrouver si un jour tu montes sur Paris, passe nous voir au Comité.
Ludovic : Sans problème.
Sandra : Puisque toi tu disais que tu aurais bien aimé une association où il y avait des activités conviviales où on célèbre un peu la vie tout simplement et pas toujours être dans les problèmes et dans la déprime. Sache qu’au Comité des familles, Yann peut te confirmer que…
Yann : Oui, et puis il y a des homosexuels, des familles, des enfants, c’est comme la vie.
Sandra : Il y a des Africains, des Maghrébins, des Français, c’est multicommunautaire donc si un jour tu as l’occasion de venir, on t’accueillera avec plaisir. Et puis pour ta prochaine participation j’aimerais que tu nous fasses une petite chronique cuisine parce que la dernière fois… tu sais de quoi je parle (rires).
Yann : Déjà que ton accent nous a ramené un petit peu de soleil dans notre capitale pluvieuse.
Ludovic : La cuisine ce n’est pas compliqué, de l’huile d’olive, de la salade, du thon…
Yann : Tu as oublié l’aïl petit oh ! (rires)
Sandra : Merci Ludovic, je te souhaite une bonne journée et à très bientôt.
Ludovic : Merci, à bientôt, au revoir.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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