Sandra : Tour de table de l’équipe radio. Chacun votre tour, présentez-vous. On commence par Yann.
Yann : Bonjour à tous, ravi de reprendre l’émission. Yann, 48 ans, 2 enfants sous traitement depuis 1992 et j’ai appris ma séropositivité en 1990.
Daniel : Daniel, 35 ans, séropositif depuis 2010 et sous traitement depuis 2011.
Bruno : Bonjour à tous les auditeurs et auditrices. C’est Bruno. Ca fait 5, 6 ans que je milite au Comité des familles.
Tina : Bonjour, Tina, 37 ans, je suis séropositive depuis 2003 et sous traitement depuis 2011. Je vis en couple sérodifférent c’est-à-dire mon partenaire est séronégatif et on est heureux.
Sandra : Aujourd’hui nous recevons Jacques Leibowitch. Pouvez-vous vous présenter aux auditeurs de l’émission Vivre avec le VIH ?
Jacques Leibowitch : Je suis médecin depuis longtemps. J’ai 50 ans d’histoire médicale derrière moi. Je suis à la retraite. Je suis un retraité contrarié mais je continue à voir mes patients parce qu’ils ne sont pas guéris donc je continue à les traiter à l’hôpital Raymond Point Carré. Je vois très peu de nouveaux, ce n’est pas la peine de chercher trop à me demander de me substituer à vos médecins respectifs. Si les médecins ne font pas ce que je fais, c’est leur problème et c’est votre problème. Défendez-vous, exigez votre droit à la juste posologie, parce que ça va être ça la vraie nouvelle pour moi. La nouvelle c’est oui, on peut réduire de 40 à 80% le traitement d’entretien anti-VIH. Ça, c’est la bonne nouvelle. La moins bonne nouvelle c’est que je suis le seul au monde à le faire et il faut que ça change. Et ça compte sur vous peuple séropo de vous saisir de votre droit inaliénable et incompressible à la juste posologie adéquate, nécessaire et suffisante ; contre la surmédication inique, toxique et dispendieuse à laquelle vous êtes soumis de façon moutonnière depuis 10 ans. Avant on ne pouvait pas faire autrement mais, depuis 10 ans ils commencent à lever le pied et on ne voit l’avenir institutionnel de cette nouveauté, oui les traitements d’entretien doivent être élus puisqu’ils peuvent l’être.
Sandra : Avant de rentrer dans les détails, il faut penser aux auditeurs qui ne connaissent pas trop le jargon scientifique…
Jacques Leibowitch : S’ils ne connaissent pas le sida ce n’est pas la peine qu’ils écoutent.
Sandra : Non, ce n’est pas ça mais prenons le temps d’expliquer ce que c’est le projet ICCARRE. Daniel tu as lu son livre qui s’appelle “Pour en finir avec le sida”. Je crois que tu as préparé quelques questions n’est-ce pas ? Tu as voulu prendre ma place, c’est ça ? (rires).
Daniel : Alors allons-y (rires).
Sandra : Je suis là pour t’aider, je vais poser la première question et puis ensuite il y aura une discussion libre. Une révolution stratégique tranquille, c’est le projet ICCARRE. Prenons le temps d’expliquer ce que c’est aux auditeurs.
Jacques Leibowitch : ICCARRE pour le distinguer, je l’ai dit chez Ruquier, du looser précédent qui est connu, le mec avec ses 2 ailes en cire qui monte au soleil et qui se les brûlent. Nous on a 2 C, 2 moteurs à l’avant et 2 ailes à l’arrière pour ne pas se brûler. Donc on ne tombe pas, on monte. Intermittent en cycle court les antirétroviraux restent efficaces. Ce que ça veut dire, oui on peut réduire les traitements à 4 jours, 3 jours ou même 1 jour par semaine exceptionnellement. Mais 4, 3 ou 2 jours de façon assez régulière. 4 jours c’est probablement universel pour les gens qui ont des traitements efficaces déjà établis sans que le virus réapparaisse, sans que le virus ne se transmette au partenaire. Parce que la bonne nouvelle ce n’est pas moi qui l’ai inventé celle-là, tout le monde le sait depuis 10 ans, les gens informés le savent, sous traitement efficace, c’est-à-dire un virus en dessous de 50 copies, parce que ça c’est le net plus ultra, et pour la durée c’est ce qu’il faut, ces gens-là, hommes et femmes ne transmettent pas à leur partenaire. J’ai fait faire 7 enfants si je puis dire à des couples sérodifférents qui vivaient non pas dans le péché mais dans la différence entre le VIH. L’un ou l’une n’avait pas et à la fin ils ont fait 7 enfants. Dans les 2 situations, où les femmes étaient séropositives et elles n’ont pas transmis ni à leur bébé ni à leur conjoint géniteur. Ou l’inverse, le géniteur séropo n’a pas transmis à la dame qui évidemment n’a pas transmis à l’enfant. Ça fait 7 naissances et ça fait 7 heureux. Ils se sont reproduits parce que c’est comme ça qu’ils font les hétéros, ils sont là pour se reproduire pas pour se faire la conversation. C’est connu entre les hommes et les femmes il y a que ça qui compte, qu’ils se transmettent la génération suivante et c’est pour ça qu’ils sont ensemble. Ils ne le savent pas tous. C’est curieux, quand ils sont séropositifs, ça les travaille sérieusement et voilà. Donc ils ont pu faire des enfants sans contaminer.
Sandra : Il y a des conditions bien particulières pour cela.
Jacques Leibowitch : Les conditions bien particulières c’est être sous traitement efficace depuis au moins 6 mois, de ne pas avoir d’infection génitale. Ce ne sont pas mes règles, ce sont les règles de Hirschel en Suisse. Moi, je connaissais Hirschel depuis toujours mais je n’ai pas appliqué ça à mes patients sans lui demander la permission. Quand j’ai vu qu’il avait fait l’intervention juridique au niveau des tribunaux, au niveau du code pénal suisse, alors là chapeau le Suisse ! Là vraiment il a tiré dans le mille. Il n’y a pas un médecin en France, Rozenbaum on ne l’a pas entendu, Delfraissy on ne l’a pas entendu, Bruno Spire on ne l’a pas entendu. Personne n’est monté au créneau pour dire évidemment qu’ils ne transmettent pas. Arrêtons la pénalisation et poussons au désir de prendre ses antirétroviraux puisqu’il y a cette merveille.
Sandra : Il y a les membres du Comité des familles qui ont…
Jacques Leibowitch : Oui, c’est pour ça que j’avais dit qu’ils avaient bien réagi. J’avais vu ça qu’ils avaient bien compris que si on peut faire des enfants, ça change drôlement la couleur du traitement. Ce n’est pas juste une punition pour rattraper les fautes sexuelles qu’on a faites quand on était petit. C’est au moins pour encore et toujours pour l’avenir faire des enfants se reproduire et que la malédiction entre guillemets HIV, ce soit le HIV qui soit maudit et pas les gens.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :