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29.11.2013
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Vivre avec le VIH : le combat de Christian Gaudry pour être reconnu comme victime de l’hépatite C par l’Etat

Christian Gaudry devant le ministère de la Santé

Début de l’enregistrement

Christian Gaudry : Je suis Christian Gaudry, j’ai 68 ans et j’ai été contaminé en 1967 suite à des transfusions à l’hôpital. En 1968, mon dossier médical a été détruit et depuis ce temps-là pour me faire reconnaitre en tant que victime c’est la galère. Depuis 1992, je me bats disons pour me faire reconnaitre en tant que victime et ce n’est pas possible. Pour la bonne occasion j’ai fait deux grèves de la faim à Toulon pour dire que je suis une victime, j’ai eu le cancer, la transplantation et j’ai eu la totale. Et là maintenant je me retrouve devant le ministère de la Santé pour ne plus repartir de là. J’attendrai. Et comme je l’ai toujours dit si ça ne marche pas, j’arrêterai de prendre mes cachets anti-rejets. Et ça je vais le faire.

Sandra : Victime de quoi ?

Christian Gaudry : Disons j’ai fait une hémorragie digestive ce qui a valu beaucoup de transfusions parce que j’étais considéré comme mort à l’hôpital. J’ai été sauvé par du sang mais seulement le sang m’a mis mort parce qu’il était contaminé. Donc il y a des responsables quand même à l’époque. L’hépatite C n’est pas descendue de la planète Lune. Tous ces responsables qui se trouvent à l’époque au gouvernement Kouchner. C’était un grand type disons qui était en Afrique et il aurait dû rester là-bas faire son aide, ne pas revenir en France. Lui avec sa loi d’aléas thérapeutique 2002, il nous a carrément cassé. C’est une loi qui profite aux personnes victimes dans les hôpitaux après 2002. Mais toutes les victimes qui ont été contaminées avant 2002, ont été rejetées avec cette loi. Et ça Kouchner nous a mis la mise à mort.

Sandra : Que dit cette loi ?

Christian Gaudry : La loi disons c’est l’article qui indemnise les personnes qui ont eu des problèmes dans les hôpitaux, des personnes qui ont été infectées dans les hôpitaux. Sa loi est très bonne mais pour les personnes contaminées ou qui ont eu des problèmes après 2002. Mais nous comme les victimes de l’hépatite C avant 1990 disons, il nous a tous mis hors touche. Il n’y a rien. Il a éliminé le plus grand nombre de victimes et ça c’est une raison financière, ce n’est pas une raison d’État. C’est scandaleux.

Sandra : Comment savez-vous que les transfusions sanguines que vous avez reçues étaient contaminées ?

Christian Gaudry : Bah disons ça remonte drôlement loin ça… D’ailleurs je vais vous laisser des documents. Quand on regarde l’histoire, c’est disons autour des années 60, 62, 64 disons, il y avait des problèmes dans le sang. Les responsables du gouvernement le savaient. C’est-à-dire à plusieurs reprises, les directeurs de centre de transfusions sanguines avaient dit qu’il fallait arrêter de prendre du sang à n’importe qui. Il fallait faire un dépistage et ils avaient raison parce qu’en 1955, une personne qui désirait donner son sang on lui faisait faire des recherches de ses transaminases. Si les transaminases étaient élevées, ils étaient considérés comme une personne à risque. Donc on ne prenait pas son sang. Mais comme je disais sont arrivées les années 62, 65, 70, on a pris le sang à n’importe qui sans regarder. C’est de là qu’a été la bombe.

Sandra : Aujourd’hui vous êtes devant le ministère de la Santé. Ce combat j’ai l’impression que ce n’est pas un combat que vous menez pour vous seul mais pour tous ceux qui ont été victimes comme vous de ces transfusions et qui ont été contaminées par l’hépatite C.

Christian Gaudry : Non, c’est le contraire. Avant j’étais disons président de l’association ADVH Hépatite C à la Garde. J’ai fait beaucoup de dossiers pour que les personnes soient indemnisées, des personnes ont été indemnisées mais pour nous qui n’avons pas le dossier médical, c’est une autre histoire. Nous avons les preuves, nous avons des éléments mais qui ne sont pas pris en compte par la justice. C’est-à-dire que vis-à-vis de la justice ce sont les juges. Mais des juges, ils ont fait leurs écoles pour juger un délinquant. Nous, nous sommes des victimes et ces juges n’ont pas été disons préparé pour juger des victimes. Donc ils nous jugent comme des délinquants. Ils vous disent, vous n’avez pas le dossier médical, vous avez le droit à rien. Mais moi je leur réponds je n’ai rien demandé. On m’a sauvé d’un côté, on m’a mis la mort de l’autre. Moi je demande simplement disons mon droit en tant que français, mon droit. J’ai été contaminé, j’ai été disons malade, j’ai eu tous les traitements, j’ai eu le cancer, j’ai eu la transplantation, je pense que c’est la totale de ce qu’on peut avoir et maintenant je demande réparation. Pour les personnes que j’ai pu aider maintenant c’est fini. Quand j’ai fait ma deuxième grève de la faim à Toulon je me suis rendu compte que pas beaucoup de personnes sont venues me voir. C’est-à-dire qu’à partir du moment où vous avez monté un dossier d’une victime, la victime passe devant le tribunal, ça peut demander 1 an, 2 ans, 4 ans. Quand elle est reconnue comme victime, elle touche une indemnité. À partir du moment où elle touche une indemnité, elle ne vous reconnait plus. Elle ne vient même pas vous voir, même pas vous dire merci. Donc quand j’ai vu ça à ma grève de la faim, j’ai arrêté. Maintenant je me défends que pour moi-même.

