Tina : Moi par rapport aux comorbidités, ce qui m’a frappée c’est le taux de dépression parmi les personnes séropositives qui étaient de lors de 13% et la quantité de tentatives de suicide parmi les personnes séropositives.
Rosemary Dray-Spira : Oui tout à fait.
Yann : Dans les récentes contaminations ?
Tina : Sur toutes les personnes séropositives, parce que 13% ça veut dire 1/8 qui est dépressif au cours de l’année écoulée.
Rosemary Dray-Spira : Exactement et un demi pourcent qui disent qu’ils ont fait une tentative de suicide dans l’année écoulée aussi. C’est intéressant parce qu’on avait très peu de données jusqu’à maintenant sur l’état de santé mentale des personnes séropositives. On savait que c’était un problème mais personne ne s’était attaché à le quantifier. Donc effectivement on a des taux de dépression qui sont… on a utilisé un outil qui permet de mesurer la dépression de la même façon qu’en population générale. Donc on va pouvoir aussi comparer et ce qu’on voit c’est qu’on a une prévalence de la dépression qui est beaucoup plus importante parmi les personnes séropositives et ça aussi on voudrait…
Yann : Et est-ce qu’on arrive à savoir si c’est dû à la maladie, au traitement ? C’est plus difficile ça pour…
Rosemary Dray-Spira : Tout à fait. Là on va maintenant mener des analyses pour essayer de comprendre quels sont les déterminants de la dépression parmi les personnes séropositives. Il y a probablement effectivement une part des traitements, pas seulement.
Yann : Pour avoir discuté avec beaucoup d’anciens, de vieux séropositifs, c’est vrai qu’il y a un problème récurrent c’est aussi cet effet à vivre de pourquoi un tel et pas moi. C’est presque prétentieux de dire, de se plaindre quand on est encore en vie après 20 ans ou 25 ans de traitement ou de séropositivité mais c’est vrai qu’il y a cette épée Damoclès comme ça qui existe toujours et qui est assez difficile à vivre.
Rosemary Dray-Spira : Complètement. Après il se passe probablement des choses assez proches parmi les personnes qui sont atteintes d’autres pathologies chroniques. Donc ça va être aussi intéressant et ça fait partie de notre programme de comparer avec d’autres maladies puisque la maladie VIH devient de plus en plus une maladie chronique au même titre que d’autres, c’est vraiment intéressant. C’est un de nos objectifs d’essayer d’identifier les spécificités de la maladie VIH.
Tina : Par rapport aux personnes qui nous sont adressées par les médecins au Comité des familles, il y a quasiment aucune personne qui vient pour des questions d’ordre médicales ou qui se plaignent ou même qui évoquent les questions de santé, très peu. Ce qui est quasiment la totalité des personnes qui viennent parce que psychologiquement c’est difficile parce qu’elles sont seules, parce qu’elles cherchent à rencontrer un partenaire ou une partenaire séropositive, parce qu’elles veulent échanger avec d’autres personnes et donc effectivement nous on le constate totalement que c’est la première préoccupation c’est des questions psychologiques.
Yann : Sociales, psychologiques
Rosemary Dray-Spira : L’isolement, les difficultés sociales oui.
Tina : Et l’image qu’on a de soi depuis l’annonce, seul on arrive pas à reconstruire une bonne image et le fait de venir rencontrer d’autres personnes, ces personnes-là s’aperçoivent qu’il y en a d’autres qui vivent avec et ça on constate réellement que l’image de soi que les personnes gagnent en qualité d’estime de soi.
Sandra : Ca c’est un appel pour tous ceux qui se sentent seul, j’en profite. Appelez le Comité des familles au 01 40 40 90 25. Vous alliez dire quelque chose Rosemary Dray-Spira ?
Rosemary Dray-Spira : Oui juste pour dire que ce qui est intéressant c’est que ces aspects sur les conditions de vie, l’isolement psychologique, ce que vous décrivez, en fait ça a un impact sur l’état de santé. C’est-à-dire les personnes ne se plaignent pas de leur état de santé mais si elles restent dans cet état de détresse psychologique et social, ça va avoir des effets néfastes sur leur état de santé. Tout est lié, c’est important de prendre en charge ces différents aspects.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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