Sandra : Continuons de parler d’amour avec Martine. Elle, n’est pas à la recherche de l’amour puisqu’elle est en couple sérodifférent depuis quelques mois et dernièrement, elle a été faire un test de dépistage rapide du VIH. Écoutons tout de suite Martine car elle va raconter cette histoire bien mieux que moi.
Début de l’enregistrement.
Martine : Je m’appelle Martine, j’ai 26 ans et je suis en recherche d’emploi. J’ai tenté l’expérience parce que ça faisait un moment que je ne m’étais pas fait dépister, ça faisait plus de 6 mois et entre temps j’avais rencontré quelqu’un qui est séropositif. Moi je ne suis pas séropositive, mais lui oui. J’ai longuement hésité avant de faire ce test, plus de 6 mois parce que j’avais beaucoup d’appréhension, j’avais peur du résultat même si je sais qu’il a une sérologie indétectable donc, je me doutais bien que le résultat pouvait ne pas être positif. Mais quand même à mon tour et j’ai décidé de me lancer parce qu’il faut bien avoir une réponse un jour.
Sandra : Peux-tu expliquer cette histoire de sérologie indétectable, qu’est-ce que ça veut dire ?
Martine : On en a discuté tous les deux avant de sortir ensemble. C’est lui qui me l’a annoncé donc lors des premiers rendez-vous. Je connaissais globalement les impacts du VIH sur les séropositifs parce que, je connais l’association la Maison des familles et j’ai assisté à quelques réunions. Donc je n’ai pas eu peur parce que, je sais qu’en se protégeant on n’a aucun risque d’attraper le VIH, en utilisant des préservatifs. Et donc quand la relation est devenue un peu plus sérieuse, c’est sûr que l’utilisation du préservatif, au bout d’un moment ça gêne. On a discuté ensemble, le dialogue est vraiment très important dans ces cas-là, et donc il m’a annoncé qu’il n’était pas contaminant. Donc qu’il avait une sérologie indétectable et que normalement même si on ne se protégeait pas lors des rapports, je ne pouvais pas, enfin le risque était très faible pour que j’attrape le VIH. Du coup, sans réfléchir, je me suis lancée.
Sandra : Pourquoi il est indétectable ? As-tu compris pourquoi ?
Martine : Oui, c’est grâce à son traitement qui est efficace et qui réduit sa charge virale jusqu’à atteindre un seuil de non-contamination, enfin sans qu’il soit contaminant quoi.
J’ai commencé à douter quelques minutes après le rapport. Je me suis dit : « mince, qu’est-ce que j’ai fait ?! ». Effectivement, le risque zéro n’existe pas. Il est peut-être indétectable, non contaminant, mais on ne sait jamais. On ne sait jamais. Mais bon, on l’a fait une fois, deux fois, sans préservatif. Je me suis dit soit je l’ai et bon bah ce n’est pas la fin du monde, il existe des traitements. Soit je ne l’ai pas et tant mieux et donc cette sérologie indétectable elle marche vraiment, elle existe vraiment. Et le risque était déjà pris de toute façon donc, bon on a continué à avoir nos relations sans préservatif, je sais que c’est mal, mais voilà, il me rassurait en me disant que je ne craignais rien et… mais bon, pendant quelques mois quand même au fond de moi, j’étais quand même… j’avais assez peur.
Sandra : Comment s’est passé ce dépistage rapide ?
