Sandra : Nous allons discuter avec vous Christophe Vessier sur votre documentaire qui s’appelle Espoir Positif. Et là je vais proposer à ceux qui sont en face de moi de regarder le teaser du documentaire. Pour vous chers auditeurs, vous ne pouvez le regarder avec nous mais juste avec le son, c’est très bien et si vous souhaitez le regarder, c’est où ?
Christophe Vessier : espoirpositifsida.com
Sandra : Tout simple. On se regarde ça
Début de l’enregistrement :
Erwann Loret : C’est l’un des grands espoirs dans la lutte contre la maladie qui a été testé avec succès chez l’animal et qui va maintenant l’être sur l’homme. Notre vaccin cible les cellules qui sont infectées par le VIH. Nous faisons à la fois de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée et en particulier en terme de recherche appliquée, le développement d’un vaccin thérapeutique contre le VIH ciblant la protéine TAT. 56 jours après leur contamination avec le virus hybride SIV, 100% des macaques n’avaient plus de cellules infectées par le SIV détectable. Ça, c’est un résultat qui pour nous a été fondamental. Là ce que nous allons tester chez les patients c’est son effet thérapeutique, car effectivement nous n’allons pas commencé sur des patients qui ne sont pas infectés par le VIH, nous allons commencer directement sur des patients séropositifs qui sont sous trithérapies, nous allons commencer par vacciner ces patients, 3 injections et ensuite 5 mois après la première injection, nous allons demander à ces patients d’arrêter leur traitement.
Isabelle Ravaux : Ce VIH, même si on peut faire des virus chimères sur des animaux, il n’y a pas meilleur modèle qu’un autre humain. Et bien c’est chez les humains qu’on va essayer.
Albert Darque : Il y a 4 bras d’essais qui correspondent soit à un bras placebo où le patient recevra exactement la même chose sauf la protéine TAT et ensuite 3 autres bras d’essais qui correspondent à 3 dosages différents de la protéine TAT. Ce sera 11, 33 et 99 microgrammes.
Isabelle Ravaux : Je ne sais pas si ça va marcher mais si ça marchait, ce serait assez révolutionnaire effectivement. Faut trouver un truc, faut que ça s’arrête. Il y a un moment donné où il faut qu’on ait la réponse quoi. Et ce n’est pas possible qu’on ne puisse pas y arriver avec les moyens techniques qu’on a au jour d’aujourd’hui.
Erwann Loret : Avant qu’un premier patient, qu’un premier volontaire injecte ou se fasse vacciner, le chef de projet teste le vaccin ou le médicament sur lui. Ca fait partie je dirai de l’éthique. Moi j’ai testé 50 microgrammes, deux fois 50 microgrammes sur moi et ensuite j’ai fait des prises de sang tous les 15 jours, ce qui m’a permis justement de voir que cette vaccination permettait effectivement d’avoir des anticorps reconnaissant tous les variants TAT, un signe de l’efficacité de la vaccination.
Isabelle Ravaux : La question c’est est-ce qu’il y a des anticorps neutralisants qui vont être fait et est-ce qu’on pourrait se permettre d’envisager des plages thérapeutiques sans trithérapie. Ça ne met pas les trithérapies à la poubelle, je n’en sais rien du tout. Mais en attendant, est-ce que ce serait possible ?
Fin de l’enregistrement.
Sandra : C’était le teaser du documentaire Espoir positif. Fati je t’ai vu réagir vivement quand Isabelle Ravaux, il faut quand même qu’on en finisse, qu’on arrive à trouver le fin de mot de cette histoire du sida.
Fati : Oui.
Sandra : Toi, quand on parle éradication du VIH, tu y crois ?
Fati : Oui. Souvent quand on va aux réunions, avec les médecins, j’ai souvent posé cette question, qu’allons-nous faire pour finir ça un jour ? Est-ce que nous allons rester tout le temps dans le traitement comme ça à vie ? Qu’est-ce qu’il faut faire pour finir ? Ils nous ont toujours fait espérer qu’un jour ça finira par un vaccin en prenant un traitement ou bien un vaccin. Moi franchement j’ai réagi parce qu’il faut que ça s’arrête un jour aussi. Ah oui !
Sandra : Christophe Vessier, avant d’expliquer en détail c’est quoi ce vaccin, pourquoi avez-vous choisi de faire ce documentaire ?
