Thaïs a fait un choix : allaiter son enfant même si elle a le VIH. Mère d’un petit de 20 mois, elle est une personne vivant avec le VIH et même avant la naissance de son fils avait décidé de lui donner le lait au sein. Elle nous raconte son parcours à obstacle, nous parle de sa motivation et de ses craintes. En plateau, nous recevons Thaïs et Barbara Maraux, gynécologue à l’hôpital Lariboisière de Paris.
Le témoignage de Thaïs
« J’ai toujours désiré avoir des enfants, mais j’ai long temps cru que ça ne m’était pas accessible, parce que j’ai le VIHJ diagnostiqué depuis 1993, et à cette époque j’étais en couple avec un séropositif également, et on m’avait clairement dit que j’avais que six mois à vivre, que ce n’était pas la peine d’avoir un tel projet. Ensuite, on m’a dit que quand les deux parents étaient séropositifs ce n’était pas envisageable.
Depuis
heureusement il y a eu beaucoup des choses, on entendait parler du
lavage du sperme, il y a plein des choses qui ont évolué, sauf que
je n’ai pas toujours eu à faire avec des équipes médicales qui
étaient informées des évolutions, du coup j’ai eu des
interruptions des grossesses qui m’ont était fortement recommandé.
Je mets le mot « volontaire » entre de gros guillemets
parce que je les ai assez mal vécus, et puis j’ai fini par trouver
une contraception qui marchait bien. Jusqu’à très récemment, où
je suis tombée sur un gynécologue que je trouve extraordinaire qui
travaille à Trousseau et qui suit également les femmes à l’hôpital
Saint Antoine, et qui m’a dit que de nos jours grossesses, VIH au
pas, c’est la même chose. Après de longues réflexions, parce qu’il
faut aussi savoir que cet enfant est issu d’une grossesse
accidentelle, qui n’était pas prévue et dont le papa n’a pas voulu
s’impliquer. Donc après de longues heures de réflexion j’ai décidé
de le garder et puis j’ai voulu savoir si effectivement, VIH au pas,
ç’aurait été exactement pareil, et je me suis rendu compte que ça
n’était pas exactement pareil, notamment au sujet de l’allaitement.
Quand j’ai posé la question de l’allaitement, on m’a dit que c’était
hors de question.
- Tu as commencé à te poser la question de l’allaitement avant la naissance de Louis ?
Oui,
en tout début de grossesse. Quand j’ai décidé de le garder, je me
suis dit que ce n’était pas un obstacle d’avoir le VIH et je voulais
savoir si c’était vraiment tout pareil, d’autant plus qu’à l’époque
j’étais en dépression et que je savais que l’allaitement était
quelque chose qui pouvait aider à ne pas faire une dépression
post-partum.
- Qu’est-ce que tu as fait pour te renseigner ?
C’était très compliqué, trouver des informations c’était le plus difficile, j’ai regardé sur internet, il y a très peu d’information accessible si on ne fait pas partie du corps médical, j’ai écouté la radio et l’émission Vivre avec le VIH, et je suis tombée sur une émission qui parlait d’allaitement, où était évoqué que quelqu’un qui les gens de l’émission connaissez bien allaitait avec le VIH. Du coup je me suis dit, ça veut dire que c’est possible… »
(Retrouvez le témoignage intégral dans l’audio de l’émission)