Martine : J’y suis allée en soirée après mon travail. C’est un petit local de AIDES. En arrivant, on a été accueilli par deux bénévoles. La plupart des gens sont bénévoles à ce que j’ai compris. Donc ils nous ont posé des questions tout de suite en arrivant, pour connaître la prise de risque, savoir si elle était importante ou pas. Parce qu’apparemment, il faut compter 20 minutes d’attente entre chaque personne. Si elle vraiment importante, mieux vaut rester et attendre le temps qu’il faut. Sinon, on nous envoie vers un centre de dépistage traditionnel où il faut attendre quelques jours avant d’avoir les résultats. Moi, je considérais que mon risque était quand même assez important et qu’il était urgent de connaître mon état de santé. Il y avait peut-être 5 personnes avant moi, donc approximativement une heure d’attente. J’ai préféré attendre et en fait il y a un petit coin salon à l’intérieur du local, on était peut-être 5-6 comme ça. Il y avait 2 bénévoles qui nous faisaient passer le temps en nous expliquant la naissance de l’association, quel était leur rôle, si on avait des questions, que ce soit sur les moyens de contraceptions ou sur le VIH en général. Du coup c’est très convivial parce qu’en général quand on attend pour ce genre de résultat, on angoisse pas mal. Donc là, ça nous permet de discuter, de rire. Vraiment des gens très sympa, très cool, sans a priori aucun. On nous offre un café, un thé, il y a des petits gâteaux, c’est très convivial et ça permet d’attendre beaucoup moins dans l’angoisse quand même.
Par ordre d’arrivée on appelle les personnes qui attendent. Quand c’était mon tour, on m’a emmené dans une petite salle avec un autre bénévole qui m’a posé des questions. La première il me semble que c’était depuis combien de temps est-ce que je ne m’étais pas fait dépister et quelle était l’ampleur du risque que j’avais pris. Donc c’est vraiment confidentiel évidemment. On peut vraiment se laisser aller à la confidence et discuter en toute confiance. Donc je lui ai raconté ma relation, le fait qu’on soit un couple sérodifférent et que je pensais avoir un risque, mais il est vraiment réel ce risque. Le risque zéro comme je le disais il n’existe pas. Après avoir discuté, après avoir envisager toutes les éventualités, que le test soit positif ou négatif, la personne qui m’a prise en charge a désinfecté la table, a posé les instruments et en fait elle a sorti un genre de petite pipette et la petite piqûre en fait. Elle a pris un doigt, elle a pris mon doigt qu’elle a tâté un petit peu pour que le sang soit, je pense, plus fluide. Et donc avec son instrument juste une piqûre, et le sang a commencé à jaillir en fait. Et l’instrument est à usage unique donc elle a tout de suite mis à la poubelle. Et donc elle a pressé sur mon doigt pour faire sortir le sang et avec la petite pipette, la fine pipette, elle a récolté le sang qu’elle a ensuite mélangé dans des instruments que je ne connais pas. Une fois l’opération faite, ça dure aller, 2 minutes. On attend à l’extérieur de la salle le temps qu’elle fasse ses petits mélanges et qu’elle voie le résultat.
Au bout de 5 minutes, je suis retournée dans la salle. Et à mon grand soulagement c’était négatif ouf ouf ! (rires). Donc la pression retombe évidemment, on est super content. Et maintenant, je sais que d’avoir une charge virale indétectable, bah c’est vrai quoi. Ça ne veut pas dire qu’il faut prendre tous les risques. Moi, je regrette vraiment d’avoir pris ce risque. Je me dis, avant d’enlever le préservatif, aller voir un médecin avec mon compagnon et connaître vraiment les risques que je prenais. Bon, heureusement que c’était négatif, mais… d’aller voir un médecin avant d’enlever le préservatif ça évite évidemment des moments, des jours, des semaines, des mois d’angoisse.
Le test qu’on m’a fait effectivement il était négatif, mais c’est une sérologie qui remonte à 3 mois. En tout cas, ça veut dire qu’il y a 3 mois, je n’étais pas séropositive. Donc on ne sait jamais…
Sandra : Oui, si tu as pris un risque pendant les 3 mois avant ton test, le test ne peut pas le détecter.
