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04.12.2013
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Vivre avec le VIH : Dépistage dans le Marais à Paris, et c’est tout ?


Sandra : Le flash test, une opération de communication sur le dépistage rapide. Pour certaines personnes, peut-être que c’est quelque chose de nouveau le dépistage rapide mais pour vous l’équipe radio ?

Yann : Moi je n’ai pas eu besoin de le faire (rires). C’est extraordinaire. On ne peut pas aller contre, tu prends un jeune couple qui débute dans leur relation, ils ont l’occasion de pouvoir aller faire un test ensemble et d’être reçus par quelqu’un de médical, c’est très bien. J’ai connu l’époque où on recevait le résultat par la poste. Donc il y a quand même une sacrée évolution.

Sandra : C’est clair. Et toi Tina le dépistage rapide tu connais ?

Tina : Oui bien sûr je connais. Je pense que ça peut effectivement beaucoup aider à dépister les personnes qui ignorent leur séropositivité. Je ne sais pas si c’est très accessible vraiment à toutes les populations. Je pense que là-dessus il faut encore revoir un petit peu. J’ai souvent entendu des personnes dire que pour faire le dépistage rapide, ils ont été dans un lieu plutôt destiné à la population homosexuelle et ils ont fait semblant d’être homosexuels pour pouvoir faire le test. Donc ça peut-être que ça change.

Yann : Ça, c’était au tout début je crois. C’est plus ouvert mais j’ai une amie qui a été faire le test rapide comme ça et qui n’a pas été au bout parce qu’en fin de compte elle a trouvé qu’on l’a mettait à nu par les nombres de questions. Alors je comprends en même temps qu’on essaye aussi de voir quelles sont les pratiques sexuelles, est-ce que c’est une personne à risque ou pas. Mais comme c’est vendu un petit peu comme quelque chose de rapide, d’anonyme et de… mais elle a dit je ne viens pas pour raconter ma vie, je viens pour faire un test rapide VIH.

Sandra : J’y suis allée, j’ai été voir. C’était dans une petite caravane. Ça dure 15 minutes et ça dépend, il y a des personnes qui ont envie de parler et d’autres pas. Peut-être qu’elle est tombée sur, peut-être que c’était les débuts du dépistage rapide et puis ils se disaient qu’il fallait mitrailler de questions. Mais en tout cas apparemment ils sont vraiment à l’écoute des personnes. C’est vrai que le test en lui-même dure 5 minutes. C’est vraiment rapide et fiable. C’est ce qui est écrit sur le flyer. Je me suis rendue dans le quartier du Marais à Paris, c’est là où est organisé ce flash test. C’est gratuit. Ce test est réalisé par des professionnels de la santé ou des intervenants associatifs qui sont spécifiquement formés. En cas de test positif, il faut une confirmation de ce test dans un laboratoire d’analyse. Je vous propose d’écouter Claude Evin, directeur général de l’Agence Régionale de santé d’Ile-de-France et Willy Rozenbaum, infectiologue à l’hôpital à Saint-Louis. Je précise que je les ai interviewés l’un après l’autre.

Début de l’enregistrement

Sandra : Le dépistage rapide ce n’est pas quelque chose de nouveau, c’est quelque chose qui existe déjà dans des associations, je pense notamment à l’association AIDES. Pourquoi aujourd’hui faire une campagne là-dessus ?

Claude Evin : Alors il y a effectivement sur l’Ile-de-France une douzaine d’associations qui sont agréées pour faire le test rapide. L’objectif à travers cette semaine de sensibilisation sur laquelle la ministre de la Santé avait pris un engagement de la journée mondiale le 1er décembre dernier, c’est de diffuser l’information, de sensibiliser la population parce qu’il est nécessaire au-delà de l’existence de ce test et du fait qu’il est possible d’y accéder par l’intermédiaire d’associations, il est nécessaire que ce test soit davantage connu. C’est une semaine de sensibilisation mais l’accès à ce test il est possible tout au long de l’année à travers les associations qui ont effectivement été agréées. Donc ce point il est là pour sensibiliser dans un quartier en effet dans lequel il peut avoir une population plus directement concernée. Mais il y a une centaine d’abord de point de dépistage dans l’ensemble de la région au cours de cette semaine et puis d’une manière générale c’est une action qui devra être poursuivie sans doute sur un nombre de points moins importants, mais tout au long de l’année.

