Un retard dans le développement neurologique chez les enfants exposés au VIH

Selon une grande étude mondiale, les enfants séronégatifs exposés au VIH pendant la grossesse et mis sous trithérapie présentent un risque plus élevé de déficience dans le langage et la motricité, par rapport aux enfants non exposés au virus. 

15,4 millions d'enfants sont exposés au VIH dans le monde, mais restent séronégatifs grâce aux traitements, les antirétroviraux. Des scientifiques sud-africains se sont intéressés à l’impact de l’exposition au virus sur le développement neurologique des enfants. Ils ont procédé à une méta-étude de 8 études : en d’autres termes, ils ont lu et analysé 8 études pour faire ressortir des conclusions. Les recherches retenues concernaient uniquement les enfants exposés au VIH pendant la grossesse, mais qui ne l’ont pas contracté, et les enfants non exposés au VIH. 

Un retard observé chez les enfants de 2 ans

Selon cette méta-étude publiée dans Lancet Child & Adolescent Health le 25 avril et relayée par Aidsmap le 10 juin, les enfants exposés au VIH présentent un risque légèrement plus élevé de déficiences du langage expressif et de la motricité globale à l'âge de deux ans par rapport aux enfants non exposés au VIH. Toutes les études sauf une concernaient l’Afrique subsaharienne. 

Pour bien comprendre, le langage se divise en deux catégories : le langage réceptif, ou la compréhension de ce qui est dit ou écrit, et le langage expressif, ou parler et écrire. Ce dernier intègre également les gestes que peut faire l’enfant pour se faire comprendre, pour s’exprimer : pointer du doigt un objet, sourire. Cela englobe également la construction de phrases et la nomination des objets de son environnement. Des compétences nécessaires pour l’école et l’intégration sociale. 

La motricité globale se définit comme l’ensemble des fonctions permettant le mouvement : lever le bras, ramper, se tenir debout, se déplacer, courir. 

Cette différence dans l’acquisition du langage expressif étaient visibles à l'âge de deux ans, alors que la différence dans l’apprentissage de la motricité globale était déjà apparente à l'âge d'un an.

Les antirétroviraux, responsables ? 

En revanche, les chercheurs n’ont pas remarqué une différence entre les deux groupes d’enfants concernant le développement cognitif (acquisition de capacités comme la mémoire, l'attention, le raisonnement), le développement du langage réceptif, et la motricité fine (utilisation de certains petits muscles de la main et des doigts pour réaliser des mouvements précis). 

Concernant la cause de ces retards, les antirétroviraux ne semblent pas être parmi la liste des suspects. “Les études n'ont pas montré de relation claire entre les antirétroviraux spécifiques et les résultats neurodéveloppementaux”, attestent les chercheurs. 

“Les problèmes de langage sont reconnus depuis longtemps chez les enfants séropositifs, l'expression du langage étant plus affectée que la compréhension”, indiquent-ils. “Malgré la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle due au traitement antirétroviral, les effets négatifs de l'exposition au VIH sur le langage et les habiletés motrices des enfants demeurent.” 

Pour les auteurs, “une meilleure compréhension du développement neurologique dans cette population facilitera l'identification des nourrissons vulnérables afin de permettre des stratégies de prévention et d'intervention précoces pendant les périodes sensibles sur le plan du développement”.

Sources :

• Wedderburn CJ et al. “Neurodéveloppement précoce des enfants non infectés exposés au VIH à l'ère de la thérapie antirétrovirale : une revue systématique et une méta-analyse”. Lancet Child & Adolescent Health, publié en ligne le 25 avril 2022 (accès libre).
• “Les enfants exposés au VIH connaissent des retards subtils dans l'acquisition du langage et des habiletés motrices, selon une revue”, Aidsmap, 10 juin.