Martine : Voilà, le test ne peut pas le voir. Donc voilà, je compte quand même prendre rendez-vous avec un médecin, avec mon compagnon et connaître vraiment… avoir les bonnes recommandations, mais… je peux peut-être attraper le virus peut-être dans 6 mois, 1 an, je n’en sais rien moi. On ne sait jamais. En tout cas, je veux un vrai avis médical et vu ma relation, il faut que je fasse aussi des tests régulièrement. Donc il ne faut pas que j’attente 6 mois. On m’a dit, tous les 3 mois je peux en faire un pour voir si tout allait bien.
Fin de l’enregistrement.
Sandra : Martine au micro de l’émission de radio Vivre avec le VIH. Tina, avant que je te pose des questions, il y a quelqu’un qui t’a rejoint dans les studios. Il s’agit de Bruno. Bonjour Bruno.
Bruno : Bonjour à tous, bonjour les auditeurs et auditrices. Donc c’est Bruno. Je suis membre du Comité des familles depuis 5-6 ans, je milite pour le Comité des familles et donc c’est vrai que j’ai vu de la lumière là pour la radio, je me suis arrêté et tout m’intéresse donc voilà.
Sandra : Super, bienvenu à l’émission. Alors, que pensez-vous de ce récit de Martine, de son comportement, de ses réactions ? Qui parle en premier ? Bruno.
Bruno : Je veux bien. Tout d’abord, c’est vrai que pour le dépistage rapide, c’est vrai que c’est fait pour dépister rapidement et que c’est adressé pour… je pense que l’idée c’est de pouvoir toucher le plus grand nombre de personnes qui s’ignorent. Après, c’est vrai que comme elle l’a précisé sur la fin, le dépistage rapide, c’est valable dans les 3 mois. Ça veut dire que tout ce qui s’est passé avant 3 mois… normalement on reconfirme par un autre dépistage, le test Elisa, qui là, nous donne vraiment, peut nous rassurer sur tout ce qu’on a eu comme… pour les rapports. Parce que c’est vrai qu’on reste dans le doute, le dépistage rapide les 3 mois, on ne sait pas. Donc on peut le reconfirmer avec le test Elisa et là, ça nous enlève tous les doutes de la contamination. Après c’est toujours bien d’aller consulter un spécialiste parce que, en couple sérodifférent comme moi je suis aussi en couple sérodifférent, il y a aussi tout ce qui est les MST. Donc il faut vraiment…
Sandra : MST, les autres maladies sexuellement transmissibles.
Bruno : Donc c’est vrai qu’il n’y a pas, en plus que le partenaire est indétectable, il faut aussi pouvoir se contrôler au niveau de toutes les MST parce que c’est aussi des voies de contamination.
Sandra : Tout à fait parce que les MST favorisent la contamination du VIH. Si le partenaire est séropositif, a une charge virale indétectable, mais a une autre MST, ça peut être la syphilis, chlamydia, il y en a plein d’autres, et bien là, les conditions… du coup ça ne marche plus. Donc là il devient contaminant à cause des autres MST.
Bruno : Et puis je voulais rajouter, je suis arrivé en cours d’émission, j’ai entendu les annonces d’Yvette et puis la soirée Saint-Valentin. Je voulais rajouter, on cherche tous l’âme soeur. Donc c’est une occasion de sortir de l’isolement et de pouvoir peut-être rencontrer l’âme soeur.
Sandra : Tout à fait. Tina, souhaites-tu réagir ?
Tina : Oui, en fait comme je disais, moi aussi je vis en couple sérodifférent. Moi, je suis la personne séropositive. Comment ça s’est passé, c’est effectivement que j’ai informé mon partenaire de ce qu’il en est aujourd’hui de la vie avec le VIH, des possibilités, où en est la médecine aujourd’hui, parce qu’en général les personnes non concernées ils ne sont pas au courant. Bon, je pense que c’est bien de réfléchir sereinement. Éventuellement, avec mon compagnon on a été voir le médecin pour que, de la bouche du médecin, ce que je lui ai expliqué sur l’indétectabilité soit confirmé par un médecin. Puis, on a décidé de ne plus utiliser le préservatif. Dans la vie de tous les jours, on n’utilise pas le préservatif. C’est un peu pour dire, je ne sais pas exactement où est-ce qu’elle en est Martine, est-ce qu’elle a eu des réponses par les gens qui l’ont accueilli ? Parce que j’imagine qu’il y a eu un dialogue…
Sandra : Tout à fait, 20 minutes d’entretien pendant le dépistage rapide.