Willy Rozenbaum : Je crois qu’aujourd’hui on fait du dépistage rapide mais l’important à retenir c’est pas tant l’outil qu’on utilise que l’idée de se faire dépister quoiqu’il arrive. Donc ça c’est la première chose. La deuxième chose, pourquoi le dépistage rapide dans cette campagne, c’est parce qu’on cible les populations qui ont des difficultés d’accès aux soins, c’est ça la cible de la campagne essentiellement, même si tout le monde pourra venir se faire dépister. Et donc le dépistage rapide est un peu plus adapté à l’accès de ces populations aux tests. L’enjeu essentiel c’est le dépistage. Et puis la troisième chose c’est que ces populations qui ont des difficultés d’accès aux soins, ils réclament la mobilisation de nombreux acteurs, pas simplement les professionnels mais aussi les associations. Cette opération flash test avait parmi ses objectifs de rapprocher le monde associatif des acteurs de santé sur le terrain. Et ça je pense que c’est aussi un des aspects intéressant et important de cette opération.

Un journaliste : Pardon mais quand vous dites difficultés d’accès aux soins, ici on est en plein Paris, il y a beaucoup de médecins, beaucoup d’hôpitaux, je ne vois pas trop quelles difficultés les gens peuvent rencontrer.

Willy Rozenbaum : Les difficultés sont multiples. Il y a les difficultés économiques ou financières, c’est une sorte de difficulté. Il y a les difficultés psychologiques, il y a les difficultés sociales, les difficultés culturelles. De nombreuses études montrent que lorsqu’on va au-devant des gens c’est plus facile pour eux de, je dirai faire la démarche.

Sandra : Savez-vous comment les personnes vont s’y prendre pour faire connaître le dépistage rapide ? Comment inciter les personnes à se faire dépister ?

Claude Evin : C’est plutôt dans les lieux dans lesquels les personnes qui peuvent être directement concernées vivent. C’est là effectivement qu’il faut passer l’information ou à travers les vecteurs associatifs ou les différents médias qui jouent un rôle important en matière de prévention. L’objectif est bien de sensibiliser l’existence de ce test qui permet de faciliter le dépistage pour permettre une prise en charge beaucoup plus rapide dans le cas de séropositivité.

Willy Rozenbaum : Alors ça ne dépend pas de moi et je voudrais dire que cette semaine doit servir à promouvoir le dépistage en général. Je ne suis pas sûr que ça va aboutir à ça mais le dépistage en général et puis éventuellement le dépistage rapide pour certains. Encore une fois, quoi qu’on fasse, en 2011 il y a eu 5 millions de tests de fait et malgré la mobilisation des associations c’est seulement 70 000 tests rapides qui ont été faits. Quoi qu’on fasse dans la mesure où les médecins qui sont les principaux prescripteurs de test de dépistage quand même et qui le resteront, qui n’adhèrent pas aux tests rapides, ils feront des tests classiques. Mais les tests classiques aujourd’hui on peut avoir le résultat en 24h. Donc quand on va voir son médecin, on a le résultat le lendemain. C’est plutôt ça que j’aimerai qu’on promeuve, mais ça n’exclut pas bien entendu.

Sandra : Quelles populations sont principalement ciblées pour ce dépistage rapide ?

Claude Evin : Il n’y a pas de population particulièrement ciblée. Les lieux naturellement on les connaît et les lieux dans lesquels les points de dépistage ont été mis en évidence là c’est des lieux dans lesquels notamment ici dans le marais, la population des hommes qui ont des relations avec des hommes est une population importante. Il s’agit d’aller effectivement à la relation avec les personnes directement concernées. Mais d’une manière générale, le VIH ne concerne pas des populations spécifiques. Il peut concerner tout le monde quand on s’est mis dans une situation de risque. Ça doit être une démarche de prévention qui s’adresse à l’ensemble de la population qui est concernée.

Willy Rozenbaum : Ecoutez, moi j’ai envie de dire toutes les personnes qui se sont trouvées dans une situation d’exposition au VIH mais qui ne se l’avouent pas. Parce que le principal défi auquel on a à rencontrer, y compris dans l’esprit du public bien entendu mais même dans le corps médical, c’est que dans la moitié des gens qui s’exposent au VIH, ne se reconnaissent pas comme ayant eu un comportement à risque y compris parmi les gens qui ont des relations avec des hommes par exemple. Si vous allez dans certains lieux de consommation de sexe où des hommes ont des relations avec des transsexuels, aucun d’entre eux ne vous dira qu’il a des pratiques homosexuelles.

Sandra : Le quartier du marais n’a pas été choisi au hasard pour commencer cette semaine.

Willy Rozenbaum : Si vous me demandez mon avis, j’ai protesté contre le fait qu’on fasse cette conférence de presse dans le marais parce que je trouvais que c’était mal à propos. J’aurais préféré qu’on le fasse à Fontainebleau, à Evreux ou à Bobigny.

Un journaliste : Quelle est la population la plus touchée, est-ce que ce sont les homosexuels, les hétérosexuels ?