Christophe Vessier : Je crois que Fati a tout dit. Je suis très ému pardon. Je crois que quand on est assujetti à la prise de médicament sur une maladie qui est devenue une maladie chronique qui était une maladie mortelle, on ne peut vivre que dans l’espérance que ça s’arrête pour la Terre entière. C’est juste terrible. Donc du coup, pour parler de la genèse de ce documentaire, de ce film, c’est que j’ai découvert à l’hôpital de Garches que j’ai été atteint d’un syndrome de vieillissement précoce, ce qui fait que je ne pouvais plus travailler. J’ai 49 ans, donc j’avais 48 ans l’année dernière, et en feuilletant sur internet, en regardant, j’ai trouvé un tout petit article de la Provence qui mentionnait ces essais. Étant averti que c’est une recherche clinique et notamment sur les êtres humains et notamment sur les difficultés des essais qu’il faut faire avant, ce que vous disiez tout à l’heure, souris, macaques et lapins, j’ai trouvé ça extraordinaire. J’ai mis 3 mois à trouver le docteur Loret et son équipe, même plus. J’ai été accueilli les bras ouverts. J’ai trouvé des gens d’une humanité, d’un humanisme avec une vraie volonté d’aller jusqu’au bout et un vaccin universel, c’est-à-dire pour les séropositifs et les séronégatifs qui marchent sur toutes les souches du VIH dans le monde, qui est transportable puisqu’il est en version lyophilisé.
Sandra : Ça veut dire quoi ?
Christophe Vessier : Lyophilisé ça veut dire qu’il est en poudre et qu’avec un kilo de cette poudre, avec du sérum physiologique vous faites 2 millions de doses de vaccins. C’est juste colossal. Jusqu’au bout et encore maintenant puisque j’ai Erwann très régulièrement, donc le chercheur. Ça paraît tellement incroyable que je ne sais pas, j’ai eu une intuition. Quand j’ai lu l’article j’ai eu une intuition. Est-ce que c’est ma volonté moi de comme Fati de dire on arrête avec le sida, je ne veux plus prendre de médicaments. Et puis finalement, il y a une réponse scientifique de toute façon. Donc le mieux c’est d’attendre et de donner de l’espoir. Ne plus être alarmiste, de se dire qu’ensemble on est plus fort, qu’on peut se soutenir et que le témoignage des gens que nous allons interviewer pour ce documentaire qui sera basé sur les recherches d’Erwan Loret, nous avons l’intention d’aller chercher des témoignages dans le monde entier de façon à voir un peu ce qui se passe et faire une sorte d’état des lieux de gens qui sont en attente dans différentes situations politiques, économiques et sociales mais toujours basés sur l’espoir, le sourire et la lumière.
Sandra : Dans quelques instants nous allons écouter le docteur Erwann Loret. Question pour Daniel et Tina. L’espoir de guérir un jour du VIH, est-ce que vous n’en avez pas marre d’entendre chaque année des publications du genre ça y est, on a enfin trouvé le vaccin pour éradiquer le VIH ou est-ce que vous aussi, vous êtes dans l’attente et vous y croyez toujours ?
Daniel : Je dirai que ça fait que 3 ans que je suis infecté donc c’est un peu tôt pour commencer à me décourager. En revanche, tout ce qui concerne les vaccins, les nouvelles découvertes etc, tout ce que j’espère c’est que la presse fera bien attention en en parlant, que les gens ne s’imaginent pas qu’on a trouvé un remède miracle alors qu’on est toujours en expérimentation. Que les choses soient claires parce que déjà c’est difficile d’informer les gens qui ne sont pas concernés par le VIH. Donc si en plus on leur explique tout et qu’ils comprennent entre les lignes, faut faire attention à ça je pense.
Tina : Moi j’ai vu un peu une évolution depuis maintenant 10 ans que je suis concernée, donc plus informée. Il y a 10 ans on ne parlait pas du tout de guérison ou bien c’était plutôt des charlatans qui parlaient de guérison ou bien effectivement des vaccins qui avaient en réalité des résultats très médiocres. Et puis ça fait quand même maintenant 2, 3 ans que ça a un peu changés, que dans les colloques, dans les rencontres scientifiques on entend parler de ce sujet, il est abordé toujours en étant prudent comme rappel Daniel pour ne pas faire naître aussi des faux espoirs, sans que les personnes pensent que c’est pour bientôt, mais réellement des pistes qui sont présentées toujours avec la prudence. En tout cas jusqu’à présent on n’a rien trouvé mais c’est des pistes quand même qui paraissent crédibles et puis voilà. Cette piste pour moi, j’attends vraiment comme pour d’autres, les résultats. En attendant pour moi l’espoir est là. De toute façon, il n’y a pas que la guérison. Il y a aussi l’espoir d’avoir toujours des meilleurs traitements, d’avoir toujours une vie meilleure avec le VIH. La qualité de vie s’est toujours améliorée. On peut faire des enfants, on peut vivre en couple, on peut avoir une vie amoureuse et sexuelle sans trop de difficulté. Bien sûr le traitement a des effets indésirables surtout à long terme mais la vie s’est beaucoup améliorée. Donc l’espoir est aussi là.
Transcription : Sandra Jean-Pierre
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