Sandra : Aujourd’hui vous espérer quoi en étant là, en restant devant le ministère de la santé, avec des affiches, j’explique pour les auditeurs qui ne voient pas, un grand panneau avec des affiches ou il y a votre histoire chronologique avec des extraits de journaux. Qu’est-ce que vous espérez de la part du ministère de la santé ?

Christian Gaudry : J’espère du ministère de la santé, de Marisol Touraine, c’est qu’au moins elle soit humaine. Moi je n’ai rien demandé. Je veux une reconnaissance. Je veux un combat. Maintenant s’ils ne veulent pas me reconnaitre comme victime, ils me le disent franchement. Moi demain j’arrête mes cachets anti-rejets, mais c’est ce que je vais faire et ça je le dis depuis un certain temps. Déjà à ma deuxième grève de la faim, j’ai failli le faire et si je suis encore là c’est grâce à monsieur Canapa, c’est un élu gardéen qui s’occupe du conseil européen. Quand il a vu par sa secrétaire que je faisais la grève de la faim et que ça allait vraiment mal se terminer, il m’a de suite téléphoné et il a pris l’affaire en main. Il a pris contact avec la ministre de la Santé Marisol Touraine. Donc j’espère que ça va continuer ce chemin-là.

Sandra : Juste pour revenir, vous avez dit que votre dossier médical vous ne l’avez plus. Il est où ?

Christian Gaudry : C’est-à-dire que le dossier médical à cette époque on ne l’a jamais eu. Moi disons je porte des années 66, moi que je suis sorti de l’hôpital, on ne m’a pas donné de documents. Je ne savais pas que j’avais l’hépatite C. L’hépatite C je l’ai su dans les années 90 quand j’ai voulu donner mon sang on m’a de suite dit que j’avais le virus de l’hépatite C. Mais je ne savais ce que c’était le virus de l’hépatite C. Je pensais d’abord au VIH. Donc ça m’avait fait un peu peur. Mais non, je suis passé à côté. Maintenant ce que je demande c’est réparation. J’estime que l’Etat doit nous indemniser, doit nous reconnaitre comme victime surtout pour les personnes disons qui datent dans les années avant 90. Toutes les personnes avant les années 90 n’ont pas le dossier médical. Donc ne sont pas reconnues comme victime. Nous avons des doutes, nous avons des éléments, nous avons l’expertise qui nous dit que ce que j’ai eu, disons comme hémorragie a nécessité obligatoirement les transfusions. Pourquoi les juges ne prennent pas ça en compte ? C’est lamentable. Les juges français sont lamentables.

Sandra : Les réparations, les indemnités vous les estimez à combien ?

Christian Gaudry : Je vais vous dire franchement, je m’en fous. Mais ce que je veux c’est être reconnu comme victime. Moi je demande même 1 euro d’indemnité mais je serai reconnu.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Christian Gaudry au micro de Vivre avec le VIH. Pour ceux que ça intéresse, j’ai le dossier avec moi, avec les extraits journaux, la liste des membres du gouvernement qu’il déclare responsable. Quelqu’un aurait un message pour Christian Gaudry ?

Yann : Je pense qu’il a le droit d’être reconnu en tant que victime. C’est vrai que maintenant on sait qu’il y a eu des choses qui sont faites avec le sang, le pourquoi, le comment, je n’en connais pas les retombées. On connait les hommes politiques qui ont signé en sachant peut-être qu’il y avait du sang contaminé. Je crois qu’il est dans son droit et j’espère qu’il va réussir à avoir son statut de victime.

Sandra : Jacques Leibowitch je vous ai vu prendre des notes…

Jacques Leibowitch : C’est pathétique. Il demande des réparations. Ça fait 46 ans qu’on lui a donné la mort. Ça fait 46 ans qu’il ne l’a pas eu. Il a fait la transplantation parce qu’il avait un cancer etc. Donc il a été soigné une première fois, il dit qu’il dit qu’il n’a rien demandé mais s’il a demandé qu’on le sauve. À l’époque évidemment on ne faisait pas les dépistages. Il demande une réparation pour un dommage dont 46 ans après il est toujours là. Il est victime en effet d’une transfusion, c’est possible. Il ne peut pas le prouver donc ça c’est vrai que la jurisprudence est compliquée dans ces cas-là. Mais enfin 46 ans plus tard il est toujours vivant. Il peut demander des réparations mais c’est vrai qu’il pourrait avoir 1 franc de dommage. Ca on pourrait lui faire oui oui. Mais enfin on pourrait mettre dans les attendus, vous pouvez peut-être nous remercier de vous avoir sauvé une première fois et de vous avoir sauvé une deuxième fois. Peut-être que quand même vous pouvez remercier la médecine et la société qui vous a pris en charge pour les dommages que vous n’avez pas demandé mais enfin ce n’est pas la société qui vous a fait saigner. On vous a soigné avec les moyens du moment et ça impliquait des transfusions contaminantes. On le savait depuis toujours qu’il y avait des hépatites, on ne savait pas à quel virus c’était. On appelait ça les non A non B. Les hémophiles se sont tapés à 90% l’hépatite C comme ça parce que ça se transmet par le sang avant qu’on puisse le dépister. Il n’y a pas de faute puisqu’il n’y avait pas de moyens d’éviter la faute. Demander à l’Etat qu’il se mette à la place du destin c’est un peu beaucoup quand même.

Sandra : Vos réactions chers auditeurs sur le site comitedesfamilles.net ou bien vous appelez le 01 40 40 90 25.

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