Tina: Comme vous parliez des restructurations, des changements, est-ce que pour les couples séropositifs les lieux pour pratiquer l’AMP (Assistance médicale à la procréation) sont plus limités que pour les couples séronégatifs? Est-ce qu’ils peuvent avoir la garantie que dans les années à venir qu’il y aura une aussi bonne prise en charge? Car on le sait il y a des trous dans la sécurité sociale, car l’AMP est assez couteuse. Est-ce que les attentes ne seront pas plus élevées?
Yann: Les rendez-vous plus espacés?
Sylvie Epelboin: Moi je ne vois aucune garantie mais je ne vois non plus aucune raison de s’inquiéter. Ce sont des prises en charge extrêmement compliquées et chronophages, c’est-à-dire qui prennent beaucoup de temps. Le médecin de la reproduction a en charge une problématique qui n’est pas celle qu’il a habituellement. Il doit évaluer la fertilité de l’homme, la fertilité de la femme, le projet d’enfant, la fiabilité des techniques, le choix de la technique d’insémination de fécondation in vitro, fécondation in vitro par micro-injection quand c’est l’homme qui est infertile. Et en même temps, à tout moment du processus il doit s’assurer qu’il respecte les bonnes pratiques sur le plan sécurité sanitaire c’est-à-dire comme pour tous les autres couples en AMP, diverses sérologies qu’ils doivent faire depuis moins de 6 mois pour la première tentative puis moins d’un an. Et les conditions par rapport au VIH. Donc il y a dès les premières consultations des questionnaires qui sont renvoyés à l’infectiologue. On attend le retour de ses questionnaires et l’avis de l’infectiologue. Tout ça dans les règles de bonnes pratiques puis un staff pluridisciplinaire où l’infectiologue du site doit donner sa validation par rapport au projet global et de la séropositive de la femme ou de l’homme ou des deux. Donc tout ça demande beaucoup de consultations beaucoup de papiers partagés entre les cliniciens, les biologistes, les infectiologues. C’est vraiment très compliqué et au quotidien dans un centre AMP il y a toujours un coup de fil juste avant la tentative disant « il nous manque la sérologie de moins de 15 jours » « il nous manque ci il nous manque ça » donc pour en revenir à votre question, mais je voulais approfondir pour expliquer la complexité, s’il n’y a que 12 centres en France, ce n’est pas parce qu’il y a eu une restriction d’autorisation des agences régionales de santé (avant c’était l’agence de la biomédecine) mais c’est parce qu’il n’y a pas plus de candidats dans une discipline qui n’est pas extrêmement dotée. Avoir en plus ses problématiques à gérer c’est parfois très difficile dans un centre donc beaucoup de centres ont opté pour d’autres pathologies. Il n’y aura pas de décision gouvernementale de diminution. Au contraire les mesures récentes qu’on nous a annoncées et qui vont entrer en application. C’est une enveloppe budgétaire et nous sommes contents après l’avoir beaucoup réclamé. Elle va être donnée aux centres qui s’occupent de couples dans un contexte viral quelque soit le virus et ça c’est tout récent et ça va bien aider les centres. Donc non il n’y a pas de volonté de moins s’occuper des couples dans un contexte viral.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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