Sandra : Zoom sur le Maroc. Une fois par mois nous aurons la possibilité dans l’émission Vivre avec le VIH d’entendre la parole de personnes concernées par le VIH au Maroc, dans le Maghreb. Ce sera un échange d’expériences si j’ai bien compris Ben, peux-tu nous expliquer ?
Ben : Oui alors comme vous le savez ça fait quand même quelques années que le Comité des familles soutient l’autosupport sur le Maroc et vu les ouvertures et la réforme qui s’annonce dans le bon sens au Maroc par rapport à la maladie, par rapport à l’accès aux soins, il y a de grands changements sociaux qui ont lieu tel que l’accès au traitement, l’égalité entre hommes et femmes…
Yann : La visibilité aussi.
Ben : La visibilité oui. N’oublions pas que l’année dernière nous avons participé à la première marche des femmes atteintes à Casablanca. Suite à ça d’autres événements ont découlé, des réflexions à l’interne de l’association ont lieu sur qu’est-ce que l’autosupport réellement, qu’est-ce que c’est un groupe d’entraide. Ca a été plutôt un discours politique qu’un plaidoyer qui s’est développé et les personnes bien attentionnées mais qui aiment le changement ont permis aux gens de l’association de reprendre les reines de l’association parce que sans s’en rendre compte, les gens qu’on avait mis en place, ce sont accaparés de l’association et en ont oublié les buts, les objectifs essentiels et donc aujourd’hui on a essayé de tout remettre dans…
Yann : Elle est basée où cette association ?
Ben : Toujours au Maroc, à Casablanca.
Yann : Et elle s’appelle ?
Ben : L’association du jour pour toujours.
Sandra : Tu es un poète Ben ! (rires)
Ben : Ce que je veux dire c’est que quand même il y a une prise de conscience du public atteint par le VIH sur leurs droits et devoirs. Aujourd’hui ils essayent de montrer que sans eux la politique de lutte contre le VIH au Maroc ne passera pas. Il faut qu’elle passe obligatoirement par les patients en les rendant acteurs de leur prise en charge et là on aborde l’éducation thérapeutique qui a vu le jour en 1994 avec l’hôpital. Comment allons-nous mettre ça dans l’hôpital de jour, comment le mettre en valeur dans la lutte contre le VIH et dans le soutien aux malades et là avec certains médecins, certaines personnes bien formées vivant avec le VIH, s’est monté une association du jour qui voit toujours le jour malgré parfois des orages comme toutes familles il y a des hauts et des bas.
Yann : Tu as l’impression là-bas de retrouver une espèce de Comité des familles ?
Ben : On a un Comité des familles là-bas et d’ailleurs ça a été un peu le grand souci pour moi. Les gens disaient on veut devenir Comité des familles. Moi je disais oui mais Comité des familles c’est la France mais nous avons créé une association du jour, ça doit rester association du jour. Son identité doit rester. Elle ne doit pas être noyée dans le Comité des familles.
Yann : On peut faire un jumelage
Sandra : Un échange d’expériences entre les membres du Comité des familles en France et les membres de l’association du jour au Maroc serait peut-être possible. Je suis persuadée qu’il y a du bon à prendre chez les deux.
Ben : C’est ce qui se fait et aussi par le biais de ton émission de radio nous aurons l’occasion de pouvoir entendre tous les mois les personnes vivant avec et ceux qui travaillent autour de la prise en charge médicale sociale économique et juridique.
Sandra : Donc il y a une radio qui va diffuser l’émission Vivre avec le VIH une fois par mois. Comment s’appelle cette radio ?
Ben : On le dira une prochaine fois, c’est une grande surprise ! N’allons pas trop vite, c’est une grande surprise mais c’est en bonne voie et en même temps dans ce projet c’est permettre aussi à quelqu’un qui a envie de s’aventurer dans tes pas Sandra, de devenir un reporter de santé publique. Nous sommes des médiateurs, nous avons une information à partager, nous acceptons la critique, nous acceptons nos diverses opinions et c’est après aux auditeurs de se forger son opinion mais nous, nous devons absolument vérifier la qualité des informations qu’on donne aux patients. Ce que j’ai constaté au Maroc, c’est que observant ils seront observants. Ils sont accrocs des médicaments. Je l’ai vécu par expérience. Une personne prenait tel traitement mais pourquoi moi je ne prends pas ça comme lui ? Mais tu ne peux pas ce n’est pas la même chose pour toi. S’il ne te donne pas ça, c’est parce que tu es sujet à d’autres choses. Et il m’a dit ouais c’est vrai, il y a des fois où je perds la tête. C’est normal il prenait du Sustiva et ça provoquait des…
Yann : Des délires…
Ben : Voilà, des problèmes psy. Donc il a fallu que je l’emmène à lui faire comprendre que c’était l’effet du traitement qui l’empêchait de bien dormir, d’avoir un sommeil bien et qu’il fallait qu’il l’interpelle son médecin qui s’occupe du côté psychologique. Mais grand frein là-bas, quand on dit malade, c’est psychiatrique, malade mentale, c’est pavillon 36. Pour eux c’est terrorisant. J’ai la maladie, maintenant on dit que je suis le fou, mais qu’est-ce qui me reste ? Et je n’ai aucun statut social. Donc faut travailler tout ça. Ce n’est pas évident de travailler tout ça. Alors nous, nos médiateurs thérapeutiques qu’on a formés au Maroc ils ont été formés grâce à l’association Aides, l’association nationale marocaine ALCS avec le professeur Himich et le professeur Maroine, un fidèle ami qui est une ponte du VHC et qui se bat corps et âme sur les co-infections. J’espère qu’on va pouvoir intégrer la co-infection dans le plan national et il y a d’autres personnes qui sont là pour coordonner. Il y a une coordination nationale où le Maroc et la plate forme vers l’Afrique subsaharienne viennent de signer des accords avec les pays subsahariens sur les accords d’immigration et…
Yann : Tu as bon espoir toi.
Ben : J’ai bon espoir que si la société civile se mobilise le VIH va reculer.
Sandra : Merci Ben. Quand est-ce que tu retournes au Maroc ?
Ben : Dans ce mois. Le 22 je serai à Casablanca et j’ai besoin d’un coup de main cette fois-ci, des Marocains résidant à l’étranger pour m’aider à soutenir la nouvelle réforme de santé et d’accès aux soins au niveau des patients vivant avec le VIH, l’hépatite C et toutes les maladies opportunistes qui refont surface avec la migration tels le paludisme et la tuberculose et d’autres virus qui apparaissent.
Yann : Est-ce qu’on sait combien de personnes sont soignées du VIH au Maroc ?
Ben : Je n’ai pas les chiffres en tête mais vous pouvez les retrouver sur internet.
Yann : Parce que le taux de personnes qui l’ignore doit être super important.
Ben : Oui il y a beaucoup de gens qui l’ignorent surtout en zone rurale où d’autres gens ne veulent pas le savoir parce qu’ils savent que ce n’est pas accepté. De plus, la criminalisation des séropositifs existe même si on a décidé de ne pas criminaliser. On est dans un grand mouvement social, changement politique. Le VIH ça a toujours ça, l’objet de transformation sociale et on est en pleins dedans.
Yann : Donc Marocains de France, Marocains du Maroc, Français de France, Français du Maroc, tous ensemble, l’appel est lancé pour aider Ben, le Comité et surtout l’association du jour 01 40 40 90 25.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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