Yvette, 36 ans, séropositive : «J’ai toujours peur de contaminer»

Début de l’enregistrement.

Sandra : Si jamais tu rencontres quelqu’un de séronégatif, toi est-ce que tu sais comment tu vas le protéger d’une contamination VIH lors d’un rapport sexuel ?

Yvette : Par le préservatif.

Sandra : Connais-tu un autre moyen que le préservatif pour protéger ton partenaire d’une contamination ?

Yvette : Non.

Sandra : Avec ton médecin, ton infectiologue, parles-tu de sexualité avec lui ?

Yvette : Oui, mon infectiologue m’avait déjà dit une fois, comme je suis indétectable, je peux faire l’amour sans préservatif. Mais moi je ne veux pas prendre le risque. J’ai toujours peur.

Sandra : Peur de quoi ?

Yvette : Si je peux contaminer quelqu’un, je ne sais pas pourquoi.

Sandra : Si là si je te dis qu’une personne séropositive qui prend correctement son traitement, qui a une charge virale indétectable depuis au moins 6 mois, qui n’a pas d’autre infection sexuellement transmissible et ton partenaire séronégatif non plus n’en a pas, vous pouvez avoir des rapports sexuels sans préservatif à condition que vous en ayez parlé tous les deux et à condition qu’il y ait fidélité entre vous deux. Si je te dis ça, est-ce que tu serais prête à avoir, à imaginer que ce soit possible pour toi, à appliquer ça pour toi ou est-ce que tu préfères garder le préservatif ?

Yvette : Je ne sais pas. J’ai toujours peur que si la personne est contaminée, après il va dire que c’est moi. C’est ça le problème.

Sandra : Est-ce que tu t’es déjà retrouvée dans cette situation à devoir annoncer ta séropositivité ?

Yvette : Non, j’ai toujours protégé pendant 10 ans.

Sandra : Pendant 10 ans, tu es restée avec la même personne.

Yvette : Oui, avec le préservatif.

Sandra : Et jamais tu as annoncé ?

Yvette : Non, la personne est au courant que j’étais malade mais on s’est protégé.

Sandra : Mais aujourd’hui, si tu rencontres une personne séronégative…

Yvette : Je préfère rencontrer quelqu’un de séropositif pour ne pas avoir de soucis.

Fin de l’enregistrement.

Sandra : Julienne, partages-tu son opinion. Que penses-tu de ce qu’elle vient de dire ?

Julienne : D’une part, je suis d’accord avec elle d’avoir un partenaire de la même situation que toi puisque tu n’auras pas de problème. D’une autre part, quand tu as un autre partenaire qui est séronégatif, tu ne sais pas au juste s’il a d’autres pathologies. Ce n’est pas seulement le VIH dont on se protège. Il y a d’autres pathologies que les gens croient que ce n’est pas grave mais c’est plus grave que même le VIH.

Alain Epelboin : On a oublié que le préservatif ça sert aussi à contrôler les naissances. A-t-elle envie de faire un enfant ?

Tina : Enfin, comme tu disais, cette situation est dans le cas très particulier que les deux partenaires ont fait les examens pour les autres IST et qu’ils savent qu’il n’a pas d’autre IST dans le couple et puis on parle de couples stables pour garantir cette absence d’IST et comme le dit Alain Epelboin, c’est souvent des couples qui désirent avoir un enfant. C’est un moyen souvent qu’utilisent les couples sérodifférent justement quand ils veulent avoir un enfant, comment faire ? Il y a l’assistance médicale à la procréation mais justement maintenant aussi beaucoup de couples savent qu’ils peuvent faire leur enfant naturellement et c’est bien sûr beaucoup plus simple. Au Comité, on connait beaucoup de naissances depuis que ces recommandations sont sorties. Il y a beaucoup plus de couples qui ont disons la possibilité de faire des enfants avec bonne conscience.

Sandra : Chers auditeurs, auditrices, si vous souhaitez réagir vous pouvez le faire sur le site comitedesfamilles.net.

Transcription : Sandra Jean-Pierre