Sandra : Les séropositifs et le tabac, c’est toujours un problème ? Est-ce que ce sont toujours eux qui fument le plus par rapport à la population générale ? Et le tabac, comme ils sont séropositifs, c’est encore plus dangereux pour eux.
Rosemary Dray-Spira : Effectivement c’est quelque chose qu’on est en train d’étudier en détail dans l’enquête VESPA 2 parce que jusqu’à maintenant, alors maintenant on sait que les personnes séropositives, comme on l’a dit sont entre guillemets moins malades du VIH mais que du coup vivent plus longtemps avec le VIH, elles vieillissent avec le VIH et que du coup il y a d’autres pathologies qui s’ajoutent et en particulier les pathologies cardiovasculaires, les cancers qui ont tendance à apparaître peut-être plus tôt chez les personnes séropositives et par rapport aux personnes qui ne sont pas infectées par le VIH. Et du coup le tabac c’est un problème particulièrement important, c’est un facteur de risque de mauvaise santé particulièrement important parmi les personnes séropositives. Ce qu’on est en train de faire c’est qu’on est en train de comparer la consommation de tabac entre les personnes séropositives et la population générale française. Et donc ce qu’on voit c’est que même quand on tient compte, c’est difficile de faire cette comparaison parce que les personnes séropositives n’ont pas le même profil sociodémographique que la population générale française. On sait très bien que la consommation de tabac est associée aux caractéristiques sociodémographiques. Donc on utilise, on essaye de faire des analyses qui tiennent compte de ça et on essaye de calculer. Finalement si les personnes séropositives avaient le même âge, le même niveau d’étude que la population générale, quelle serait leur consommation de tabac ? En faisant ça, on s’aperçoit que les personnes séropositives fument plus que la population générale de même âge, de même sexe, de même niveau d’étude. Et ce qui est intéressant c’est que c’est non seulement les homosexuels qui fument plus mais ça en fait on le sait déjà mais aussi les hétérosexuels non migrants qui fument plus que les hétérosexuels non migrant de la population générale. C’est juste pas le cas pour les migrants d’origine africaine qui eux fument moins. On sait que c’est comme ça dans la population générale et dans la population séropositive c’est pareil. Ce qu’on voit c’est que le tabac c’est vraiment un problème dans cette population et ce qu’on est en train de montrer aussi c’est qu’en fait le problème il a l’air de se situer au niveau de l’arrêt du tabac. C’est-à-dire c’est des personnes qui au départ fument comme tout le monde mais probablement qu’avec la maladie, avec le traitement, avec le suivi médical, elles ont plus de mal à s’arrêter de fumer. Par exemple si on arrive à confirmer ces résultats, ce sera vraiment un message fort pour les professionnels de santé. Ca veut dire le problème du tabac il faut vraiment mettre le paquet sur le programme d’arrêt du tabac des personnes séropositives. Au départ elles fument autant mais c’est juste à l’âge de 40, 45 ans dans la population générale les taux de tabagisme baissent parce qu’il y a de plus en plus de gens qui s’arrêtent de fumer et qu’on n’a pas cette baisse dans la population séropositive.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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