Willy Rozenbaum : Non c’est les hétérosexuels clairement. Bon avec une grande proportion de population qui vient d’Afrique subsaharienne mais c’est clairement les hétérosexuels. C’est vrai qu’en chiffre absolu le nombre d’hétérosexuels on va dire nationaux est important mais en pourcentage de population ça représente relativement peu.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Claude Evin et Willy Rozenbaum au micro de l’émission Vivre avec le VIH pour parler du dépistage rapide. Question pour l’équipe radio. Le Comité des familles est une association créée et gérée pour et par des familles concernées par le VIH et vous tous, vous êtes membres de cette association. Le dépistage rapide peut-être fait par des intervenants associatifs, pourquoi pas vous ? Les membres du Comité des familles doivent-ils eux aussi se lancer dans le dépistage rapide ?

Tina : Oui pour ma part c’est en tout cas quelque chose qui fait partie des projets de l’association. Ça demande déjà de se former, d’avoir suffisamment de personnes pour pouvoir le faire. Ce n’est pas évident de se lancer. Je pense que parmi les membres de l’association j’ai déjà entendu plusieurs personnes dire qu’ils sont intéressés par ce projet. Peut-être que dans les années à venir on pourra en faire. L’idée c’est d’aller dans des lieux, pas au Comité des familles même puisqu’il n’y a pas de personnes séronégatives qui viennent forcément mis à part les partenaires séronégatifs. On sait bien que ce n’est pas eux les plus concernés mais de trouver des lieux où en discutant peut-être, voir les personnes où on estime pouvoir avoir des chances de trouver des séropositifs qui s’ignorent.

Yann : Je suis tout à fait d’accord avec Tina et en plus ça nous permettrait, enfin moi avec les quelques contacts que j’ai, c’est vrai que là je pensais par exemple pendant l’écoute de Claude Evin et Rozenbaum, je pensais aux trois jours que M le chanteur Mathieu Chedid fait sur Bercy, je suis sûr que dans l’esprit il serait d’accord de mettre en place un stand dépistage, pas obligé de faire un truc morbide voilà. Tenu par des jeunes et tout ça quoi. Je suis sûr que les gens viendraient très facilement pendant le concert ou après pour après il faut cibler comme dit Tina les lieux parce que les gens ont du mal à venir même dans les structures qui leur propose ce type de services.

Tina : Après dans le discours moi je sens toujours encore quelque chose d’incertain, ça revient un peu au début de notre discussion sur est-ce qu’il faut dépister les populations à risque. Il y a une légère contradiction dans ce qu’ils disent parce que oui on est dans le marais, mais on ne veut pas être dans le marais, on devrait être à Evreux mais on est quand même dans le marais, il y a quand même plus d’hétérosexuels c’est… C’est encore un peu…

Rosemary Dray-Spira : Ce n’est pas clair.

Tina : C’est emmêlé, ce n’est pas clair.

Yann : Moi je suis plus pour l’idée d’aller dépister tout venant.

Tina : Je pense comme on le dit souvent les personnes ne se pensent pas être, les personnes qui ont eu un comportement à risque, ne s’identifient pas comme telle. Où en est la cause ? Moi par exemple je fais partie des personnes qui n’auraient jamais pensé être concernées par ce virus. C’est un simple dépistage lors d’un test prénuptial donc dans le cadre d’un projet de mariage qui a révélé le test jamais je n’aurai été me faire dépister. Je ne suis pas homosexuel, je ne suis pas d’origine africaine donc pourquoi ce virus passerait par moi ?

Yann : Même si tu étais passée devant un stand qui proposait un test ?

Tina : Ah jamais, je n’aurais même pas songé. Donc en fait c’est aussi parce que l’image qu’on nous renvoie c’est celle, pourquoi on ne sent pas concerné ? C’est par rapport à l’image qu’on nous renvoie des personnes qui devraient être concernées, qui ne sont pas de tout public.

Yann : Après ça dépend aussi de la fréquence des partenaires qu’on a et tout ça bien sûr.

Rosemary Dray-Spira : Ouais enfin il suffit d’une fois.

Tina : Il suffit d’une fois. Parce que même à ce sujet, j’en connais beaucoup de personnes au Comité des familles qui disent moi j’ai eu un partenaire, deux partenaires. Ce n’est pas des gens qui forcément ont multiplié énormément les partenaires.

Sandra : Une réaction Rosemary Dray-Spira par rapport aux propos de Claude Evin et Willy Rozenbaum ?

Rosemary Dray-Spira : Je voulais juste dire moi je suis passé ce week-end dans le 18e vers la rue Mira et il y a pleins de boutiques africaines, c’est juste pour dire que ce n’est pas que dans le marais. Il y avait des affiches partout, les coiffeurs africains qui sortaient sur le trottoir me donnaient les tracts. Donc voilà, ce n’est pas que dans le marais quand même.

Transcription : Sandra Jean-PIerre





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