Tina : Avec le public transgenre, comme vous dites que c’est majoritairement des personnes transgenres qui vous sont adressées, est-ce qu’il y a encore plus de difficultés de les faire adhérer ?
Anaenza Maresca : J’ai participé à la journée migrant. Par rapport à leur précarité, le nomadisme, la crise économique, tout ça pouvaient peser. Mais la dernière fois qu’on a traité les données, ces personnes celles qui sont sous traitement depuis plus de 6 mois, elles arrivent à avoir une charge virale indétectable dans 80% des cas. C’est plutôt pas mal du tout. Ca veut dire que si on arrive à avoir le bon discours pour sensibiliser et en optimisant le schéma qu’on va proposer, en tenant compte des résistances et tout ce qui s’en suit, bah voilà, on arrive à avoir avec un public qu’on pouvait imaginer des difficultés, des taux de succès virologique qui sont quand même assez importants.
Tina : Et même par rapport au regard je veux dire, aller à l’hôpital avec cette peur d’une double discrimination…
Anaenza Maresca : Même d’une triple ma belle ! Immigré, transgenre… il y a une très belle étude espagnole qui avec un sociologue et un médecin, peu importe. Immigré, concerné par le VIH et transgenre. Si les personnes à qui elles ont à faire ont cette sensibilité de savoir que sur Terre les êtres humains sont de diversités qu’on doit respecter, et qui si elles souhaitent être appelées madame même si sur le papier c’est des monsieurs, on va avoir le réflexe de les appeler madame c’est déjà une barrière qui tombe. Ne pas écrire nous voyons des transgenres, service VIH, ne pas écrire IST. Les recevoir comme monsieur madame tout le monde, parce que plus on se dit qu’on va faire des centres de santé sexuels pour les HSH, pour les transgenres, pour les personnes concernées, pour les mères… l’idéal c’est monsieur, madame tout le monde. Ca c’est mon humble avis avec tout le respect que j’ai pour les centres, d’ailleurs je travaille dans un. C’est sur que c’est des personnes qui vont arriver habillé avec une certaine exubérance, qui auront leurs rondeurs mais bon, petit à petit, elles vont s’asseoir en salle d’attente avec une personne qui va être vu par le néphrologue, par… on est là pour ça.
Tina : Si on vous adresse principalement à vous les patients transgenres, est-ce que c’est parce que d’autres collègues seraient peut-être moins à l’aise, comme on sait que vous, vous avez un regard plus ouvert.
Anaenza Maresca : Cette population surtout celles qui ont fait le plus d’études ne sont pas spécialement les Latino-Américaines et il y a beaucoup de gens qu’on essaye de rescenser, les soignants transfriendly. C’est certain qu’il faut avoir un service sensibilisé et qu’il faut au premier abord, tout à chacun arrive avec son bagage, peut avoir des difficultés. Pour ces personnes-là, il y a la barrière linguistique. Et donc moi je suis un biais de recrutement du fait que je parle un peu leur langue, j’ai un peu connu leur code très jeune parce que j’ai à faire à ces personnes depuis que j’étais externe donc en 1983, 1984. Mais il y a beaucoup d’autres personnes sensibilisées. Nous, dans notre service on a un agent de médiation trans qui sert d’interstice pour cette population. Non seulement pour cette population, pour les personnes qui ont des barrières linguistiques, qui parlent espagnol et portugais. Je crois comme Florence Michard qui travaille à Bichat, qui est aussi une référente pour cette population, elle parle espagnol et portugais remarquablement bien, même si elle est une franco-française. Je crois qu’il faut avoir la sensibilité mais il y a des gens qui ont plus de sensibilité pour suivre un type de patients ou pas mais on ne va pas sectoriser.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
Vous avez une question par rapport à cet article ?
Elle a peut-être déjà été traitée dans notre section FAQ
Vous ne trouvez pas votre réponse ou vous avez une remarque particulière ?
Posez-nous votre question ici :