Tina : Qu’est-ce qu’ils lui ont dit du risque ? Comment l’ont-elles aidée à évaluer le risque ? Parce qu’elle a l’air très inquiète alors qu’au final, j’aurai pensé qu’en sortant de ce dépistage, elle serait plutôt beaucoup plus rassurée…
Sandra : J’étais avec elle et donc je lui ai demandé est-ce qu’ils t’ont bien expliqué l’histoire de la charge virale indétectable. Elle m’a dit oui. Et même avant de faire le test, comme elle a dit on a dû attendre une heure, il y avait deux personnes de AIDES qui étaient là et qui ont parlé très clairement de cette charge virale indétectable. Eux, ils ont dit contamination zéro. Après c’est dans la tête…
Tina : Voilà, je pense que c’est tout un cheminement. Il y a des gens qui ont besoin simplement d’entendre ce message par un médecin. Des personnes concernées ou des personnes du milieu associatif ont beau le dire, tant que ça ne sort pas de la bouche d’un médecin, ce n’est pas aussi… on n’y croit pas autant. Donc peut-être qu’effectivement le fait qu’avec mon compagnon on ait d’abord été voir mon infectiologue qui lui a bien expliqué les choses, bien rassuré. Du coup, lui il n’est pas du tout inquiet. On n’y pense pas du tout. Donc c’est différent dans son couple et je pense que c’est important d’arriver avoir une vie sexuelle sereine. S’il y a toute cette inquiétude derrière, il faut régler ça pour que le couple décide ensemble soit d’utiliser le préservatif ou non, mais que ça n’ait pas de conséquence sur la personne séropositive ou séronégative d’être hyper inquiète. Au final, ça va desservir le couple je pense. Donc arriver à être dans une situation où tous les deux sont sereins, ont pris la décision après avoir mûrement réfléchi. C’est vrai qu’à un moment elle dit, on a eu un rapport sans réfléchir. Donc je me suis dit, oh ! Peut-être qu’ils auraient dû mieux attendre qu’elle ait bien réfléchi justement.
Sandra : Oui c’est ça puisqu’après elle a dit que c’était mal d’avoir enlevé le préservatif donc elle a pris conscience et puis elle culpabilisait. Il aurait fallu peut-être qu’elle ait ce dialogue avec le médecin avant. Bruno, je vois que tu veux réagir.
Bruno : Non, c’est vrai qu’on ne martèle pas assez, mais le message qu’on fait passer au Comité c’est vrai que c’est le traitement comme on dit, ça devient équivalent, au niveau des chiffres, équivalent au préservatif. Faut savoir que c’est un moyen de contra… c’est un moyen qu’on a…
Sandra : Pour se protéger d’une contamination.
Tina : Pas de contraception (rires).
Bruno : Si vraiment on applique les recommandations qui sont avec.
Sandra : Voilà, c’est ça. Donc on le répète, les conditions c’est qu’il faut que la charge virale soit indétectable depuis au moins 6 mois, une bonne observance, pas d’autres MST dans le couple, que ce soit pour la personne séropositive ou séronégative. Et évidemment, ça s’applique dans un couple stable. Donc il faut qu’il y ait une fidélité parce que sinon après évidemment on ne sait pas ce que l’autre personne peut avoir chopper, des IST à droite, à gauche. Là, évidemment, ça ne tient plus. Si vous souhaitez d’autres informations, discuter, n’hésitez pas. Vous appelez au 01 40 40 90 25 ou bien vous laissez un message dans le forum sur le site comitedesfamilles.net.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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